Loisirs et culture
Les 25 titres sélectionnés pour le prix Bernard Versele 2025. Ces livres sont répartis en cinq catégories d’âge ci-dénommées « Chouettes ». Comme l’adjectif et comme le volatile. Vos enfants sont invités à lire et élire leurs préférés.
1 chouette (dès 3 ans)
L’illustrateur et auteur flamand Leo Timmers suit quatre petits canards : un blanc, un brun, un noir et un colvert, Éric, qui ferme la marche. Lui craint le monstre dont parle la rumeur. Ses comparses s’en moquent… Mais Éric, curieux, plonge sous l’eau et découvre les abysses et leurs étranges créatures. La langue est d’une remarquable sobriété. Les dessins opposent le foisonnement des profondeurs du lac (formes, objets, couleurs, mimiques, en particulier du monstre tellement expressif) à la simplicité de ce qui se passe en surface. Une étonnante double-page se déploie au centre de l’album et éblouit par l’abondance du milieu sous-marin. L’inquiétude d’Éric se mue en audace, ce qui nous vaut une fin pleine d’humour teintée d’un caractère un brin revanchard.
Un petit garçon s’ennuie. Les membres de sa famille, trop occupés, ne veulent pas être dérangés. Sa maman lui suggère de dessiner, mais cela ne l’enthousiasme guère. Une idée lui vient, faire la liste de ce qu’il ne veut jamais, jamais vivre : avoir des lunettes, une cravate, des poils aux oreilles, des fausses dents, etc. Les dessins du Québécois Pierre Pratt, originaux et réalistes, occupent de pleines pages et montrent la métamorphose du jeune garçon à l’énoncé de la liste. Soudain, la sonnette retentit et son Papi Gilbert apparaît. Un émouvant parallélisme s’établit entre ce qu’il ne voulait pas être et la description du grand-père.
Un album doux, attachant et humoristique qui nous propose une image tendre de la vieillesse ainsi que les liens qui unissent deux générations. Le texte est simple, court et à hauteur d’enfant. Un mélange subtil de tons chaleureux apporte douceur et éclat à l’histoire. Parfois, l’illustration s’étale sur la double page, comme à la fin du récit où le duo, complice, s’est endormi devant la télévision, entouré d’une couleur rose apaisante.
La vie d’une grenouille réserve bien des surprises. Dans l’étang, les menaces ne manquent pas. Son environnement grouille d’autres animaux : canards, carpe, hibou, aigrette et même crocodile ! Ils veulent tous l’attraper. Elle joue à saute-mouton à chaque périlleuse rencontre, ses bonds sont rythmés par un jeu d’onomatopées subtil et la répétition de verbes, surtout d'action. C’est musical et dynamique.
Illustratrice australienne, Anna Walker travaille au crayon, à l'encre et avec des collages qui se déploient sur des pleines pages chatoyantes. Un ravissement pour les yeux qui met en avant cette dynamique grenouille qui n’a pas froid aux yeux.
Pescadu, drôle de petit poisson, chausse des bottes d’un bel orange fluo, accomplit des trucs de « pas-poissons », rencontre plein d’animaux, qu’il confond avec d’autres, ce qui amusera les enfants. Cet album évoque le désir de découvertes, la lassitude de ce qu’on connaît déjà, la naissance d’amitiés, l’apprentissage des mots et des choses.
Cet album est d’une grande richesse qu’il s’agisse du texte ou des images. Subtilement, Lisa Bonardi fait de ses personnages des êtres sensibles aux autres, elle incite aussi les jeunes lecteurs et lectrices à réfléchir dans une langue très lisible. La typographie est expressive, joue sur les polices de caractères et la grandeur des mots. Et que dire de l’expressivité des attitudes, des mimiques, des regards ?
Cet album repose sur le comique de répétition, très prisé par les jeunes lecteurs et lectrices. Mais ici, la maîtrise et l’expérience de l’artiste y apportent comme un souffle de fraîcheur. N’est-elle pas irrésistible cette perruque jaune que cherche désespérément un propriétaire myope et qui – une fois trouvée – est cédée élégamment à une merlette et ses petits ?
Un minimum de mots, parfaitement choisis, parfois répétés, à leur juste place. Et pour les images ? Des papiers découpés, utilisés tels quels ou aquarellés au préalable. Cette technique permet à Marie Mirgaine de créer, dans un style audacieux, des décors pièce par pièce et de construire des personnages en les articulant comme des marionnettes.
2 chouettes (dès 5 ans)
Cet album artistique aborde les quatre éléments à partir des cinq sens : sentir l’air, le voir, le toucher, l’entendre et le goûter… et ainsi de suite pour l’eau, la terre et le feu. Ce livre au papier mat dévoile une poésie qui émane du texte comme des images. Peintes à la gouache, avec une texture tantôt très liquide, tantôt plus pâteuse, les illustrations privilégient les teintes bleues, vertes et brunes, « pour toucher au plus près les sensations ». Le texte est rythmé de verbes à l’infinitif, comme autant d’invitations à regarder, sentir et ressentir.
Cet album poétique et délicat d’une petite maison suisse indépendante offre aux enfants l’occasion de mettre leurs sens en éveil pour considérer autrement ce qui les entoure.
Attention, émotions : magnifique témoignage sur l’amour, le partage et la transmission. Le poète canadien Jordan Scott raconte ses souvenirs quand il se rendait chez sa grand-mère Baba avant l’école. Réfugiée polonaise, elle vivait dans un cabanon au bord d’une autoroute, mais elle cultivait avec amour un merveilleux jardin. Quand il pleuvait, Baba ramassait des vers de terre et les versait près des carottes, des concombres, des tomates. Vu la barrière linguistique, le duo ne parlait pas beaucoup, quelques gestes suffisaient pour partager l’essentiel. Plus tard, les rôles s’inverseront.
Le ton pour dire cette relation privilégiée est juste et tendre, sans aucune mièvrerie. Les illustrations, pensées comme des peintures, le plus souvent pleine page, sont douces et lumineuses. Certaines images un peu floues ou sans texte évoquent les souvenirs du passé.
Voici un album joyeux, dynamique et original. Il est illustré de photographies de silhouettes, colorées et très expressives, d’une forêt et de multiples personnages en papier découpé. Le tout disposé comme sur une scène de théâtre, avec des jeux sur les mises au point. Le récit est très construit, sur base répétitive, comme une mélodie rythmée par un métronome : deux tatous musiciens mal embouchés rejettent chaque nouveau venu et reprennent leur « TA-TOU, TOU-TA ! ». Du coup, ce livre est à lire à voix haute pour profiter des jeux sur les sonorités, chacune émise par chaque instrument se rapportant directement au musicien. Le vocabulaire est riche avec des variétés de synonymes d’« étrange », « crier » ou « bruit »…
Cet album où tout fait sens, imposant une lecture, voire des relectures attentives, est également positif : c’est la construction d’un orchestre qui se crée devant nos yeux en défendant la diversité et le vivre ensemble.
Voici la suite des aventures de ce sympathique personnage venu de Suède, dont la version originale remonte à 1975. Alphonse a 4 ans et doit se mettre en route pour l’école. Mais Alphonse vit dans son monde. Quand son père le titille pour qu’il se prépare, il y a toujours autre chose qui retient son attention, dont sa poupée Lisa qui, elle aussi, doit se préparer. Alphonse répète « Faut juste que… », trois mots qui rythment la narration. Cette antienne devient l’argument central de la relation qui se joue entre le père et le fils, avec un joli retournement final.
Par un dessin très expressif, l’illustratrice a donné une vraie personnalité à ses personnages. Elle inscrit son récit dans des décors simples et évocateurs, semés de détails qui parleront aux enfants. Dans un coin, une astuce graphique reprend le père en miniature qui attend sous une horloge.
La narratrice de cette histoire bien sentie ne trouve pas sa place parmi les meubles et surtout les enfants de Klas, le nouvel amoureux de sa maman. Elle n’a pas choisi cette situation et en a marre de se coltiner le petit Arnold, rivé à sa tétine. Cet objet anodin va jouer un rôle déterminant dans la résolution du conflit intérieur de l’héroïne qui croit venir à bout du petit garçon en lui jouant des tours. Mais, fort de son innocence, celui-ci s’amuse des pièges tendus par la gamine.
Un sujet peu abordé, traité avec justesse et beaucoup d’humour, rendu vivant par le trait aux crayons gras, de facture enfantine, de la Lettone Anete Melece. S’y ajoutent des décors truffés de jouets et la force des expressions.
3 chouettes (dès 7 ans)
Cet album sans texte tient sa grande originalité de sa profondeur picturale remarquable. Le trait, expressif, moderne et captivant offre une alternance habile entre des plans larges et des plans rapprochés. Cette variété, associée à la grande expressivité des personnages, assure une plongée visuelle rapide et profonde dans un univers passionnant : le quotidien imaginé des humainꞏes préhistoriques, rythmé par des aventures captivantes.
La représentation moins stéréotypée de nos ancêtres, conforme aux dernières découvertes sur le rôle des femmes à l'ère préhistorique, fait paradoxalement écho à une vision « moderne » de nos sociétés. S’y ajoute une poésie picturale enivrante, illustrant le pouvoir et la naissance de l'art dans l'imaginaire humain.
Ce livre touchant met en scène une enfant qui a appris à se contenter d’une poupée appelée Léo pour traverser toute une série d’épreuves en pleine guerre. Elle a dû abandonner ses autres jouets dans la précipitation d’un exode. Nous découvrons cela progressivement. Le récit démarre subtilement sur la relation intime que la narratrice a nouée avec sa poupée qu’elle endort, nourrit, lave...
Pour aborder ce sujet douloureux, Brice Postma Uzel a fait le choix d’illustrations au graphisme géométrique, traitées comme dans un théâtre d’ombres, avec des couleurs un rien passées. L’impression en tons directs sur papier crème apporte une certaine patine à cet album. Un livre au ton juste et grave qui amène à une réflexion sur les multiples séparations qui guettent et leur possible résolution.
Voilà un genre rare en littérature jeunesse : un thriller annoncé dès la couverture noire et son titre orange fluo. Un enfant dépité nous regarde. Il est coincé dans un ascenseur. Le suspens démarre immédiatement. Les phrases courtes et les questions expriment l’angoisse. La langue, aisée, proche de l’oralité, décrit les sensations haletantes du garçonnet. Le trait délicat, peu appuyé, fragile, du dessin exprime toute la sensibilité du garçon. À travers une perception imaginaire mais forte, il retrouve la présence de son père. Et cette casquette fluo, depuis le début, en porte tout le symbole ! Cette réalité fabulée rythme le récit en alternant les pages obscures et celles bercées de lumière portant le souvenir du père ou l’enlacement final de la mère.
Ode à notre fragilité à être au monde, cet album sensible est une invitation à rester nous-même.
Monsieur Paul tient un magasin de pêche dans le désert. Évidemment, il n’a pas beaucoup de clients. Un matin, il reçoit un colis : son frère lui confie un poisson rouge, « comme ça, au moins, il aura quelque chose à pêcher ». Une relation étroite se tisse entre l’homme et le poisson. Ce petit roman entraîne le lecteur et la lectrice dans l’histoire : il le tutoie, l’interpelle, demande son avis sur un mot ou l’autre, etc. L’histoire a des accents surréalistes : un magasin de pêche au milieu du désert, un poisson dans un bocal au bord d’un lac…
Le récit est illustré par des dessins au trait fin et expressif, déclinés dans une palette de quatre couleurs, très douces. Douces comme l’humour bien présent, célébrant la simplicité heureuse.
Dès la couverture de l’album, on découvre un personnage inquiétant assis sous un pont de bois. Entouré d’os, il est présenté à la Picasso, de profil, mais avec le regard de face. Deux dents blanches sortent de sa mâchoire inférieure. Ce troll crasseux et affamé attend le passage d’un animal à croquer. Mais les trois boucs qu’il convoite sont des rusés…
Marc Barnett et Jon Klassen revisitent un conte populaire norvégien du XIXe siècle. Le récit reprend les codes du conte et y ajoute une forte dose d’humour. Le texte, à rengaine, est direct et va à l’essentiel. Les répétitions bien rythmées, la sonorité des sabots de chaque bouc sur le pont renforcent le suspens. Les illustrations dans des dégradés de brun-orangé terreux et les jeux de cadrage contribuent au climat clair-obscur de l’album.
4 chouettes (dès 9 ans)
Hekla et Laki, les deux personnages d’apparence semi-humaine, tirent leur nom de deux volcans islandais. S’opposent à travers eux le minuscule et le gigantesque, le jeune et le vieux, le mutique et le bavard, l’espiègle et le sage, le caverneux et le flamboyant (grâce à des touches fluos utilisées à bon escient). L’autrice-illustratrice met de l’émotion dans de véritables peintures, où couleurs et lumière s’entremêlent harmonieusement. La palette chromatique, généreuse, s’étale sur de grands espaces et se fond dans de superbes paysages, habilement mis en pages.
Le récit, aux accents de mythologie, aborde avec poésie et délicatesse la naissance, l’amour, la vieillesse, la mort, la désobéissance, les forces de la nature… Une pépite empreinte de sagesse.
Ce mini-roman très drôle plaira sans aucun doute aux enfants, les rôles étant ici inversés ! Un papa célibataire détestant le monde entier, surtout les voisins et les voleurs, invente un énorme mensonge pour les éloigner de son domicile. De dissimulations en quiproquos, il s'empêtre dans cette supercherie, dont il sera finalement sauvé par le hasard. Le narrateur de cette histoire est le fils de cet imposteur inattendu. Il assiste impuissant à cette escalade de bobards et est entrainé dans cette abracadabrante histoire de chien imaginaire.
Enlevé, rythmé, le texte se lit d'une traite, tellement on a envie de savoir comment les personnages vont se sortir de cet imbroglio. Ni chien ni méchant, au titre si bien trouvé, incite joyeusement à se méfier des mensonges, à éviter les préjugés et la peur de l'autre.
L’album s’ouvre sur des pages muettes. C’est l’aube. Un frère et une sœur ratent leurs cours. Ils s’offrent l’école buissonnière, vont marcher à travers champs du lever jusqu’au coucher du soleil, se disputer, rencontrer un chien puant, s'emparer d'une barque pour traverser un bras de mer, y nager nus, escalader une falaise, etc. Les illustrations rythment l’album de façon dynamique, avec une alternance de planches pleines pages et d’autres plus proches d’un format BD.
La couleur est omniprésente dans le livre, pour les paysages, les objets et les personnages, tantôt entièrement colorisés, tantôt marqués de simples contours. Un jeu de pleins et de vides, à l’image de ce jour à part, vide d’école, mais plein de découvertes.
Marie Desplechin est une autrice bourrée de talent. Le ciel de Samir fait partie de sa trilogie Quartier sensible écrite lors d’un séjour dans les quartiers populaires d’une ville française où vivent des personnes de tous âges ayant des difficultés de lecture. Ce qui est le cas de Samir, 11 ans, dans lequel peuvent se retrouver de nombreux jeunes. Il vit à la cité de La Victorine. Solitaire, silencieux, fragile, Samir va se voir promis à un avenir héroïque, ce qui l’effraie.
Tout est dit avec beaucoup d’intelligence et de sensibilité. L’écriture est claire, directe sans être aucunement simplifiée. La narration, très bien construite, s’appuie sur la vie quotidienne des habitant·es de la cité, mais aussi sur cette prédiction qui donne au roman une légèreté fantastique.
Cette BD dynamique et joyeuse est la version moderne d’un conte ancien mondialement répandu. L’héroïne défie son père, brutal et très puissant, et lui oppose des pouvoirs équivalents. Elle s’est choisi son prince et peu importe sa niaiserie. Ses qualités et dons propres révèlent une femme indépendante, moderne, en recherche croissante d’égalité, mettant en valeur l’action des femmes !
Nadja Spiegelman a glissé dans cette BD malice et dialogues savoureux qui soulignent la détermination et l’indépendance de son personnage. Sergio Garcia Sanchez développe dans sa mise en page une inventivité magistrale. Jouant notamment avec l’horizontalité et la verticalité, il multiplie les découpages de planches originaux, qui participent directement du décor et de l’action. Sa ligne claire se déploie dans une profusion de spirales et d’ondulations où les corps jaillissent et se distordent joyeusement hors des cases, dans un effet spectaculaire de mouvement et d’énergie.
5 chouettes (dès 11 ans)
Dans un grand format qui rend plus envoûtantes encore les illustrations aux tons orangers d’un certain été indien, ce roman graphique nous fait voyager dans le temps, à la découverte de surprenantes civilisations. Solveig, mystérieuse Viking, a fui sa famille et s’est retrouvée dans une tribu d’Indiens Iroquois. Nous suivons l’histoire à travers l’alternance des voix de la fille de Solveig, Winona, accompagnée de son loup, et d’Adso, jeune esclave sicilien embarqué sur le drakkar viking parti à la recherche de Solveig.
Même si sa lecture complexe est à réserver à de grandꞏes lecteurs et lectrices, ce superbe album mérite le détour grâce à son exceptionnel message sur le métissage entre Vikings et autochtones d'Amérique.
La petite chienne, c’est Nana, harcelée et brutalisée par son maître. La louve, c’est une sorte de double d’elle-même qui lui inspire des envies de liberté et d’accomplissement. Dans sa fuite, elle affronte des épreuves et bénéficie de divers soutiens. Parallèlement, on découvre Sylvie qui vit entre home et famille d’accueil. Elle aussi fugue. Nana et Sylvie finiront par conjuguer leurs solitudes et destinées.
Marine Blandin aborde dans cette BD la thématique de la violence avec justesse, sans concession et porte un regard précis sur les dommages psychologiques de la maltraitance. Grâce à une ligne nette et souple, une mise en couleurs équilibrée qui embrasse parfaitement les ambiances, Marine Blandin nous offre un livre d’une grande lisibilité, influencé par le cinéma d’animation.
Ce cinquième opus des Histoires naturelles s’inscrit dans la même philosophie que les précédents : un combat pour la biodiversité et la préservation d'un animal particulier, une région bien typée, unꞏe jeune protagoniste, un récit inspiré d’un fait réel. Ici, une expédition scientifique de 2018 à la recherche d’une grenouille Sehuenca en voie d’extinction. L’auteur nous transporte dans le territoire des Indiens Yurakare en Amazonie, la forêt des nuages du titre.
Narratrice de cette aventure, Nanda est fille d’une herpétologue, qu’elle qualifie de « grenouillologue », maman solo avec qui elle a une relation forte. Nanda a un ami d’enfance, Romeo, 10 ans comme elle. L’auteur s’amuse d’un quiproquo au sujet de l’identité de Roméo en nous révélant tardivement qu’il s’agit de cette grenouille mâle menacée. L’équipe de scientifiques va essayer de lui trouver une… Juliette. On passe d’un environnement urbain à une forêt dense et humide, on découvre des cultures et croyances autres, des personnages hauts en couleurs comme Teki, l’enfant yurakare… L’écriture est fluide et précise, les chapitres sont courts et aérés. On apprend et on s’amuse.
Voici un livre bienvenu en cette année de Jeux olympiques de Paris 2024. Historique et politique, il retrace la vie d’un sportif inspirant qui a affronté ségrégation et misère : Jesse Owens, premier athlète américain noir de renommée internationale et meilleur sprinter de l’Entre-deux-guerres. En alliant détermination et lâcher-prise, ce petit-fils d’esclave a fait chanceler l’idéologie nazie lors des Jeux olympiques de 1936.
Avec son allure de carnet de voyage, fermé par un élastique, ce livre nous entraîne dans un récit biographique très narratif. Le texte est ponctué de photographies d’époque en noir et blanc et de dessins à l’encre épaisse monochrome. Les dernières pages du livre donnent des informations documentaires sur le contexte historique.
Orpheline et solitaire, Willodeen, 11 ans, vit entourée des odorants brailleurs et des fredonnours migrateurs, dont l’un qu’elle a adopté comme elle l’a été par deux sœurs, Birdie et Maer. Leur monde est ravagé par les incendies, sécheresses et disparition de fredonnours.
Par le biais d’une gentille fantasy, qui permet aux jeunes lecteurs et lectrices de prendre du recul, Katherine Applegate livre un roman écologique touchant, aux allures de récit scientifique, mais aussi philosophique et politique. L’autrice y traite métaphoriquement de l’équilibre fragile des écosystèmes bousculés par l’homme. Scientifique en herbe, avec l’aide d’un ami, Willodeen affronte ses peurs et se bat pour sauver la vie autour d’elle, toute la vie.
Roman engagé, relativement facile à lire avec ses chapitres courts, riche en trouvailles et en émotions, Willodeen sensibilise de manière intelligente les enfants à la cause environnementale et se veut optimiste grâce à un épilogue porteur d’espoir.