Développement de l'enfant

3-6 ans : les écrans à petits pas

Dans la tranche d’âge du maternel, les 3-6 ans, les balises sont claires : limiter, partager et en parler en famille. Voyons cela de plus près avec nos deux spécialistes, Daniel Marcelli et Olivier Duris.

À partir de 3 ans, l’écran peut faire son entrée dans l’univers de l’enfant. L’enjeu étant d’encadrer et d’accompagner cet usage. La limite dans le temps est importante pour veiller au principe d’alternance. L’écran doit être un objet parmi d’autres, il ne remplace pas les temps de jeux ou de lecture. Il fait partie de l’environnement de l’enfant, mais de façon ponctuelle. « À cet âge, l’enfant a surtout besoin de jouer, d’explorer son environnement, qu’on lui raconte des histoires, de créer », rappelle Olivier Duris.

Apprivoiser la notion de limite

Typhaine, maman de Julia, 3 ans, nous explique comment elle fixe un cadre. « Depuis ses 3 ans, elle a droit à un petit dessin animé, Peppa Pig, de vingt minutes par jour avant le souper ». Selon la maman, le fait que ce soit planifié toujours au même moment aide à ritualiser et donne des repères. Julia ne réclame pas la télé en journée. Le contrat est clair : un dessin animé, pas plus.
Entre 3 et 6 ans, l’enfant apprend la notion de limite et d’autorégulation. Les limites de temps d’écran en font partie. Petit à petit, il assimile à quel type de contenus il peut avoir accès, sur quelle durée et à quel moment de la journée. C’est le fameux cadre qui encadre l’accès aux écrans.
Serge Tisserron, psychiatre à l’origine du programme éducatif 3-6-9-12, suggère une comparaison assez parlante. « Le dessin animé, c’est comme une mousse au chocolat. L’adulte qui prépare le plat ne le laisse pas à disposition de l’enfant. Pour les écrans, c’est pareil. Le parent est le garant de la ration ». Autrement dit : l’écran nécessite un cadre temporel clair avec une heure de début et une heure de fin.

Chez les jeunes enfants, l’écran nécessite un cadre temporel clair avec une heure de début et une heure de fin

Comme la notion de temps n’est pas encore bien intégrée, le parent peut comparer le temps d’écran à une activité repère. « Tu peux regarder la télé pendant quinze minutes, le temps d’une récréation ». Aurélie, maman de Gaston, 4 ans, utilise une minuterie. Quand le dring retentit, il faut couper. De son côté, Nicolas, papa de deux filles de 3 et 6 ans, a opté pour les contenus à télécharger pour éviter l’offre illimitée présentée sur des chaînes de contenus. Une manière selon lui de mieux réguler le temps d’écran et surtout d’éviter une crise en voyant le fil de contenus proposés.
Daniel Marcelli conseille aussi d’accompagner l’enfant dans la découverte de ces nouveaux contenus. « Le fait de regarder ensemble permet au duo de commenter ce qu’il regarde ». L’écran peut alors devenir un motif d’échange. À ce propos, Olivier Duris distingue l’écran froid, comme la télévision, qui place l’enfant dans un rôle passif et l’écran interactif, comme une tablette ou une console, qui permet à l’enfant de s’engager davantage. « L’écran interactif peut avoir un côté intéressant, tant qu’il reste un outil de médiation dans la relation parent-enfant ». Un exemple ? Françoise utilise avec sa petite fille de 6 ans l’application Jardin des mots qui propose des défis de mots croisés et de jeux de lettres. La petite cherche les petits mots de trois ou quatre lettres et mamy relève les défis plus corsés.

L’écran en toile de fond, source de déconcentration

C’est une pratique courante qui existe depuis que le petit écran a fait son entrée dans les foyers : laisser la télévision allumée. Même quand il n’est pas regardé, l’écran interfère. « Pour certains adultes, l’écran fait office de présence. Ce n’est pas du tout la même chose pour un jeune enfant. Des études ont montré qu’une télévision allumée déconcentre les enfants dans leur temps de jeu et a un impact sur le développement de leur concentration et de leur attention. C’est pour cette raison que les messages de prévention insistent sur le fait qu’il ne faut pas laisser un enfant seul avec un écran allumé même si l’enfant ne le regarde pas », explique Olivier Duris dans une vidéo réalisée pour Yapaka. Ce n’est pas l’écran qui est questionné ici, mais bien la place qu’on lui donne au sein de la famille pour ne pas entraver la relation parent-enfant, ni les moments de jeu.

EN SAVOIR +

  • Un livre : Quand l’écran fait écran à la relation parent-enfant, Olivier Duris (Coll. Temps d’Arrêt – Yapaka).
  • Un site : retrouvez tous les conseils et les balises concernant l’usage des écrans chez les enfants sur 3-6-9-12.org

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