Loisirs et culture

Un témoignage d'amour d'une maman à son fils malentendant

Pour son second fils, Sacha, sourd de naissance, Delphine Coipel a pris la plume. Son but : conserver une trace de leur parcours, mais aussi que la force de celui-ci puisse inspirer les autres. Sorti l'automne dernier, Entendre, c'est toute ma vie, Maman (Parla) nous amène à la rencontre d'un garçon au sourire espiègle, fou de musique et de football, frère attentionné et fils complice. Rencontre avec cette maman de trois garçons, vivant à Profondeville.

Comme un album de famille affichant tendresse et émotions brutes, votre livre dévoile des scènes de la vie de Sacha. Comment résumez-vous votre récit ? 
Delphine Coipel :
« C'est un livre écrit pour et sur Sacha, sur sa surdité et sur les émotions de notre famille, le tout au travers du regard de la maman que je suis. J'y relate l'histoire de ses seize premières années. Sa vie ‘avant’ que sa surdité soit découverte, le choc du diagnostic à l'âge de 23 mois, l’émerveillement de le voir signer, la promesse faite en famille de toujours tout traduire à Sacha. Mais aussi nos espoirs, nos désenchantements, l'acceptation... Un long cheminement accompli. » 

Qu'est-ce qui a déclenché dans votre cœur de maman ce besoin d'écrire ? 
D. C. :
« La démarche a d’abord été personnelle, j’ai ressenti le besoin de partager cette aventure intense, ce parcours semé d’embûches et de victoires. Pour laisser à Sacha une trace de son histoire forte. Ensuite, je ne m’y attendais pas, mais écrire a été pour moi l’occasion de retrouver intactes les émotions refoulées autour de la découverte de la surdité, cela a été cathartique. Durant trois ans, j'ai écrit en secret ce livre, avec la patience de son papa et la complicité de ses deux frères, sans aucune jalousie de leur part, car ils sont animés d'un immense respect pour la différence de Sacha. Offrir ce livre, en version privée, à Sacha, ce fut la surprise de ma vie (Ndlr : moment de la surprise à visionner via les QR codes du livre qui renvoient vers des vidéos de la famille. Frissons garantis) ! Il n'était pas obligé de le lire, bien sûr, mais il l'a accueilli avec joie et l'a lu en une seule soirée. »

Quelle a été la réaction de votre entourage à la lecture ? 
D. C. :
« ‘Nous n'imaginions pas ce que vous viviez dans votre intimité’, m'ont-ils confié, alors que nous nous affichions battants, souriants et philosophes. Sacha n'a pas de maladie grave, ai-je toujours relativisé. En réalité, c’est en écrivant que j’ai conscientisé les douleurs psychiques ressenties, j'ai d’ailleurs énormément pleuré en écrivant... mais j'ai eu aussi beaucoup de plaisir dans la démarche de l’écriture. »

Du livre privé à l'édition, pourquoi décidez-vous de publier votre histoire ?
D. C. :
« Je trouvais que notre histoire était belle, et je me suis mise à rêver de voir mon livre en librairie. Mon entourage me disait qu’il allait intéresser nos proches et des familles confrontées à la surdité, que j'allais en vendre 200 tout au plus. Secrètement, j’espérais plus, car, au-delà du handicap, j'y vois une histoire d'Amour. 1 000 exemplaires ont déjà été écoulés en trois mois. » 

Comment expliquez-vous ce succès ?
D. C. :
« Dans l'intime, il y a de l'universel, m'a soufflé une collègue. La souffrance psychique, la tristesse, la dépression, etc., sont des situations qui nous bouleversent en tant que parents et rassemblent nos cœurs de maman. On se sent moins seul·e par la lecture et le partage d'expériences. Et puis, ce récit est plein d’espoir et de résilience. »

Ce partage d'expériences vous tient à cœur...
D. C. :
« Pour les personnes concernées par la surdité, ce récit apporte de la reconnaissance autour des questions telles que la scolarité, de nos vécus des visites chez les médecins, de l'apprentissage des codes de communication... Pour ma part, j'ai trouvé le discours le plus vrai et le plus expert à propos de la surdité chez les autres parents. »

ILS/ELLES EN PARLENT

  • « Ce n'est pas mon histoire qui importe. Ce récit doit donner de la confiance et de l'espoir aux autres familles. Je ne suis pas seul dans cette situation qui peut survenir à la naissance ou après une méningite, par exemple. Ce livre démontre que la surdité est un handicap avec lequel on peut s'en sortir. Je l'ai longtemps vécu comme un défaut. Maintenant, je le prends comme une richesse. Et c'est ça, le fil de l'histoire ! »
    Sacha, 19 ans, fils de Delphine Coipel
  • « Dans cette histoire, je me suis projetée avec beaucoup d'émotions et d’appréhension. Nous ne sommes qu'au début du parcours. Les professionnel·les nous donnent la théorie, ce récit nous livre la réalité ! Et ce qui ressort du livre, c'est l'importance d'apprendre la langue des signes. J'en étais déjà convaincue. J'ai décidé de transmettre des passages du livre à mes proches pour leur faire passer ce message. »
    Marjorie, maman de Lou, 3 ans et sourde
  • « Inévitablement, j'ai transposé cette histoire à mon vécu de maman, me rappelant les tout premiers instants de chacun de mes enfants, et notamment le test de dépistage de la surdité, parfois vécu avec appréhension. Cette lecture m'a rappelé la grande chance qu'aucun d'eux n'ait eu de souci de santé. Ce témoignage n'est pas unique dans son genre, mais comme il est écrit par une maman de la région avec des références locales, ça nous rapproche encore plus. »
    Cécile, maman de trois enfants entendants

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