Société

Unisound, un festival aussi unique que singulier

Le festival Unisound, à Court-Saint-Étienne, prouve qu’il est possible de faire rimer « festival de l’été » avec « accessibilité ». Et il ne fait pas les choses à moitié ! Le Ligueur y est allé.

Lundi 26 juin. Il est presque 11h du matin et les premiers soundchecks attirent le public vers la scène, qui occupe une des deux extrémités du vaste hall du Parc à Mitrailles (PAMexpo), à Court-Saint-Étienne. De l’autre côté, une série d’espaces dédiés à différentes activités – grimage, karaoké, balançoires adaptées… – se remplissent également. Nous sommes à la neuvième édition du festival Unisound, un festival de musique ouvert à toutes et tous, entièrement accessible aux personnes porteuses de handicap.
Lorsque le groupe belge The Detain se met à jouer, de gros ballons blancs, destinés à faire ressentir les vibrations de la musique, rebondissent parmi les spectateurs et spectatrices. Le plaisir se lit sur de nombreux visages, et les corps bougent en rythme. Une jeune fille aux longs cheveux tressés danse avec les mains, très calmement, l’air absorbée. Plus loin, un autre spectateur fait des bonds de joie. Chacun, chacune profite à sa manière, selon ses goûts, son tempérament, ses possibilités.

« Les enfants adorent »

Les personnes présentes aujourd’hui sont pour la plupart venues en groupes, avec des centres et services spécialisés dans l’accompagnement des personnes porteuses de handicap. La majorité sont des adultes, jeunes et moins jeunes. Comme Serge, 60 ans, amateur de rock, qui vient pour la sixième fois au festival, dont il apprécie l’ambiance. Mais il y a également des enfants : devant la scène, une petite fille en salopette à fleurs semble s’éclater.
Elle fait partie des huit élèves de primaire du Centre d’aide à l’enfance d’Etterbeek qui ont fait le déplacement et que l’on reconnaît au foulard coloré qu’ils portent autour du cou. Cette école spécialisée de type 4, pour enfants porteurs de troubles moteurs, était déjà venue l’année dernière et les profs confirment : les enfants adorent. À midi, nous les retrouvons d’ailleurs en train de s’essayer aux percussions sur des bidons métalliques lors d’un spectacle animé par le groupe Le Rythme des Fourmis.
« Nous essayons que les concerts et activités puissent plaire à n’importe quel âge et nous espérons que les enfants viendront de plus en plus nombreux à l’avenir », confie Aglaé Sacré, responsable communication d’Unisound. Le dimanche, premier jour du festival, est un jour plus calme, mais aussi plus familial, ajoute-t-elle : « Le week-end est plus adapté aux familles et elles sont nombreuses à venir, y compris des familles sans personnes porteuses de handicap ».

Le festival est adapté à tou·tes, par exemple les jeunes en situation de handicap peuvent s’y balader de façon autonome et en sécurité

Autonomie et sécurité

Pendant que certain·es attaquent leur pique-nique ou leur pain saucisse sur les longues tables installées à l’intérieur et à l’extérieur, d’autres attendent leur tour aux ateliers grimage, karaoké ou vélo adapté. Parmi eux, un groupe de jeunes de l’école Les Fantastiques, à Louvain-la-Neuve. Le plus jeune d’entre eux, 12 ans, trimbale un gros ballon blanc accroché à son sac à dos – souvenir du concert de ce matin. « Ils rebondissent super bien, nous explique-t-il. Mais je n’ai pas adoré le concert parce que je suis très sensible à la lumière et au bruit ».
Comme tou·tes les élèves de cette école spécialisée de type 3, il est porteur d’un trouble autistique. Une des profs qui les accompagnent nous explique qu’elle apprécie beaucoup le festival, notamment parce que le lieu est très adapté : les activités étant regroupées dans une seule salle, les jeunes peuvent s’y balader de façon autonome et en sécurité. Vu leurs spécificités, ses élèves ne se sentent pas très à l’aise dans les concerts et leur préfèrent souvent les petits ateliers. Certain·es patientent pour faire un tour en vélo adapté sur le RAVeL qui longe le Parc à Mitrailles. D’autres font une pause dans la chill zone, un endroit tranquille, confortable et tamisé, prévu pour se reposer.

Un projet porté par des jeunes

Château gonflable, silent party, imaginarium (espace créatif), jeux en bois, photomaton… Dans ces espaces comme autour de la scène, une centaine de jeunes bénévoles s’assurent que tout se passe bien et contribuent à mettre de l’ambiance. « Il y a notamment des étudiant·es éducateurs/éducatrices spécialisé·es, qui réalisent leur stage chez nous », explique Aglaé Sacré. Elle-même est étudiante en dernière année de master en communication. Elle est aussi bénévole, comme toute l’équipe des organisateurs et organisatrices de l’événement – qui ont pour autre particularité d’avoir entre 21 et 27 ans.
Vers 13h30, les festivaliers et festivalières affluent à nouveau vers la scène pour écouter Le 8e groupe, un groupe de rock/country composé de personnes impliquées dans les asbl Le 8e jour et Les jardins du 8e jour. Parmi elles, l’acteur Pascal Duquenne, qui se lance à deux reprises dans d’émouvantes improvisations de slam, accompagné au clavier par un autre musicien. Il commence par siffler, évoquant des chants d’oiseaux, avant de démarrer sur ces mots : « Je me promène dans les bois. Il n’y a personne autour de moi ».
Sur scène, une femme accompagne le groupe en langue des signes. C’est Christiane Broekman, interprète professionnelle et membre de Muzik’en Signes. Cette habituée des scènes de festivals « ordinaires » apprécie particulièrement l’Unisound : « On ressent une telle énergie dans le public et une certaine liberté, une désinhibition qui me fait relativiser tous mes soucis ». Et de souligner que le festival « pousse la démarche d’accessibilité à fond ».

De nombreux aménagements

Toutes les personnes, porteuses ou non de handicap, avec qui nous avons discuté ce lundi nous l’ont confirmé : l’événement est réellement très accessible. Il est d’ailleurs certifié par Access-i, un organisme reconnu qui a attribué au festival un score vert pour tous les types de handicap. Ce qui signifie que les personnes à besoins spécifiques peuvent en profiter seules.
Parmi les aménagements répertoriés figurent entre autres, outre ceux mentionnés plus haut, l’accessibilité de l’espace aux chaises roulantes, la disponibilité du plan, des tarifs et du programme en braille, le sous-titrage de la plupart des concerts, l’adaptation de la hauteur des tables et guichets, la présence d’un responsable PMR constamment disponible et d’une zone nurserie avec personnel médical, ou encore la possibilité de mixer la nourriture.
Mais l’accessibilité, c’est aussi un coût abordable pour les institutions participantes. Selon les jours, l’entrée coûte 12, 15 ou 10 € par personne. « La journée de mardi, plus courte, a d’ailleurs été conçue pour offrir un prix d’entrée réduit aux centres les moins nantis », précise Aglaé Sacré. Celle-ci nous annoncera quelques jours plus tard que l’événement a rassemblé cette année 2 300 festivaliers et festivalières. Un record. Fière de ce succès, l’équipe s’apprête à souffler un peu avant de s’attaquer, dès la rentrée, à l’organisation de la dixième édition du festival Unisound : « Pour les dix ans de l’événement, nous allons mettre les bouchées doubles, annonce-t-elle. Ce sera la même recette, mais avec quelques surprises en plus ! ».

En savoir sur le festival Unisound

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