Loisirs et culture

Familles jouettes, on tente pour vous de suivre l’actualité des nouveautés du monde ludique. Elle est tout simplement plus abondante que la corne du même nom, celle qu’Héraclès arracha au dieu Achélôos. Parmi toutes ces sorties, la catégorie reine cette année est indiscutablement celle des jeux à deux. On vous présente nos préférés d’aujourd’hui, d’hier et même de demain en 20 titres. Attention, affrontement palpitant.
► CE QUI SORT EN CE MOMENT

Nous l’avons chroniqué dans le Ligueur magazine. Nous en avons fait une vidéo. S’il le fallait, nous en ferions une chanson : Agent Avenue est LE jeu que l’on vous recommande d’acheter ou d’offrir les yeux fermés. On l’a testé avec des enfants de tous âges, la règle s’assimile vite et il passionne tant les mômes que leurs parents.
Ici, deux espion·nes s’affrontent sur un minuscule plateau. On essaie de se rattraper en activant des personnages qui nous font avancer, reculer ou faire du sur place. Certaines cases activent des pouvoirs spéciaux qui servent admirablement la mécanique de jeu. On s’y affronte. On y accorde une revanche, puis une autre et encore une… On le range, on le ressort, il s’installe en quelques secondes. Les parties sont rapides, variées. Agent Avenue est notre coup de cœur de cette saison 2025. Une valeur sûre dont nous reparlerons encore longtemps. Pas la peine de nous espionner pour le savoir.

À peine la nomination pour l’As d’Or 2024 - un des prix ludiques les plus prestigieux du monde du jeu - avec son imparable For a Crown, qu’on pressent déjà d’office celle de 2025. L’éditeur belge avec son Toy Battle place la barre très très haut. D’affrontement, il en est question, certes. Stratego n’est pas loin. Captain Flip, non plus. Il est d’ailleurs né du même auteur. Il a l’évidence d’un Kingdomino, d’un Draftosorus… mais avec une dimension abstraite savoureuse, à la Passo ou encore à la Orion Duel qui sont des références absolues pour nous autres, journalistes passionnés du monde ludique.
Tout le monde peut jouer à ce Toy Battle. Tout le monde va y jouer d’ailleurs. Parents, enfants, grands-parents… Fans de jeux vidéo aussi, le choix multi-plateau qui évoque les prémices d’une partie de Mario Kart va vous faire frémir. Ici, on s’affronte avec toute une galerie de personnages qui ont chacun des pouvoirs. L’objectif ? Aller conquérir la base de son adversaire ou cumuler le plus de piécettes étoilées. On fait attention à chaque mouvement. On combine. On planifie. On élabore des stratégies qui s’effondrent. On sue. On perd. On gagne. Et, bien sûr, une fois fini, on se réaffronte immédiatement. Pourquoi pas sur un des 8 plateaux aux univers et aux mécaniques variées. Quand Toy Story rencontre Mario Kart, voilà qui donne un jeu légendaire.

Même éditeur. Ambiance totalement différente. On ne parle pas assez de ce jeu qui est à la fois magnifique graphiquement et ingénieux. On se défie en élaborant différentes collections de cartes soit par couleur, soit par valeurs identiques. On marque des points, on fait des croche-pattes à son adversaire. Les stratégies s’affinent au fur et à mesure des parties. Mythicals est mythique avec son esthétique emprunte aux jeux de tarot et sa référence aux éléments. Là aussi, on refait une partie illico pour tenter de se refaire et réussir à dompter les éléments.

Attention, cette douce folie est certainement le jeu le plus improbable de l’année. Sumo s’explique en une seconde pour de multiples parties de maximum cinq minutes ! Le principe consiste à bouter son adversaire hors du tatami en quelques tours de plis. Le tout est servi par des combinaisons de cartes qui vont beaucoup plaire aux nostalgiques des combinaisons que l’on apprenait par cœur sur les joysticks. L’affrontement est palpitant. Et ce que l’on aime le plus, c’est que le jeu est vendu avec un petit carnet qui permet de personnaliser SON propre sumo. On lui donne un petit nom. On relate ses victoires. On y raconte ses combats… un vrai journal d’un combattant. Tiens, ça ferait un bon jeu ça aussi, non ?

Croyez-le, on le regrette : il sort de moins en moins de jeux abstraits ces dernières années. Nos lecteurs, lectrices et tous les parents que l’on fait jouer savent combien on les aime. Autant dire qu’avec son format hors norme et sa mise en scène poétique, on chérit Lacuna. Qui comme tout jeu abstrait se comprend vite et promet de véritables profondeurs de jeu. Ici, on trace une ligne imaginaire entre deux fleurs. Ainsi, on récupère ses pions. On les place de côté dans sa zone de score. Le joueur ou la joueuse qui obtient la majorité de fleurs d'une couleur remporte sa catégorie de couleur. Et celui ou celle qui en remporte une majorité, remporte la partie. Encore un jeu qui combine des qualités esthétiques et des qualités de rejouabilité. Et vous allez voir qu’il y en a quelques-uns comme ça dans cette sélection spéciale jeux à deux.

Si vous poussez les portes des magasins de jeux régulièrement, il vous a forcément happé ce Mind Bug. Ou plutôt CES Mind Bug. Car il existe toute une déclinaison des jeux d’affrontement stratégique. Ici, la très multivitaminée bataille de fruit offre une toute nouvelle mécanique de baston. Le principe est on ne peut plus simple : vous avez en votre possession tout un cheptel de cartes de monstres. Vous envoyez alors ces créatures au combat contre votre adversaire. Seulement, celui-ci peut utiliser l’un de ses Mind Bug pour en prendre le contrôle. Vous vous trouvez alors en plein duel stratégique dans lequel avoir les meilleures cartes et les jouer au mauvais moment peut vous coûter très cher. Vous pouvez entrer dans cet incroyable univers par n’importe quel titre de cette série monstrueuse qui va conquérir tous les cœurs.

Les auteurs de Château blanc ont encore frappé. L’immeuble emblématique le Flatiron à New-York, ça vous parle ? Figurez-vous que vous allez justement le bâtir et ajouter des étages au fur et à mesure du jeu. À chaque fois, vous marquez des points. Chacun, chacune possède son pion. On se déplace d’un lieu à l’autre sur le plateau. Partout, sauf là où se trouve l’adversaire. Ce qui n’empêche pas de voyager. À son bureau, dans le city hall, sur le plateau des défis. À chaque lieu, on achète, on gagne des points, on mène des actions. On bâtit. On avance. On se plante. On reprend. La force de ce jeu, c’est qu’il y a plein de points de tension. Pour les connaisseurs, connaisseuses, Flatiron est une sorte de 7 Wonders Duel. C’est à dire, un jeu qui accapare immédiatement puisqu’il confère cette impression d’avoir la tête constante dans le guidon. On est dans sa partie. L’esthétique de construction parlera moins aux enfants qu’un Toy Battle, certes. Pourtant, la valeur ajoutée de cette sortie de Ludonova est assez unique. Une partie passe vite. On lève la tête. Et vous savez quoi ? On veut tout de suite en entreprendre une autre. Oui, ce jeu va vous « en chantier ».

Première surprise. Alors qu’on ouvre la boîte, il se monte en quelques manipulations un véritable théâtre d’ombres chinoises absolument somptueux. Côté jeu, les parties se disputent en deux manches gagnantes. Même, si elle fait un peu peur quand on ouvre la boîte, la mécanique tactique est à la fois simple et efficace à appliquer. Son aspect répétitif va rassurer et plaire aux enfants. Tout se joue avec des petits singes. Dans ce jeu, on accumule des pêches, des jades, on déplace le Roi singe et on utilise même les armes du dragon.
Ce qui est plaisant et qui fait fonctionner le jeu, c’est l’idée d’une interaction indirecte. On ne réserve pas de coups pendables à son adversaire, on lui coupe l’herbe sous le pied. Reste à voir si la stratégie s’affine au fur et à mesure des parties. Nous n’y avons pas assez joué pour le dire. On espère simplement que joueurs et joueuses n’auront pas l’impression d’assister à chaque tour de jeu à la même représentation théâtrale !

Ces Mookies ? Ils sont vraiment trop choupichoupitromignons. Et on vous assure qu’ils vont faire l’unanimité chez les petit·es, comme chez les grand·es. Comment on joue avec ces adorables créatures ? Facile. On les collectionne. Il faut précisément le plus de Mookies de chaque famille pour rafler les trophées. Le Graal consiste à avoir en main les cartes brillantes des Mookies Légendaires, mais attention à cette satanée araignée qui n’attend qu’une chose : vous jouer un mauvais tour. Les règles sont d’une simplicité confondante.
Ces choupichoupitromignons sont une très bonne porte d’entrée dans le merveilleux univers quasi infini des jeux dits de majorité. Soit, des jeux où l’on accumule des points et ou l’on réalise des objectifs. L’éditeur Scorpion Masqué n’a rien laissé au hasard et rares sont ces types de jeux qui présent une façon de jouer aussi simple. Résultat ? Partie après partie, les enfants évoluent en stratégie et les parents sont bluffés que leurs choupichoupitromignons deviennent si forts.

Puissant, comme Puissance 4 auquel ce jeu vous fera irrémédiablement penser. D’ailleurs, c’est comme ça que vous le présenterez à vos enfants et leurs copains/copines. « Un Puissance 4… en mieux ». Ici, vous n’enchaînez pas les 4 pions collés les un·es aux autres, mais vous reliez deux bords opposés de la grille avec vos pièces. Chacun en place une de sa couleur dans la grille pour construire un chemin continu tout en bloquant celui de son adversaire. Votre souci principal ? Anticiper les mouvements de l’autre pour garder l’avantage. On vous parle souvent de l’évidence des bons jeux. En voici un exemple, c’est un mélange parfait de simplicité, de rapidité et de réflexion. Les parties y sont courtes, mais intenses. Plus puissant que le Puissance 4 ? Nous n’oserions pas.

Vous êtes prêt·es ? La bataille va commencer. La terre tremble. L’été affronte l’hiver, chacun·e tente d’imposer sa victoire sur la nature. Imaginez plusieurs lignes. Vous avec des cartes arbres, une ligne clairière, une étrange silhouette d’Onibi au centre et deux pions « feu » autour d’elle. Vous vous affrontez avec la pioche commune. On place les animaux en fonction des saisons. Quatre conditions de victoires sont possibles : éteindre le feu ; imposer ses cartes dans la ligne des animaux ; planter un maximum d’arbres et créer une forêt. Ou, enfin, pousser le mystérieux Onibi hors de la ligne clairière.
Vous l’avez saisi, ce jeu à entrées multiples permet d’affûter sa stratégie au fur et à mesure des parties. On termine, on veut se venger. On veut illico retenter sa chance. Un peu comme tout ce qui se fait dans cette page, rétorquerez-vous. Et c’est ça qu’on adore. Surtout quand on est une saison.

Ici, vous incarnez de vaillants jardiniers séparés par une haie, prêts à tout pour faire pousser le plus beau des potagers. Une planification minutieuse s’impose pour poser chaque jeton afin de former le modèle permettant la future récolte. Mais, attention, mieux vaut toujours garder un œil sur la haie qui sépare les jardins, où apparaissent les nouveaux pions légumes. À chaque tour, les deux joueurs et joueuses réalisent des combinaisons précises et activent des outils pour renverser la partie à leur avantage.
Jeu tactique, avec pas mal de surprises qui viennent enrichir le jardin. Encore un jeu de placement de tuiles dans lequel vos enfants ont plusieurs points d’attention et vont comprendre au fur et à mesure des parties comment cultiver ses tactiques. Un jeu où il vaut mieux éviter de faire nain porte quoi… Vous l’avez ?

► NOS VALEURS SÛRES

Nous vous parlions de notre amour des jeux abstraits plus avant, la gamme Helvetiq x Steffen Spiele propose certainement parmi les plus ingénieux. Qui ont le mérite d’être vite assimilés par les enfants et leur met le pied à l’étrier pour les échecs, par exemple. XOK (à prononcer "choc") est un jeu de poissons et de requins dans lequel s’affrontent deux joueurs ou joueuses qui doivent connecter dix pièces. Ici, on se mange, on se gêne, on réfléchit, on recommence. Bonne pêche pour cet éditeur, sacré flibustier en matière de bois et d’intelligence.

Si, cette année, la grosse tendance du jeu porte sur les jeux à deux, preuve en est cette chronique, l’an passé, ce sont les petits jeux de cartes qui ont tout emporté sur leur passage. D’ailleurs, on vous prépare une sélection aux petits oignons sur nos jeux de plis préférés de tous les temps. Seul hic, ils se jouent rarement à deux. Et quand c’est le cas, c’est dans une version moins bonne que le jeu initial. Non. Nous ne citerons pas de nom.
C’était sans compter ce Dr Jekill vs Mr Hyde qui se joue exclusivement à deux, dans lequel, le nombre de plis, 10 au total pour 3 manches, va définir les déplacements du pion unique sur le plateau. Vous incarnez au choix Hyde ou Jekill. Hyde va tenter de prendre le dessus sur Jekill qui lutte pour maintenir sa personnalité. On s’échange les rôles. On muscle son jeu à mesure des parties. C’est aussi une manière d’expliquer aux enfants qu’on ne gagne pas toujours en faisant le plus de points. Il est unique. Schizophrénique. Et vous le trouverez d’occasion à pas cher. Comme quoi, pas besoin de dépenser des fortunes pour les jeux incontournables.

De nouveau, une découverte au Spiel, à Essen. On y retrouve les mêmes formes hexagonales que XOK et un même principe de linéarité. Ici, joueurs et joueuses doivent relier deux extrémités d’un bout du plateau à l’autre. Chacun sa couleur… mais avec des pièces qui mélangent les siennes et celles de l’adversaire, et donc la possibilité d’interagir sur la construction de l’adversaire. À cela s’invitent des galaxies qui peuvent aussi permettre de l’emporter et des trous noirs qui vont plonger le camp d’en face dans les ténèbres. Une merveille dans l’univers du jeu, auquel, si on était un site de chroniques de jeux, on mettrait des tonnes d’étoiles.

À Essen, au Spiel, nous avons eu la chance de rencontrer et de jouer avec Steffen Mühlhäuser, très heureux de présenter ses inventions, toutes plus inédites et ingénieuses les unes que les autres. Une nous a tapé dans l'œil : la Linja. Présentée dans une boîte étirée qui ne prend pas de place. On peut difficilement faire plus épurée. 6 morceaux de bambou que l'on aligne de façon parallèle. 12 pions noirs, 12 pions rouges dont le but est de faire passer le plus grand nombre possible de pions derrière les lignes ennemies. Pour cela, 1 000 façons d’avancer ou de contraindre l’autre. Si on devait emporter un seul de ces jeux sur une île déserte, ce serait celui-là. Ce qui serait stupide puisqu’on pourrait le fabriquer facilement sur une île déserte…

Même festival, même stand. Juste à côté, un jeu dont nous n’avons jamais entendu parler. Une nouveauté bien trop discrète et qui hélas le restera : Passo. Son sympathique créateur, Clemente Musa, qui a justement adjoint ses forces à Steffen Mühlhäuser nous en fait la démo. On est immédiatement conquis. Noirs et rouges s’affrontent. Ils sont initialement placés sur des tuiles. Mais à chaque déplacement, les tuiles disparaissent. Le jeu se déroule donc sur ce plateau friable, jusqu’à ce qu’un camp dépasse l’autre. Après quelques parties, vous utiliserez des pions avec différents pouvoirs qui vont rendre le jeu encore plus savoureux. Mettez un peu de Passo dans votre vie et celle de vos enfants.

Mais pourquoi faire des jeux si complexes quand on voit l’efficace évidence d’un Orbito ? De superbes billes noires. De superbes billes blanches. Un pressoir qui déplace les billes. On déplace la bille de son adversaire avant de placer la sienne et on gagne si on aligne le premier ou la première quatre pions sur une ligne ou une diagonale. C’est envoûtant. Les enfants adorent. Le jeu a reçu le label Toy of the year qui généralement n’est pas attribué au hasard. Orbito nous rappelle que le jeu est né de chose simple. À l’heure où on le complexifie – pour des choses souvent très bien –, c’est super de pouvoir s’émerveiller de mécaniques rapides et diablement efficaces.

Le coup de cœur de toute la rédaction qui y a joué, rejoué et encore joué. Avec enfants. Entre adultes. La règle s’explique en une phrase : il faut être le premier ou la première à remplir sa grille de casse-tête en fonction des contraintes.
SmartGames a mis toute sa science au service de l’affrontement. On se défie. On se dépasse. On chauffe les cerveaux. On joue en même temps. Les contraintes vont grandissant. On commence la manche concentré·e, on la termine électrisé·e. On a hâte de voir ce que SmartGames nous réserve pour la suite, parce qu’avec cette série des Genius Square, Star et Gemmes, ils ont frappé très fort.
► À VENIR

On l’attend depuis le Spiel de l’an dernier, il ne sortira qu’en fin d’année 2025. On met un jeton dessus - comme vous le constaterez en parcourant nos articles jeux, on se trompe à chaque fois : il s’imposera comme le jeu de cette fin d’année dans tous les prix ludiques. Tag Team ? C’est Street Fighter. Pour celles et ceux qui n’ont pas la référence, il s’agit d’un jeu de combat sur Nintendo. Le jeu mêle savamment deckbuilding et grosse baston. Vous créez un duo de choc et enchaînez les combos pour mettre votre adversaire K.O. Le tout, de ce qu’on a pu voir, est merveilleusement équilibré et donne de beaux combats menés avec entrain. Let’s get ready to rumble !