Développement de l'enfant
Vous connaissez un·e jeune précarisé·e que le métier de comédien·ne fait rêver ? S’il/elle a entre 17 et 26 ans et réside en Belgique, la Classe Prépa Théâtre est une belle opportunité. Pas de temps à perdre : les épreuves de sélection ont lieu les 18 et 25 septembre prochains.
Alors que les élèves de primaire ont fait leur rentrée ce matin, ce sera bientôt au tour des huit élèves sélectionnés pour la Classe Prépa théâtre de faire la leur au Centre Culturel de Namur (CCN). Lancée l’année dernière, après plusieurs années de réflexion, cette Classe Prépa Théâtre est unique en Belgique et a pour objectif d’ouvrir la pratique théâtrale à une plus grande diversité sociale.
Virginie Demilier, directrice du théâtre de Namur, est l’instigatrice du projet : « Celui-ci est né d’un constat : la plupart des postulant·es aux épreuves d’admission (NDLR : des cinq écoles de formation d’acteurs et d’actrices de la Fédération Wallonie-Bruxelles) sont issu·es de la classe moyenne, déjà sensibilisée à la culture littérature et qui s’autorise à faire des études d’acteur et d’actrice. Tout en sachant se projeter dans l’idée de ne pas être sûr d’avoir du travail, ni d’être payé·e correctement ».
« La Classe Prépa émane de la volonté de voir des plateaux avec davantage de mixité culturelle et sociale »
L’idée de la Classe Prépa Théâtre est notamment de lutter contre cette exclusion en offrant une année préparatoire gratuite. « Il y a eu deux éléments majeurs à notre réflexion : l’accessibilité ‘Quand je suis issu·e d’un milieu précarisé, il n’est pas évident d’aller vers un métier précaire’ ; et la légitimité ‘Même si j’ai le feu qui brûle en moi, je n’ai pas les codes culturels, j’en déduis que ce n’est pas pour moi’. Même si la plupart des écoles supérieures sont sensibles à ces questions, il reste une réalité scolaire d’admissibilité. La Classe Prépa Théâtre est une classe professionnalisante qui va préparer les jeunes aux concours ». C’est d’ailleurs l’engagement demandé aux élèves retenus : à l’issue de l’année, ils devront se présenter à deux épreuves d’admission minimum.
Des profs pédagogues
Durant cette année de cours, ils seront entourés de deux professeur·es principaux trié·es sur le volet. « On a été chercher des profs qui sont en questionnement et qui savent pertinemment ce que c’est que de fréquenter une école d’acteur, d'actrice, afin de les préparer au mieux et imaginer les bons outils. Car pour un·e prof de théâtre, c’est questionnant d’être face à des étudiant.es qui disent clairement ‘Je n’ai jamais entendu parler de Tchekhov’, par exemple. Ou qu’ils ont du mal à lire ce type de texte. Il faut des pédagogues pour donner envie, faciliter l’approche. Mais aussi être capable de gérer le suivi ».
Car selon les écueils en France, où les classes prépa de théâtre existent depuis une dizaine d’années, les élèves qui ont réussi les épreuves d’admission arrêtent pour la plupart les cours au bout de quatre mois. « Parce qu’ils ne retrouvent pas le cocon, l’encadrement dont ils bénéficiaient auparavant. Il faut donc trouver le juste dosage. Mais nous développons aussi notre dialogue avec les écoles supérieures pour que la réflexion se prolonge au-delà de la Classe Prépa ».
C’est un fait : les études de théâtre sont exigeantes, notamment dans la disponibilité qui est demandée. La Classe Prépa l’est également : c’est une formation intensive de trente heures par semaine, où il est vivement conseillé d’assister aux spectacles du Théâtre de Namur (gratuits pour les élèves).
Une prise en charge financière
Suite aux retours des premiers promus, plusieurs modifications ont été apportées au cursus. Notamment la révision de l’octroi de bourses… qui créait une forme de discrimination. « Certains élèves bénéficiaient d’une allocation d’étude, mais nous avons réalisé qu’elle avait créé une injustice entre les boursiers et les non-boursiers. Celle-ci était devenue un levier de pression pour la présence au cours. Nous ne l’avions pas anticipé, reconnait Virginie Demilier, Dorénavant, on procèdera autrement : on offre les transports, les repas du midi et on organisera deux ou trois périodes de séminaire à Namur où le logement sera pris en charge pour tout le monde, avec une navette pour aller voir les spectacles. Ce qui permettra un temps de travail intensifié. Car c’est une des inégalités majeures : la localisation géographique. Même si Namur est central, un jeune qui habite loin et qui doit prendre deux bus et un train pour venir, cela joue sur sa motivation. D’autant plus quand la vie est déjà compliquée à la maison ».
Une épreuve de plus ?
Raison pour laquelle le choix d’une épreuve d’admission pour cette Classe Prépa a été une vraie question de débat. « Car on ne voulait pas encore une fois d’une épreuve d’admission. En même temps, la réalité nous a rattrapés : on ne peut pas accueillir plus de huit étudiant·es. Il faut donc de la motivation. C’est aussi une façon de les confronter à ce que sera leur métier. Ce n’est pas très éloigné de la réalité », souligne la directrice du théâtre.
Comment font-ils leur choix final pour sélectionner les élèves ? « Il se base sur plusieurs points : l’aptitude, l’aisance, à être sur un plateau ; si le jeune a quelque chose à raconter ; sa motivation personnelle ainsi que sa situation économique et personnelle. Avoir un dossier au CPAS, par exemple, est un critère d’accès ».
Quant au profil de l’élève idéal, il est universel : « C’est l’élève qui a vraiment envie. Celui ou celle qui est prêt·e à se confronter, à se mouiller. Celui ou celle qui, au-delà de son envie, va travailler. Car si la formation est exigeante, celle-ci va préparer à la suite qui sera encore plus exigeante ».
Vous l’aurez compris : il ne sert à rien de se présenter aux épreuves d’admission en touriste. Celles-ci se préparent en amont. Avis aux éducateurs/éducatrices, aux assistants sociaux, aux profs des écoles supérieures qui ont repéré de futures pépites manquants d’un coup de pouce : partagez-leur l’information en leur mentionnant le site prepatheatre.be.
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