Loisirs et culture

Regarder Soul, en âme et conscience

Le film d’animation Soul, de Pixar, raconte une histoire qui parle d’âmes. Un peu dans le même style que Vice-versa, les studios américains proposent des personnages représentant des concepts abstraits. La thématique est assez spirituelle et mène à réfléchir sur notre raison d’être sur terre. La réaction de beaucoup d’entre vous après avoir vu ce film est d’ailleurs : ce dessin animé s’adresse plus aux parents qu’aux enfants. Et pourtant, les enfants sont parfois bien plus réceptifs qu’on ne le pense aux réflexions transcendantales.

Caroline, Edwin et leurs deux petites filles de 2 et 5 ans avaient juste prévu une petite soirée canap’ chez eux, à Rhode-Saint-Genèse. La maman ne s’attendait pas à ce que Soul provoque autant de question chez Zoé, sa grande. « Elle ne bronche pas devant Pirates des Caraïbes ou Jurassic Park, mais, là, on a senti que l’univers de Soul l’inquiétait ».

« Il se passe quoi quand on meurt ?, s’est interrogée la petite Zoé. Et avant de naître, on est où ? ». S’il questionne les enfants, le dernier Pixar a aussi sa part d’énigmes existentielles pour les adultes : qu’est-ce qui fait ce que nous sommes ? Et pourquoi mon premier enfant a telle personnalité et le deuxième telle autre ? Qu’est-ce qui est inné et qu’est-ce qui est acquis ? Ce sont ces interrogations qui ont mené le réalisateur du film à créer cet univers. Pour Pete Docter, l’étincelle est née il y a… vingt-trois ans.
 

« Tout a commencé avec mon fils »

« Tout a commencé avec mon fils, a expliqué le réalisateur en conférence de presse. Il a maintenant 23 ans, mais, dès sa naissance, il avait déjà sa propre personnalité. D’où lui venait-elle ? Je pensais que nous développions notre personnalité à travers nos interactions avec le monde. Et pourtant, en observant mon fils, il devenait soudain évident que nous naissons tous avec quelque chose de particulier et que nous sommes déjà une personne unique. »

Voilà comment sont nées les personnages du Grand-Avant de l’univers de Soul : des petites sphères flottantes dépourvues de corps qui n’attendent qu’une chose, trouver la petite flamme qui les fera vibrer en ce bas monde. Pour le personnage principal, Joe Gardner, c’est le jazz. Jouer de manière professionnelle fera de lui un homme accompli. Il en oublie même de profiter des petites choses simples de la vie : savourer un bon morceau de pizza, sentir le soleil sur son visage ou, tout simplement, marcher sur ses deux jambes et en aimant être là.

Pour la maman de Zoé, ce niveau de lecture est clairement plutôt celui des parents que celui de sa petite Zoé. Mais ça ne l’a pas empêché d’aborder des questions plus spirituelles avec sa petite. « Au début, le personnage meurt et se dirige vers la lumière. Il a peur. Il ne veut pas mourir. Là, on s’est rendu compte que Zoé était stressée. Je crois que c’est la première fois qu’elle réalisait que la mort était quelque chose de définitif et que les gens n’avaient pas envie de mourir ».

Le lendemain du visionnage, dans la voiture, Zoé est venue avec ses questions. « Moi, je suis assez cash, explique la maman. Je lui ai dit que je pensais qu’il n’y avait rien après la mort ». Ce qui n’a pas bouclé la conversation pour autant. « Je lui ai expliqué que le dessin animé apportait une certaine vision des choses, un peu comme celle qu’elle reçoit à l’école catholique qu’elle fréquente, mais que ce n’était pas forcément l’avis de tout le monde. Pas le mien, notamment ».

« Pas d’âge pour ce genre de questions »

Caroline est formée en psychologie et a réalisé une thèse dans le domaine de la psychologie des religions. Autant dire qu’elle n’a pas de tabou. « Comme tous les Disney, le film d’animation a différents niveaux de lecture. Chacun aborde le film avec ses lunettes. Je pense qu’il n’y a pas d’âge pour poser ce genre de questions. Ce sont peut-être davantage les parents qui ont peur de l’interprétation et qui veulent à tout prix préserver leur enfant. Alors, oui, il faut le préserver un minimum, mais, en même temps, le jour où il y a un deuil, c’est peut-être plus facile si on en a déjà parlé avant ».

Si les questions ne quitteront pas la petite Zoé de sitôt, le film, par contre, fait aujourd’hui partie des affaires classées. Elle ne veut plus le regarder. Avant d’y revenir plus tard ?
 

Avis de parents

« Nous, on a regardé entre parents. On a adoré, mais pas sûr que ce soit pour les petits », nous dit Valentine.

Autre expérience chez Patrick, qui s'exprime sur ses trois plus jeunes de 4, 7 et 9 ans :  « Il n’a pas eu beaucoup de succès. Ils ne l’ont pas terminé. Mais on n’était pas dans une soirée pop-corn non plus. On l’a lancé en journée ».

Pour Nathalie et sa fille de 17 ans, Selma, en revanche, gros succès : « Elle a adoré, moi aussi. Chouette ambiance, entraide, beaucoup d’amour et la musique est très cool ».

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