Loisirs et culture

La polémique autour de la série Netflix Squid Game souligne toute l’importance de l’accompagnement parental lorsque l’enfant se retrouve happé par la frénésie médiatique. Décryptage d’un vrai enjeu de société.
« Si des enfants ont vu ou entendu parler de cette nouvelle série, c’est une défaillance des parents ». Ce commentaire a été le point de départ d’un débat sur notre page Facebook, il y a deux semaines. Ce témoignage carré a ses limites. Face à la violence de la série Squid Game qui s’est invitée dans certaines cours de récré, le procès de la « démission parentale » ne tient pas forcément la route.
Preuve en est avec cette maman, qui sous la pression de sa fille (âgée de 13 ans), a finalement trouvé la parade. Pour éviter d’exposer son enfant à la violence des images, elle s’est farci tous les épisodes d’une série qu’elle n’aimait pas pour lui raconter l’histoire. En gros, cette maman était devenue un filtre parental de chair et d’os. Un investissement personnel qui lui a semblé quelque peu inutile lorsqu’elle s’est rendu compte que sa fille avait finalement vu des scènes de Squid Game relayées sur les réseaux sociaux.
« La très grande présence de scènes de la série diffusées sur d’autres plateformes comme YouTube est effectivement un élément important dans le débat autour de Squid Game, confirme Björn-Olav Dozo, spécialiste des cultures populaires. Les Gif (ndlr : un format d’images numériques) animés tirés de scènes de la série se sont aussi multipliés et ont tout de suite circulé. Résultat, il y a eu un imaginaire collectif télévisuel très rapide qui s’est constitué autour de cette série, au point que tout le monde a fini par s’y intéresser. »
L’expert pointe deux choses : la rapidité, qui a sans doute pris certains parents de court, mais aussi cet intérêt collectif qui débouche vite sur une certaine pression sociale, toutes tranches d’âge confondues. Avec, concernant les enfants, un malentendu qui tient à l’esthétique de la série.
« En soi, Squid Game s’inscrit dans une longue tradition de ce qu’on appelle les ‘Battle Royale’, indique Björn-Olav Dozo. C’est la mise en scène d’un concours, d’une compétition qui entraîne la mort de ceux qui ne sont pas vainqueurs. Sur le fond, finalement, c’est assez classique. Sur la forme, il y a une ambivalence, entre jeux d’enfants colorés et scènes gore. Ce mélange intrigue et a été utilisé en effet d’annonce, créant beaucoup de curiosité en brouillant les codes. »