Vie pratique
« Mon second fils est porteur d’un handicap léger lié à une lésion cérébrale. Nous aimerions envisager une solution de logement pour le rendre plus autonome et surtout lui permettre davantage de contact avec des gens de son âge. Quelles sont les possibilités et conditions pour faire partie d’un habitat inclusif ou communautaire ? »
Françoise, maman de trois garçons de 24, 31, 33 ans
« La toute première condition et certainement la plus compliquée, c’est de trouver une place. Dans le secteur du handicap, le manque est chronique et porte sur l’ensemble des services d’hébergement, d’accompagnement ou de soins à domicile. On parle de délais d’attente qui varient entre un et dix ans », explique Marie-Luce Verbist, directrice de la Fondation Portray.
En ce qui concerne l’hébergement, trois options se présentent. Primo, les structures institutionnelles qui accueillent des personnes porteuses de handicap léger ou lourd. Elles offrent l’avantage d’exister en plus grand nombre et de couvrir géographiquement chaque zone. Par contre, comme leur nom l’indique, il s’agit d’institutions qui fixent un cadre plus ou moins strict pour les levers, les couchers, les repas. Par ailleurs, l’accueil des handicaps plus lourds impacte nécessairement les contacts sociaux entre résident·es. Deuxio : l’hébergement en autonomie complète avec des aides ponctuelles à domicile. Mais cette formule ne satisfait pas le besoin communautaire.
Tertio, les habitats inclusifs solidaires comme ceux créés par la Fondation Portray. « Il en existe déjà trois situés à Court-Saint-Étienne, Molenbeek et Chaumont-Gistoux. Dans deux mois, un nouveau ouvrira à Fosses-la-Ville et nous travaillons sur cinq nouveaux projets à Waremme, Ottignies, Rixensart, Namur et Marche-en-Famenne. Il s’agit de bâtiments composés de quatre à huit appartements dans lesquels vivent des personnes porteuses de handicap similaires ou différents, c’est selon. Chacun vit en autonomie complète dans son appartement avec salle de bains et cuisine privée, mais peut aussi profiter d’espaces communautaires ».
Cette option est celle qui répond au mieux aux besoins principaux, mais il faut savoir qu’elle est lourde et longue à mettre en place. Il faut compter entre trois et dix ans pour mettre sur pied un habitat inclusif. Dans certains cas, la Fondation porte et pilote le projet, dans d’autres, elle accompagne un groupe de parents qui est à l’initiative comme c’est le cas pour le projet de Namur.
« Pour chaque habitat inclusif, nous travaillons avec des services d’accompagnement qui dépendent de l’AViQ pour la Wallonie ou du Phare à Bruxelles. Ces services ambulatoires accompagnent les personnes pour rendre cette vie en habitat inclusif possible. Ça peut être une aide pour faire des courses, pour se rendre à son travail en transports en commun et cela s’inscrit sur du long terme, jusqu’à ce que la personne soit pleinement à même de réaliser la tâche seule. Ces services participent également à la dimension communautaire de l’habitat.
Pour rejoindre un habitat inclusif, il faut poser sa candidature. Des places sont encore disponibles pour les projets de Rixensart, Waremme et Ottignies. Pour Rixensart, le délai est estimé entre trois et six ans. Pour Ottignies, il faut compter plus de temps.
EN SAVOIR +
La Fondation Portray
Créée il y a vingt ans à l’initiative de l’asbl Inclusion, la Fondation Portray pour l’après-parent a pour objectif de penser à la vie des personnes en situation de handicap en dehors de l’accompagnement parental (parents trop âgés, en fin de vie, décédés…). Pour ce faire, elle conseille et soutient les familles pour répondre aux besoins financiers soit via des fonds nominatifs, soit via un soutien financier ponctuel. Depuis 2014, elle est aussi active sur le volet logement par la création d’habitats inclusifs.
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