Développement de l'enfant

Comment éviter la tête plate à mon bébé ?

Années 1990 : le conseil de faire dormir les bébés sur le dos dès la naissance fait chuter le nombre de morts subites du nourrisson ; et ce, après des années de coucher sur le ventre. Dans le même temps, le nombre de bébés ayant une tête plate explose. Alerte, crie le pédiatre français Thierry Marck qui, avec le docteur Bernadette de Gasquet, a signé Mon bébé n’aura pas la tête plate. Prévenir et traiter la plagiocéphalie (Albin Michel).

Comment définir la plagiocéphalie ?
Thierry Marck :
« Ce terme (du grec ‘plagio’ : oblique) renvoie à une torsion du crâne, mou à la naissance, par pression exercée de façon asymétrique : un côté de la tête est abîmé. Un autre type de déformation est la brachycéphalie (du grec ‘brakhus’ : court) : le crâne a été rapetissé par aplatissement arrière. D’une façon générale, le mot plagiocéphalie concerne toutes les têtes plates, déformées. »

Vous expliquez qu’une recommandation médicale - le coucher sur le dos - a eu un effet pervers - les têtes plates. Comment en est-on arrivé là ?
T. M. : « Dans les années 1970-1980, des pédiatres occidentaux s’occupant de prématurés ont observé que, placés sur le ventre, ces petits bouts avaient un éveil précoce. De là, tous les bébés, aux États-Unis et en Europe, ont adopté la position ventrale, dans l’idée de progrès psychomoteurs.
À partir du moment où on a mis les nourrissons sur le ventre, on a constaté, dans les pays dits développés, une hausse de la mortalité infantile. Chaque pays a mené l’enquête. Conclusion : la cause de ce qu’on allait appeler la mort subite du nourrisson était liée au coucher sur le ventre. Catastrophe ! La position ventrale devait être interdite. En 1992, le mot d’ordre a été Safe to sleep : pas sur le ventre, mais sur le dos ou sur le côté. La courbe de morts subites s’est fortement infléchie. Pour l’infléchir encore plus, le mot d’ordre est devenu en 1996 Back to sleep : uniquement sur le dos. Cela n’a pas accru la chute du nombre de morts subites. Par contre, cela a généré des têtes plates… En fait, ce n’est pas tant le fait de coucher les bébés sur le dos qui a baissé le nombre de morts subites, c’est surtout celui de ne plus les coucher sur le ventre ! »

Et là, vous tirez la sonnette d’alarme…
T. M. : « Le monde médical a fait une grosse bêtise. Et au lieu de s’excuser, il a crié victoire en proclamant : ‘On a trouvé le moyen d’éviter les morts subites, c’est de coucher les nourrissons sur le dos.’ Et le ‘sur le dos’, dès la naissance, est devenu la loi. Alors qu’il aurait mieux valu les mettre sur le côté, comme cela se faisait traditionnellement, avant la politique du coucher sur le ventre.
Pour expliquer les morts subites, on a oublié de dire que les bébés qui, mis sur le ventre, bougeaient mieux étaient décédés étouffés par un obstacle rencontré dans leur lit (oreiller, couette, etc.).
Aujourd’hui, un bébé sur deux a la tête plate. Le message donné est : ‘Il y a des dégâts, mais ce n’est pas grave, cela disparaîtra avec le temps’. Mensonge ! Les déformations crâniennes ont des conséquences. Esthétiques, mais pas seulement. Des études faites sur des enfants de 18 et 36 mois atteints de plagiocéphalie montrent qu’ils ont des performances psychomotrices et cognitives diminuées. »

Observer le nourrisson

Vous proposez de respecter la physiologie du nourrisson…
T. M. : « Dans l’utérus, le bébé est en arrondi. Une fois né, il reste replié. Vous le mettez sur le dos, il ne tient pas et bascule. Placez-le sur le côté : il a une surface d’appui importante, il est bien. En agissant ainsi, on n’abîme pas son crâne qui est le plus vulnérable dans les premières semaines de vie. Ne pas respecter la physiologie du nourrisson, c’est lui faire violence !
Certains disent qu’un nouveau-né placé sur le côté risque de se retourner sur le ventre. Impossible avant ses 2 mois : son bras lui sert d’obstacle. Il y parviendra vers 4-5 mois. Il y a deux exceptions. Le cododo : dans le lit, la maman en dormant crée un creux et le bébé peut basculer sur le ventre. L’emmaillotage : le bébé emmailloté ne repose pas tout seul avec un bras ou une cuisse, il faut le caler. »

Vous invitez les parents à exercer leur bon sens. Votre livre ne devrait-il pas d’abord toucher vos confrères ?
T. M. : « Mon combat s’adresse aux parents, aux confrères et aux ‘têtes pensantes’ de la pédiatrie. Je propose aux parents d’être attentifs à l’arrière-crâne de leur bébé. Je voudrais que les médecins examinent les têtes des bébés. Mais, par fierté mal placée, je ne pense pas qu’ils réviseront leur point de vue. La solution viendra des ‘lits respirants’. Ce système permet à l’enfant, quelle que soit sa position, de ne risquer ni la mort subite du nourrisson, ni la déformation du crâne. »

EN PRATIQUE

Conseils aux parents d’un nourrisson

  • Le coucher sur le côté à la naissance, puis sur le dos ou sur le côté. S’il dort sur le dos, alterner les côtés de positionnement de la tête.
  • Vider le lit de tout obstacle : oreiller, édredon, tour de lit, etc.
  • Chauffer la pièce à 20°C avant l’âge de 2 mois et à 18°C ensuite.
  • Veiller à la mobilité de la tête : non au cale-tête dans la poussette ou le transat.
  • Quand le nourrisson est éveillé, lui faire passer du temps sur le ventre.
  • Parler de tout cela avec le pédiatre.

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