Société

Adrien est devenu papa pour la première fois il y a quelques mois. Mais, ayant changé de travail peu de temps avant la naissance de son fils, il nous a expliqué ne pas avoir osé prendre la totalité de son congé de paternité. Il a donc « seulement » pris les trois jours rémunérés à 100% par son employeur.
Adrien est loin d’être le seul dans ce cas. Le dernier Baromètre de la Ligue des familles (2020) a encore confirmé que, pour un père sur dix, les freins professionnels restent importants à la prise du congé de paternité/coparentalité qui est pourtant un droit.
Pour la Ligue des familles, ce chiffre n’est pas acceptable. Il est temps de rendre le congé de paternité/coparentalité obligatoire afin de permettre à tous les pères/co-mères de passer du temps avec leur nouveau-né sans crainte de représailles professionnelles.
Un congé rémunéré à hauteur de 100% du salaire
Selon le Baromètre de la Ligue des familles, 11% des pères/co-mères ne prennent pas leur congé de paternité/coparentalité parce qu’ils et elles craignent une perte de revenu. Cette crainte est tout à fait justifiée pour les pères/co-mères qui prennent plus de trois jours de congé. Actuellement, l’employeur/l’employeuse paie au père/à la co-mère un salaire normal pour les trois premiers jours de congé de paternité/coparentalité. Pour les douze jours suivants, la mutuelle verse 82% de son salaire brut (plafonné à 118 €/jour).
Il est dès lors essentiel de rémunérer le congé de paternité/coparentalité à 100% du salaire pour permettre à tous les pères/co-mères de prendre un congé de paternité/coparentalité sans craindre de se mettre en difficulté financière. La Ligue des familles plaide bien entendu pour que le congé de maternité soit également rémunéré à hauteur de 100%.

11% des pères/co-mères ne prennent pas leur congé de paternité/coparentalité parce qu’ils et elles craignent une perte de revenu
Un congé obligatoire pour éviter les craintes de conséquences professionnelles
Pour la Ligue des familles, il est fondamental que le congé de paternité/coparentalité soit obligatoire. En effet, à tort ou à raison, aujourd’hui, des pères/co-mères ont l’impression que s’ils ou elles prennent la totalité des jours disponibles, ce sera mal vu par leur employeur/employeuse ou que cela les mettra en difficulté dans leur environnement professionnel.
Notre dernier Baromètre des parents (données Ipsos) l’a mis en évidence : les pères/co-mères expliquent ne pas avoir pris leur congé de parentalité/coparentalité dans sa totalité par crainte de conséquences négatives au travail. C’est notamment ce qui s’est passé pour Adrien qui n’a même pas osé demander la totalité du congé auquel il avait pourtant droit.
En rendant le congé de paternité/coparentalité obligatoire, l’idée n’est pas de faire peser une contrainte sur les pères/co-mères : au contraire, il s’agit de leur permettre, à tou·tes, de prendre ce congé sans craindre de conséquences professionnelles négatives. Comme c’est déjà le cas pour le congé de maternité, les pères/co-mères ne devraient alors plus aborder le sujet au travail, il s’agira d’une évidence : « Je vais avoir un enfant, je serai donc absent·e pendant vingt jours » (idéalement beaucoup plus).
Déjà obligatoire dans l’enseignement et dans d’autres pays d’Europe
Le congé de paternité/coparentalité est devenu obligatoire pour les membres du personnel enseignant de la Fédération Wallonie-Bruxelles alors qu’il reste facultatif pour le reste des parents : sur les quinze jours de congé, dix jours sont devenus obligatoires.
Mais ce n’est pas tout, d’autres pays européens ont déjà rendu ce congé obligatoire. En juillet 2021, la première semaine du congé de paternité/coparentalité est devenue obligatoire en France. Au Portugal, les vingt premiers jours du congé de paternité/coparentalité sont obligatoires. En Espagne, ce sont les six premières semaines qui suivent la naissance qui sont obligatoires pour les pères/coparents.
Aussi, le congé de maternité est obligatoire pendant neuf semaines. Certes c’est la mère qui accouche, mais sans le père ou la co-mère à ses côtés, il est impossible pour la mère d’espérer se reposer et récupérer de l’accouchement alors qu’elle est seule avec son nouveau-né.
Pour la Ligue des familles, il faut que le gouvernement rende le congé de paternité/coparentalité obligatoire pour les pères/co-mères. Il faut d’ailleurs être plus ambitieux et rendre le congé actuel de quinze jours obligatoire (et le reste dans sa totalité quand il passera à vingt jours).