Loisirs et culture

Du théâtre, des familles, des portes à ouvrir…

Et si, dans les mois à venir, on projetait une sortie au théâtre avec son enfant, son ado ? L’occasion d’une découverte commune où plaisir et réflexion vont de pair. À Huy, cet été, les Rencontres Théâtre Jeune Public ont dévoilé 36 spectacles amenés à tourner. Parmi ceux-ci, des pépites ! À défaut de pouvoir les évoquer toutes (mais nous y reviendrons en cours d’année), nous en épinglons cinq. Ces cinq-là parlent famille. Et qui dit famille dit bien souvent secret. Voyons ça de plus près…

Casimir

© Erick Duckers

Cie Arts & CouleursDès 6 ans

Cette famille-là vient « d’ailleurs » : Casimir et les siens ont de petits bonnets bleus alors que ceux des habitant·es du village sont rouges. Cette famille a dû certainement quitter une situation dramatique pour se retrouver en plein hiver dans ce lieu, certes a priori sécurisant, mais glacial ! Du bout du bonnet, les autochtones votent finalement oui pour les accueillir, il fait si froid ! Au fil du temps, la cohabitation s’organise, mais jamais de façon tout à fait fluide. Jusqu’au jour où Casimir et sa famille se retrouvent éjectés du village.
D’après les Contes d’hiver du grand Grégoire Solotareff (L’École des loisirs), Casimir touche en plein cœur. Il nous rappelle la grande mesquinerie dont peut être capable l’humain. Dans leur « clairière des pas perdus », des lutins rejouent le rejet récurrent lorsqu’il se nourrit de peur, d’envie et de repli. Mis en scène très justement par Jean-Michel Frère, dans un décor splendide, conçu d’une toile peinte, d’arbres et d’objets ciselés, Martine Godard, Sabine Thunus et Gauthier Vaessen nous emmènent, avec une grande profondeur de jeu, dans des problématiques cruciales sans se départir de la magie qui permet de s’emparer de ces questions et de les faire siennes. Un bijou.

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J’ai enlevé mamie

© Ger Spendel

Le Théâtre des 4 Mains Dès 7 ans

Cette famille-là semble amputée d’un être absent dont on ne parle jamais. Lou sait juste que son grand-père est parti. Où ? Elle n’en sait pas davantage et, chez elle, on n’en parle pas. Mais, à l’occasion d’une rare visite au home, lorsqu’elle entend sa mamie exprimer son désir de le retrouver, la petite fille la prend au mot et décide d’enlever sa drôle de grand-mère pour une aventure rocambolesque. De la mer du Nord aux Ardennes, en passant par la capitale, le duo cherchera, coûte que coûte, cet homme tant aimé. La mémoire de mamie défaille plus qu’à son tour - « ça s’emmêle dans ma tête » - mais qu’importe, Lou tient le cap.
Marionnettes, ombres, couleurs vives, images, musiques… mille trouvailles pour narrer les différents lieux, les ambiances, les personnages, leurs spécificités en quelque soixante minutes. C’est épatant. Au printemps, nous avions dévoré le roman de Jérôme Poncin, au titre éponyme (Alice Éditions). En le transposant au théâtre, l’auteur y fait suivre à merveille la joie et l’amour qui émanent à la lecture. Les formidables Jeanne Decuypere, Simon Hommé, Anaïs Pétry et Benoît de Leu de Cecil y sont aussi pour beaucoup. Fantaisie, candeur et délicatesse sont les ressorts empruntés pour parler finement de la famille, de ses liens, de ses tourments inévitables, du deuil. Et de l’urgence d’aimer.

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La pomme empoisonnée

© Philippe Pache

Pan ! (La compagnie) - Dès 9 ans

Cette famille-là est recomposée. Sur une longue table, la célèbre pomme rouge. Mais qui l’a empoisonnée ? La belle-fille ou la belle-mère ? La rencontre entre ces deux-là semblerait pouvoir avoir tout d’un joli conte de fée mais n’en reste pas moins complexe. La vraie vie, en somme ! Ici, les parents ont décidé de « faire château à part ». Et voilà que déboule une nouvelle compagne côté papa. La jeune femme et l’enfant vont apprendre à se connaître, à repousser des limites, à se comprendre et, in fine, à s’aimer. Malgré l’inconnu, les doutes et les conflits de loyauté que comporte ce type d’aventure.
Mené tambour battant par les irrésistibles Ninon Perez et Diana Fontannaz, ce spectacle écrit et mis en scène par Julie Annen est un trésor d’inventivité et d’authenticité. Il se lit à plusieurs niveaux, que l’on soit enfant ou (beau-)parent, il est rempli de dérision, de délicatesse et de subtilité. Il invite à la confiance dans un salutaire lâcher-prise et dans d’autres façons de vivre ensemble. Cette pomme se déguste résolument à tout âge et peut faire un bien fou à tout qui la mangera.

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Défaut d’origine

© Alice Piemme

Théâtre des Chardons - Dès 12 ans

Sa famille à elle lui laisse une blessure profonde. Yasmine Laassal doit son prénom au Télé 7 jours de sa mère et son nom à un père aussitôt parti. À 3 000 kilomètres du Mouscron natal de la petite fille, il lui laisse l’absence et une « tête d’arabe » qui lui vaudra, enfant, de jouer le corbeau plutôt que la princesse dans la cour de récré ou d’entendre au cours de théâtre, adolescente, « Tu es très bien mais tu ne joueras jamais Juliette ».
Seule en scène, étincelante, majestueuse, drôle et sincère, Yasmine Laassal raconte son histoire avec une puissance qui vous visse sur votre chaise de bout en bout, vous emmène sans ambages dans ce monde qu’est le nôtre, parfois si cruel, injuste, parsemé de belles rencontres, mais parfois si complexe qu’il vous laisse dans un désarroi gigantesque. Fort d’une écriture élégante et sans failles, d’un travail scénique impeccable (partagé avec Bouchra Ezzahir), ce vibrant Défaut d’origine émeut, remue et pose, au final, une question salutaire dès lors qu’on remplace l’habituel « D’où viens-tu ? » en « Où es-tu le mieux ? ».

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Punch Life

© Goldo - Dominique Houcmant

Ateliers de la CollineDès 13 ans

La famille de Margot semblait offrir fortune, gloire et beauté. De quoi rendre la vie sublime et parfaite ? En tout cas, Margot choisit d’y donner fin. Dans son bain, « elle taillade ses jours ». D’un « autre monde », Justine, adolescente tourmentée et la plupart du temps rejetée, harcelée, n’en revient pas et décide de mener l’enquête. « Se pourrait-il que la princesse Margot, la reine de l’école et des réseaux, connaisse le sens des ténèbres ? ». Que nous cachent si souvent les apparences lorsque tout semble sourire à quelqu’un·e ?
Les Ateliers de la Colline s’emparent du roman Le mur des apparences de Gwladys Constant (Rouergue) et le portent à la scène avec trois comédiennes et chanteuses à l’énergie décuplée. Marie-Camille Blanchy, Olivia Harkay et Alice Laruelle racontent et campent tour à tour le petit monde qui gravitait autour de la jeune fille populaire. Dans une mise en scène à l’efficacité redoutable (Baptiste Isaïa), dotée d’une composition musicale percutante (Philippe Lecrenier), Punch Life ouvre, avec justesse et nuances, les nombreuses portes des tréfonds de l’âme. À l’heure de tant de drames et de questions en suspens chez nos ados (et pas que…), cette pièce nous semble essentielle pour interroger, ouvrir des débats et regarder bien au-delà de la façade de chacun·e.

EN PRATIQUE

Il y a toujours bien une pièce de théâtre jeune public à découvrir près de chez vous ! Le calendrier des tournées des différents spectacles est à découvrir sur ctej.be

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