Société

Chômage : une réforme aveugle aux réalités familiales

réforme chômage : la Ligue des familles dénonce une décision aveugle aux situations de très nombreux parents

En mai, le gouvernement s’est accordé sur sa réforme du chômage, qui entrera en vigueur en début 2026. La Ligue des familles dénonce une décision aveugle aux situations de très nombreux parents : parents d’enfants en situation de handicap ou d’enfants gravement malades, familles monoparentales, parents dont les conjoints travaillent le soir, la nuit ou le week-end.

L’accord de gouvernement assurait que les services d’emploi proposeraient une « offre d’emploi finale » en fin de droit de chômage. La Ligue des familles s’inquiétait déjà que cette offre d’emploi tienne compte des réalités familiales. Mais aujourd’hui, on ne trouve plus trace de cette offre d’emploi finale dans les communications du gouvernement. Cela signifie que même si le Forem ou Actiris constatent qu’il n’existe pas d’offre d’emploi adaptée à la situation familiale de la personne, celle-ci sera exclue des allocations de chômage.

Retour à l’emploi : plus complexe encore dans certaines situations familiales

Pour des raisons indépendantes de leur volonté, de nombreux parents ont toutes les difficultés du monde à retrouver un emploi compatible avec leur situation. Les parents d’un enfant en situation de handicap ou gravement malade ne peuvent concilier la prise en charge de leur enfant avec la reprise d’un travail. Ils subiront la fin de leurs allocations de chômage alors qu’il n’existe pas de dispositif de congé suffisant ni toujours de structure collective adéquate pour répondre à leurs besoins. Il en va de même pour tous les aidants proches.
Un autre problème significatif concerne la grave pénurie de places en crèche. Depuis 2019, la Fédération Wallonie-Bruxelles a perdu 1 700 places. De ce fait, 23% des parents travailleurs doivent réduire leur temps de travail, voire arrêter de travailler faute de place en crèche, et les parents en recherche d’emploi ne peuvent pas trouver de travail en l’absence de solution de garde pour leur enfant.
Enfin, de nombreux emplois actuellement vacants (santé, horeca, commerce, industrie, transport...) impliquent des horaires de soirée, de nuit, de week-end ou simplement au-delà des heures de crèche ou de garderie scolaire. Les familles monoparentales, mais aussi les parents dont les conjoint·es travaillent quand il faut s’occuper des enfants ne sont pas en capacité d’occuper de telles fonctions.

Maintien du complément de chômage : pas une solution pour ces familles

Ayant entendu les premières alertes de la Ligue des familles, le gouvernement a indiqué que les personnes qui travaillent à minimum mi-temps et reçoivent un complément de chômage – ce qu’on appelle « l’AGR », Allocation de garantie de revenus - pourront conserver ces allocations.
Tant mieux pour les personnes concernées. Mais cela ne remédie pas aux situations de tous les parents en difficulté, et encore moins aux problèmes précités. Les conditions pour pouvoir obtenir ce complément chômage sont déjà restrictives et inadaptées aux difficultés familiales, ce qui entraîne qu’aujourd’hui, seuls 2% des travailleurs et travailleuses à temps partiel y ont accès. Quand on ne trouve aucune place en crèche, on ne peut pas occuper d’emploi, même à mi-temps, et on n’a déjà pas droit à une AGR. Quand on s’occupe nuit et jour de son enfant lourdement handicapé, non plus.
Cette réforme reste aveugle à des situations familiales déjà très difficiles, et les parents concernés subiront maintenant une perte financière supplémentaire drastique lorsqu’ils arriveront au terme de la période d’un an à deux ans de chômage (selon les situations).
Des pertes de revenus qui peuvent être brutales. Ainsi, une mère cohabitante en fin de droit au chômage perdra près de 750 € chaque mois et ne pourra, dans l’immense majorité des cas, pas bénéficier d’un revenu au CPAS. C’est un appauvrissement radical, une véritable dégringolade financière, qui attend de nombreux parents, et leurs enfants. Malgré toute leur volonté de trouver un emploi leur permettant de faire vivre leur famille décemment.