Vie pratique

L’ARCHIVE DU MOIS
Idées de menus pour la Noël 54. Potage grand-mère, soles normandes, lapin rôti, bûche aux marrons. Les casseroles frétillent déjà. Poivre, beurre et sel sont au taquet. Rayon cadeaux, ça se bouscule dans les pubs bien genrées. Et pourquoi pas un rasoir électrique à deux têtes pour papa ? Une machine à tricoter pour maman ? De ravissantes poupées de tous les pays pour les filles ? Des maquettes automobiles des derniers modèles (1953) sortis chez MG pour les garçons ? Ou, encore, un authentique coucou de la Forêt noire pour le bonheur de toute la famille ?
Face à ces tentations culinaires et matérielles, le Ligueur met plutôt en avant les réveillons à vivre comme de vraies fêtes de famille. Où l’on chante, où l’on rit. Ensemble. Avec la satisfaction de resserrer les liens, de donner de la joie contagieuse aux fratries.
C’est dans ce contexte que le magazine parental se fait l’écho d’une petite étude menée en France auprès de 350 écoliers de 8 à 16 ans. Elle touche de près aux réunions de famille, puisqu’il est question du dimanche. Seul jour de la semaine où parents et enfants se retrouvent, sans contraintes d’école ou de travail. À l’époque, en France, les enfants ont congé le jeudi, mais vont à l’école le samedi matin, parfois aussi l’après-midi.
Le dimanche est donc un moment privilégié. Ou devrait l’être. Pour 60% des enfants interrogés, ce jour de relâche mériterait d’être un peu plus adapté aux enfants. Parmi les griefs, l’absence du père : « Papa ne reste pas avec nous parce que nous le fatiguons ». Mais aussi la monotonie, les visites obligatoires où « il faut rester assis et on ne sait que faire... ». Et surtout, il y a le dégât collatéral des repas de famille, la vaisselle. « Il faudrait que les repas du dimanche soient servis plus simplement » se plaint une petite de 5e.
Pourtant, il ressort de l’enquête que les parents font généralement de leur mieux. « Ils s’ingénient à rendre ce jour aussi agréable que possible. S’ils n’y réussissent pas toujours, c’est plus par méconnaissance du goût des enfants que par mauvaise volonté ».
Très pragmatique, le Ligueur liste les conclusions pratiques de l’enquête. Tout d’abord, le dimanche, tout le monde doit être content. Il faut donc faire des petites concessions. Les parents doivent admettre que les enfants n’ont pas les mêmes goûts qu’eux et les grands-parents doivent arrêter de répéter « de mon temps ».
Ensuite, à bas la routine. Pas de promenade rituelle. Ou d’horaire immuable. Il faut de la surprise. « Les occupations doivent être variées le plus possible ». Enfin, si la promenade rituelle n’a pas la cote, les longues balades à pied pour tous les âges, elles, sont conseillées. De véritables expéditions pédestres avec « des haltes prévues et ces merveilleux pique-niques qui ont tant de faveur » dans lesquelles les enfants sont impliqués, « emplettes, cuisine, préparation des sacs ».
Même si un dimanche de 1954 se vivait sans écran, sans intelligence artificielle ni smartphone, il y a sans doute quelques petites pistes de réflexion à explorer aujourd’hui dans ce texte qui fête ses 70 ans tout pile. Entre diversité salvatrice, grand bol d’air fédérateur et meilleure connaissance des autres, il est d’un bon sens aussi puissant que l’adage qui affirme que « ce n’est pas tous les jours dimanche ».
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