Loisirs et culture

15-18 ans : grands ados et lecture, une autre histoire

On quitte le monde de la littérature jeunesse pour rejoindre les salles de classe de la deuxième partie du secondaire. Le livre reste un passage obligé pour ces ados de 15 à 18 ans. Un passage obligé, oui, mais toujours une formidable porte d’entrée vers de nouveaux mondes.

Tout au long de l’année scolaire, vous voyez régulièrement votre ado plongé·e dans la lecture d’un livre. Avec peut-être un entrain à géométrie variable. Pour beaucoup, ces livres sont généralement ceux qu’ils/elles doivent lire pour le cours de français. Évidemment, les titres, les auteur·es sont imposé·es par les profs. D’où cette question que nombre de parents ont pu se poser ou se posent encore : comment ces ouvrages sont-ils choisis ?
Pour trouver la réponse, rien de difficile, il suffit de trouver un·e prof de français de 4e, 5e ou 6e secondaire et lui demander. C’est ce que nous avons fait avec Miriam Vaillant, qui enseigne dans une école bruxelloise. Une discussion qui nous a emmenés vers d’autres chapitres, comme la place de la littérature à l’école, les supports de lecture, les enjeux pour les élèves et les enseignant·es…

À l’heure du tout écran ou presque chez les ados, la lecture est-elle menacée à l’école ?
Miriam Vaillant :
« Évidemment que non, la lecture fait toujours partie des apprentissages essentiels. De quelque chose d’un peu empirique, le point de vue a changé avec le Pacte d’excellence. Aujourd’hui, pour le secondaire, c’est une compétence qui sert à la compréhension de textes, à travailler sur la notion d’implicite, à découvrir d’autres choses. Avec les livres, l’enseignant·e va pouvoir ouvrir les yeux des élèves sur la culture, sur ses apports en termes de savoirs, mais surtout de compréhension du monde. Le livre en classe n’enferme pas, c’est une ouverture au débat, à l’opinion, au positionnement. L’objectif final est de développer l’esprit critique de ces ados, donc, finalement, de répondre à une des vocations premières de l’école : préparer les élèves à devenir les citoyen·nes de demain. »

La lecture reste donc importante, mais, question un peu évidente, les élèves lisent-ils encore ?
M. V. :
« C’est une question à laquelle il est difficile de répondre, parce qu’il y a plein de cas différents, d’inégalités au départ au niveau de l’accès à la lecture. En revanche, on peut dire que, pour les 15-18 ans qui ne lisent pas beaucoup, c’est parce qu’il n’ont pas encore trouvé ce qui les intéresse dans les livres. La lecture, c’est une affaire de déclic, de passion, qui vient parfois très tard. La difficulté, c’est de trouver le déclencheur. Ça peut être un thème, un style, un ou une auteur·e, voire un support particulier. Et le job de l’enseignant·e, ça va être de montrer que ne pas avoir encore eu le déclic, ce n’est pas une fatalité. En cela, la 4e est vraiment une année charnière ; en 5e-6e, il est rare de rencontrer des élèves qui ne comprennent pas pourquoi on lit. Leur capacité d’abstraction et leur compréhension des textes sont plus affirmées. »

Comment fait un·e prof pour trouver le truc qui marchera ?
M. V. :
« En essayant de repérer ce qui va les accrocher. La porte d’entrée est différente pour chacun·e. On peut varier les supports en s’orientant vers un e-book, par exemple. On peut aussi jouer sur les approches de lecture, aller vers le manga, la BD, s’appuyer sur des articles de presse, des chroniques, des nouvelles… On peut aussi jouer sur des thèmes ou des livres inscrits dans l’actualité. L’objectif final, c’est de faire lire d’une façon ou d’une autre, de mettre le pied dedans. Pour certain·es, cela va se faire rapidement, pour d’autres un peu moins. Et puis, il y a celles et ceux pour qui la lecture est un exercice vraiment fastidieux ou qui ne s’y intéressent pas, tout simplement. C’est quelque chose qu’on doit comprendre et accepter en tant que prof, pour pouvoir ensuite chercher ensemble le point d’accroche. Quand je suis face à cette situation, je fais des propositions, j’organise des temps où les autres élèves parlent des livres qu’ils ont aimés, j’ai aussi une boîte à livres avec plein de choses différentes dedans. On est sur un principe essai-erreur : si ça ne marche pas, tant pis, on essaye autre chose. Jusqu’à ce fameux déclic. Si ça marche, tant mieux. »

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