Société

Accord Arizona : une traversée du désert pour les familles

Loin de remédier à leurs difficultés, l’Arizona pousse les parents les plus fragilisés un peu plus au fond du trou

Alors que le nouveau gouvernement fédéral a voulu donner le signal qu’il soutenait les travailleurs et les travailleuses, la Ligue des familles constate au contraire que les parents qui travaillent seront mis encore davantage sous pression. Pour les plus fragilisés, qu’ils soient malades, en recherche d’emploi, avec enfants en situation de handicap ou venus chercher l’asile en Belgique, c’est la double peine : loin de remédier à leurs difficultés, l’Arizona les pousse un peu plus au fond du trou.

Des embûches pour les parents qui travaillent

Les mesures annoncées en matière de droit du travail complexifieront encore davantage la conciliation entre travail et vie de famille, alors que les parents sont déjà sous pression. Levée de l’interdiction du travail de nuit, annualisation du temps de travail générant de très grosses semaines à certains moments de l’année… : on flexibilise le droit du travail, mais les besoins et horaires des enfants, eux, ne sont pas flexibles. Les parents sous pression le seront encore davantage, et ceux qui ont moins de soutien familial – en premier lieu, les familles monoparentales – auront des difficultés à rester à l’emploi.
Loin de répondre à ces difficultés de conciliation, la réforme des congés familiaux (maternité, paternité, congé parental…), fusionnés en un « sac à dos » unique de congés lié à l’enfant, ne garantit pas le maintien de la durée et de la rémunération de ces congés.
Enfin, les femmes qui ont interrompu leur travail pour s’occuper de leurs enfants, bien souvent faute de dispositifs de conciliation des temps ou de places en crèche, seront pénalisées de multiples manières : suppression du quotient conjugal, suppression de la pension au taux ménage, suppression progressive de la pension de veuve… Le gouvernement estime remettre les femmes au travail en les appauvrissant. Mais cette diminution de revenus ne leur permettra pas de faire fi des difficultés à concilier travail et vie de famille et ne permettra pas à des femmes au foyer de 55-60 ans de retrouver, par miracle, un emploi.

Des familles en difficultés poussées un peu plus au fond du trou

Les parents qui connaissent des difficultés à retrouver un emploi, qui ont un enfant en situation de handicap, qui sont en difficulté financière ou qui sont venus chercher l’asile en Belgique seront, eux, poussés un peu plus au fond du trou.
Le gouvernement retirera après deux ans les allocations de chômage à la suite d’une « offre d’emploi finale ». Mais qu’arrivera-t-il si cette offre « finale » implique des horaires incompatibles avec la vie de famille ? Les parents qui ne trouvent pas de place en crèche, qui s’occupent de leur enfant en situation de handicap ou qui ne trouvent tout simplement pas d’emploi compatible avec les horaires des enfants subiront une perte de revenus très importante.
Le gouvernement humiliera et appauvrira les parents malades ou en recherche d’emploi en les excluant de la réduction d’impôt pour frais de garde, alors qu’eux aussi ont besoin de faire garder leurs enfants pour se soigner et passer des entretiens d’embauche. Il réduira le revenu réel des parents les plus précaires en n’indexant plus le crédit d’impôt pour enfant à charge. Il introduira les visites domiciliaires chez les familles belges hébergeuses et réduira encore le regroupement familial, contraignant les familles des personnes arrivées en Belgique à un choix insoutenable, entre rester en danger dans leur pays d’origine ou tenter une dangereuse traversée clandestine pour les rejoindre.
La Ligue des familles a à cœur de relever les points positifs et négatifs mais, ici, on peine à trouver les mesures de soutien aux familles. On a l’impression que les négociateurs n’ont pas pris la mesure des difficultés et des défis des parents. Au contraire, ils leur mettent encore davantage des bâtons dans les roues. On connaît les enjeux budgétaires, mais c’est une erreur de calcul : cela mènera à plus d’arrêts de travail, moins d’emploi des femmes, plus de pauvreté. Ce ne sont pas les meilleures conditions pour faire grandir des enfants. 

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