De Sciences-Po à maraîchère, portrait d’une NIMAcultrice

En 2018, Alix Bricteux entame alors une formation au Crabe (Coopération de recherche et d’animation du BW-est), et rejoint le projet du collectif agricole Les Granges de la Gageole. « Mais, entre le montage financier et le permis d’urbanisme compliqué à obtenir, le projet de la ferme a pris du temps à se concrétiser ».
Maintenant que les travaux sont enfin terminés à Horrues, près de Soignies où elle vit « depuis sept-huit ans », elle a pu opérer, à 35 ans, le grand saut : devenir maraîchère, sur les terres du collectif. Elle crée Pétiole – prononcez péssiole, le nom de la partie qui lie une feuille à la tige – et opte pour le système de l’auto-cueillette.
« Le gros point positif, c’est que je ne vais pas me retrouver isolée. L’idée que les gens passent un moment au champ pour venir cueillir leurs légumes, cela crée une vraie communauté. Il y aura des moments d’échange. C’est super important. Parce que cela permet non seulement d’avoir des retours, mais également de sensibiliser aux enjeux d’une agriculture supportée par la communauté. »
Sur le sujet, Alix est intarissable. « Les gens sont de moins en moins connectés entre eux, ils ne savent plus comment les choses poussent, la saisonnalité, les différences de pratiques bio versus conventionnel… J’ai envie de pouvoir leur expliquer à quel point une attaque de limaces peut être cata et pourquoi leurs légumes sont un peu moches. Mais aussi expliquer ce que vivent les différent·es collègues, être le relais des autres, sans opposer différents modèles d’agriculture, pour que les gens soient plus au fait qu’il est difficile maintenant de faire de l’agriculture locale en Belgique ».

Derrière ces enjeux politiques se meut également la volonté de créer un lieu accueillant où les familles se sentent à l’aise. « La dimension que j’aimerais pouvoir construire, c’est que cela devienne une sortie en famille. Que cela ne se réduise pas à cueillir vite, vite ses légumes, mais de pouvoir passer du temps aux champs ». À cette fin, elle envisage d’avoir des petites brouettes, des pelles, des tracteurs et une table à coloriage. « De nombreux parents font leurs courses sans leurs enfants pour éviter les tracas. Moi, j’ai envie de proposer une expérience que tout le monde a envie de vivre. Certains parents n’ont jamais emmené leurs enfants dans un potager, c’est précieux ».
Bien sûr, c’est un pari osé, un lancement vers l’inconnu, car le modèle n’est pas courant dans le coin. « Je suis confiante, car je sais qui appeler en cas de pépin : j’ai de nombreux collègues maraîchers dans le réseau, informel, de l’auto-cueillette. Après, le vrai stress, c’est la météo, mais ça, c’est vrai pour tout le monde ! ». Alors si chausser bottes et imperméable de temps à autre ne vous fait pas peur et que vous êtes prêt·es à vous lancer dans une nouvelle expérience, n’hésitez plus : il reste encore quelques places disponibles.

• Pétiole : le prix de l’abonnement est de 370€ par personne pour 35 semaines de cueillette (soit environ 10,5€ la semaine), et au prorata selon l’âge de l’enfant.
• Pour en savoir plus sur le projet agricole Les Granges de la Gageole.
• Pour trouver une autre formule d’auto-cueillette plus près de chez vous.
• Pas le temps ou l’envie de cueillir vos légumes vous-mêmes, mais bien celle de supporter nos agriculteurs et agricultrices ? Les Gasap (Groupes d’achats solidaires de l’agriculture paysanne) ou les GAC (Groupe de personnes bénévoles qui se réunissent pour acheter des produits directement chez le producteur) sont des modèles qui méritent votre intérêt. Infos : gasap.be/carte