Développement de l'enfant

« Des jumeaux, ce sont seize biberons par jour »

Deux bébés simultanément… « C’est plus un bonheur qu’autre chose, confie tout de go Carla, maman de Félix et d’Émile, 4 mois. Si c’était à recommencer, je dirais oui tout de suite. Mais on doit absolument s’organiser ». Le mot est lâché : pour les parents de jumeaux, voilà la tâche principale des toutes premières semaines avec leurs bébés.

Après le moment de surprise à l’annonce de la nouvelle… énorme, l’attente sous surveillance rapprochée et le tourbillon de sentiments - d’une joie indescriptible à une peur panique -, les voilà, ces petits jumeaux. Souvent, parce qu’ils naissent prématurément, ils séjournent quelques jours ou semaines dans un service de néonatologie. « Une première épreuve », se souvient Carla qui a accouché à 34 semaines.
Puis, il y a le retour à la maison. Avec, pour les parents, un lot de préoccupations très terre à terre, mais pas seulement.

Organisation : le maître mot !

Pour Carla, le papa et leurs deux bébés, le retour à la maison s’est fait… chez les grands-parents « car la maison que nous venions d’acheter n’était pas prête ». Une chance, en quelque sorte.
« Ma maman, institutrice, m’a pas mal aidée au début. Parce qu’ils étaient de très petit poids, je devais nourrir Félix et Émile toutes les deux, trois heures, jour et nuit. Je tirais mon lait toutes les trois, quatre heures. C’était lourd… Depuis deux mois, nous sommes dans notre maison. J’arrive à gérer. Les enfants font leurs nuits. Ils ne se réveillent pas en même temps le matin. Ils boivent toutes les quatre, cinq heures, c’est plus espacé. Maintenant, je peux davantage profiter d’eux. Avant, j’avais à peine le temps de faire un câlin à l’un que l’autre me réclamait. »
Nourrir (et on le rappelle : allaiter des jumeaux, c’est tout à fait possible), changer, apaiser… Les premières semaines de vie, un nouveau-né, ça épuise. Alors, imaginez quand les sollicitations sont multipliées par deux ! « Les bains sont donnés à la chaîne. Les sorties exigent une organisation d’enfer. Parfois, je n’ai même pas le temps de manger… »
Et le reste ? « Impossible de nettoyer quand Félix et Émile font la sieste, ça fait trop de bruit. Pour les tâches ménagères, j’attends que mon mari soit là. Quant à la vie privée, elle est tout simplement mise de côté pour un temps. »
Aurore, maman de Léa et de Paul, aujourd’hui 4 ans, confirme : « Au début, on est tout le temps dans l’action. Pensez : seize biberons par jour ! On est obligé de mettre en place des stratégies. On a créé un tableau Excel : qui a bu quand et combien ? Quel est leur poids ? Ont-ils fait caca ? Etc. »
La vie avec des jumeaux chamboule complètement. « C’est une chance qu’ils étaient en bonne santé ». La fatigue s’installe, le manque de sommeil devient criant. « Les quinze premiers jours, mon mari et moi n’avons pas dormi. Puis l’un veillait pendant que l’autre dormait. »

Les papas sur le pont !

À l’arrivée de jumeaux, le papa aurait-il une place spéciale ? « Pour moi, observe Carla, il doit tout de suite être très impliqué ». « Les premiers mois, mon homme s’est transformé en maman, se rappelle Aurore. Puis, petit à petit, il est sorti de ce rôle pour me laisser, à moi, le bonheur d’être maman. »
Toutes les aides sont bienvenues. Et d’abord, celle des proches, qui prennent le relais pour une après-midi ou une nuit. « Quand un ami débarque, explique Carla, on lui confie facilement Émile ou Félix. On prend de l’aide là où on peut ! »
Rencontrer d’autres parents de jumeaux - sur Facebook ou via une association -, est-ce précieux ? Aurore, nette : « On n’y pense pas, tellement on est dépassé ». Mais échanger permet de prendre du recul par rapport à ce qu’on vit et de construire ses réponses quand les questions se succèdent : jusqu’à quand faire dormir des jumeaux dans un même lit ? Quelles sont les solutions de garde ? Un parc pour jumeaux ou un simple parc ? Comment les individualiser ? Etc.

Lequel des deux d’abord ?

« Tu donnes le biberon à l’un, mais ton attention est fixée sur l’autre », explique Aurore. Les parents de jumeaux se disent tiraillés. Comment profiter, sereinement, d’un bébé à la fois ? Comment se sentir équitable avec eux ?
« Ce qui est dur, raconte Carla, c’est quand les deux pleurent : on ne sait pas lequel prendre en premier. J’essaie de faire une fois l’un, une fois l’autre. Mais on a envie de les prendre en même temps, ce que je fais souvent. Les deux sur mes genoux… je ne peux plus bouger, mais on est bien à trois. »



Martine Gayda

HELP !

  • En cas de naissance multiple, le congé de maternité est allongé : il peut atteindre dix-neuf semaines (au lieu de quinze). Le congé de paternité, lui, reste inchangé : dix jours. Plus d’infos dans  le Ligueur et mon bébé.
  • Si les parents de triplés ont droit à une aide spécifique dans les tâches quotidiennes, rien de semblable n’existe pour les parents de jumeaux. Ils peuvent néanmoins demander une aide familiale auprès de leur commune ou de leur mutuelle.
  • Pour papoter, échanger, sortir de l’isolement, il y a aussi les groupes de parents sur Facebook. Comme « Mamans de Twins », apprécié par Carla, une de nos mamans témoins.
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