Santé et bien-être

La rhubarbe n’est pas la meilleure amie des enfants. Si elle attire par son aspect et ses jolies couleurs, son acidité fait vite office de répulsif. La barbe, cette mauvaise réputation. Il est temps que ça cesse. Sven, papa jardinier et « rhubarbiste » convaincu, nous explique comment il est arrivé à convertir sa progéniture. Et vous allez vite voir comme elle est bonne, la rhubarbe à papa.
Avant toute chose, tordons le cou à une première idée reçue : bien qu’on l’adore dans une tarte sucrée ou en confiture, notre aliment star du mois n’est pas un fruit, c’est un légume. Un légume aux propriétés d’une richesse sans pareille. Pleine de vitamine B9, riche en fibres et en antioxydants, elle favorise une digestion saine et aide à prévenir la constipation. Et pour les parents qui font attention à leur poids, elle est hypocalorique. Vous pouvez donc en manger à volonté. On a débusqué son plus grand fan(e), Sven qui en fait pousser dans son jardin en ville.
Tou·tes acides à la même table
Le papa nous montre ses nombreux bocaux avec la fierté d’un collectionneur. « Tout ça, ça vient du jardin. Je mets les jeunes tiges crues pelées dans de l’eau, ça tient plusieurs mois sans problème. Autrement je les congèle, ça marche avec les tiges crues, cuites ou simplement blanchies ».
Seul hic, pendant plusieurs années, la passion de ce papa pour ce légume n’a pas suscité l’adhésion auprès du reste du clan. Ni de sa compagne, ni de ses filles de 7 ans et 10 ans. Il la décline pourtant sous toutes ses formes sans technique d’approche. Il apprend alors à ses dépens qu’acidité et papilles gustatives des enfants font rarement bon ménage. Une acidité que même les souvenirs d’enfance paternels ne parviennent pas à adoucir.
« Je leur ai expliqué pourquoi je l’aimais tant. Je leur ai parlé des crumbles de ma grand-mère qui me réjouissaient quand j’avais leur âge ». Si la transmission attendrit, elle ne convainc pas le public, obtus en matière de goût. Mais notre rhubarbophile a plus d’un tour dans sa besace. L’opération « Rhubarbe, j’en suis baba » se met vite sur pied. Notre chef réfléchit à une première approche, celle qui consiste tout simplement à transmettre à ses filles tout le savoir familial.
Absolument pas rhubarbatif
« La rhubarbe, ma grand-mère qui la mariait avec la pomme et le gingembre. On le lit peu, rhubarbe-gingembre, ça fait la paire ». Mettre la main à la pâte. Expliquer ce qui se marie avec quoi. User de pédagogie. Inoculer. Est-ce que la recette fonctionne ? « Pas vraiment », reconnait le papa, confus.
Il ne s’arrête pas en si bon chemin, convaincu que l’alliance rhubarbe-pomme-gingembre peut faire la différence. Il décide donc de ruser et de proposer le tout sous forme de compote. « C’est à mon sens, la façon la plus ingénieuse d’adoucir l’acidité du légume et d’acclimater petit à petit les enfants à ce goût unique ».
Parole de convaincu. Et alors ? Succès. Les enfants adorent. Mieux, ils convertissent les copains-copines de l’école. Le goûter chez Sven devient un haut lieu gastronomique à la réputation grandissante.
La deuxième étape ne se fait donc pas attendre : la rhubarbe, oui, mais sous forme de boisson. Une lubie de Sven pour recycler ses surplus de tiges. Un soupçon de bleuets, de citron, de fruits… toutes les expérimentations y passent. Le résultat fascine, d’autant que la couleur rose de la boisson laisse peu indifférent·e.
Petit à petit, la rhubarbe s’invite de plus en plus à table, sous des formes diverses et variées. En gâteau avec une version caramélisée. En tarte avec des copeaux de noix de coco. Et une recette que Sven nous fait goûter en version salée. Quoi de plus normal, après tout il s’agit d’un légume.
Sa grande découverte : l’alliance de la rhubarbe et du poulet, le tout mariné dans du cidre. Le poulet peut être remplacé par des protéines de soja, pour une version dans laquelle aucun animal n’y perd de plume. Quelques recherches plus tard, notre homme se rend compte que la rhubarbe fonctionne merveilleusement bien en curry de légumes avec des lentilles.
Notre légume du mois se consomme donc sous plein de formes différentes. On dirait bien qu’avec, il semble impossible de se barber.
LA RECETTE
Rhubarbe-chèvre
Nous aussi, on adore faire voyager ce légume. Nous vous proposons donc de le marier à du chèvre. Rien de plus simple.
Le point de départ : une pâte à tarte (maison, c’est toujours mieux). Vous émiettez de l’origan après l’avoir disposée dans son plat. Au four, vous précuisez la pâte 15 minutes à 180°C. Pendant ce temps, vous faites fondre du beurre dans une poêle, puis vous y jetez 300 g de rhubarbe pelée, en morceaux, que vous arrosez de bouillon de légumes. Ajoutez-y un peu de miel. Faites revenir 10 minutes.
Sortez votre tarte. Tapissez-la généreusement de tranches de fromage de chèvre. Recouvrez votre poêlée de rhubarbe et remettez le tout 5 minutes au four. Le tour est joué. Personne ne vous interdit de rajouter un peu de noix ou des pignons de pin. À déguster chaud ou froid comme compagnon de pique-nique.
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