Loisirs et culture

Un spectacle qui dédramathise les traumathismes

Un spectacle qui dédramathise les traumathismes

Après le succès de son livre Very Math trip, Manu Houdart a conçu un one man show éponyme. Sa mission reste la même : nous réconcilier avec les maths. Prêt·e à vous laisser conquérir par l’effet « Waooh » ?

Doté d’une paire de bretelles tricolores et d’un nœud papillon, Manu Houdart, ancien prof de maths reconverti en humoriste, ne passe pas inaperçu : « Ce sont des accessoires pour construire mon personnage, c’est une idée de mon metteur en scène. Je lui dois beaucoup », admet-il. Une idée lumineuse, car depuis son premier Avignon en 2019, le one man show Very Math trip remplit les salles françaises de familles de matheux et matheuses comme de « traumathisé·es ».
En novembre prochain, le Montois joue enfin à la maison. Selon l’intéressé, le show est accessible dès 8 ans : « À cet âge, on ne comprend pas tout, mais on rigole quand même ». Parce que c’est là l’atout principal de notre homme : il parvient à nous faire rire avec des maths. Mais si !

Manu Houdart et son spectacle Very math trip

Prof de rêve

D’ailleurs, c’est une évidence, Manu Houdart incarne LE prof idéal. Pourquoi ? Primo, parce qu’il est passionné. « Je suis réellement fasciné par la beauté des mathématiques. D’ailleurs, mes enfants et ma femme se moquent de moi parce que, quand je veux me détendre, je vais prendre un bon livre… sur la culture des mathématiques ! », s’exclame-t-il en sortant Le Rulpidon sous toutes ses coutures. Une aventure mathématique et artistique de Sylvie Benzoni-Gavage (Dunod). Et d’enchaîner avec emphase sur cet objet à trois trous qui change de forme selon l’angle dans lequel on le regarde.
Secundo, parce qu’il est humble. Il s’est donné pour mission de révéler la grande supercherie et dénoncer l’injustice : « Les maths, c’est plutôt simple et il faut le faire savoir ». Cela lui a d’ailleurs valu quelques prises de bec avec d’anciens collègues à l’époque, car il est farouchement opposé à l’idée que les maths sont faites pour trier les élèves. « Pour moi, le prof est là pour tirer son élève le plus haut possible. Sans complaisance ».

Manu Houdart, prof de maths et comédien

Un échec passager

Tertio, parce qu’il est généreux. En anecdotes et en jeux de mots. Mais également en pédagogie : il vous prend par la main et vous (ré)explique simplement le théorème de Pythagore ou la courbe de Gausse. « Ado, je comprenais trop tard, après l’interro, s’amuse-t-il. Mais j’ai toujours adoré les maths, même en échec ». Preuve à l’appui avec un bulletin scolaire dans lequel il n’avait pas la moyenne. « L’idée est de montrer qu’un échec peut n’être que passager ». Moment particulièrement rassurant pour les parents…
Quarto, parce qu’il est « diplomath » : dans son spectacle, il rend honneur aux femmes mathématiciennes (Sophie Germain, Maryna Viazovska…). « Elles ont toujours existé. Je voulais rendre grâce et réattribuer leurs mérites à celles qui étaient à l’origine de découvertes, pourtant attribuées à des hommes. Cela me parait important ». Comment explique-t-il le stéréotype genré des mathématiques ? « Selon une étude sur les filières scientifiques, il semblerait que les garçons vont se satisfaire d’une compétence – celle de savoir résoudre des énigmes – alors que les filles, tout aussi capables de résoudre ces exercices, sont en recherche d’une utilité de cette compétence. Elles ont un besoin d’applications plus pragmatiques ».

Réviser le programme

Et enfin, quinto, il est flexible. Manu Houdart adapte son spectacle selon la ville dans laquelle il le joue. Une aptitude qu’il souhaiterait pouvoir attribuer à la matière enseignée aux élèves du secondaire. « Pourquoi ne peut-on pas faire rêver au cours de maths ? On raccrocherait tous les élèves ! On s’échine à apprendre des intégrales… Mais la plupart des adultes vous diront qu’ils ne s’en servent pas !, s’insurge l’humoriste. Une fois que tout le monde sait compter, on devrait dissocier le cours de maths en technique calculatoire et en histoire des mathématiques. On dégoûterait moins de gens ».
Une chose est sûre, c’est que son spectacle permet d’être témoin de la puissance de l’effet « Waooh » des mathématiques sur une salle entière. Ou quand les cerveaux se sont fait π-rater.

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