Comment bien vivre avec son passé ?

Comment se fait-il qu’au sein d’une fratrie, les souvenirs, heureux ou malheureux, liés à une scène vécue ensemble puissent être si différents ? Quels effets ont nos madeleines de Proust sur notre état présent ? Pourquoi est-il constructif de faire la paix avec un passé douloureux (traumatisme, deuil…), et pas de le fuir ou de le ressasser sans fin ?

C’est à de telles questions que le philosophe Charles Pépin s’attache dans son nouveau livre, Vivre avec son passé. Une philosophie pour aller de l’avant (Allary Éditions). Il le fait avec élan. Son essai est riche d’espoir.

 

Cet adepte d’une « philosophie pratique », pédagogue hors pair, montre combien il est précieux que nous nous replongions dans notre passé pour construire notre avenir. Car ce passé, « nous pouvons le réinterpréter, le revisiter, et même le transformer ». C’est une affaire de liberté, en fait ! Pour étayer son idée, il s’appuie sur les progrès des neurosciences et se réfère à la « géniale intuition » du philosophe Henri Bergson.

« Je me souviens, donc je suis ». Nous sommes faits de passé plus que de présent. Et nos souvenirs, s’ils ne peuvent pas s’effacer de notre mémoire, « sont vivants ; ils sont régulièrement rappelés, renforcés, consolidés, parfois même recréés, voire imaginés ». Notre passé est présent en nous : déjà dans nos goûts ou dans nos peurs. Il est là, « prêt à bondir ». Il nous oriente. Alors, mieux vaut « agir sur notre passé et par là même sur notre présent, sur notre capacité à aller de l’avant », plaide Charles Pépin. Par exemple, au moyen des nouvelles psychothérapies de « reconsolidation de la mémoire », elles qui permettent de travailler sur nos souvenirs douloureux pour en corriger l’éclairage.