Développement de l'enfant

Enfant unique, enfant gâté ?

Il y a plein de raisons pour lesquelles des parents ont un seul enfant. Par choix ou suivant les hasards de la vie, les choses se sont dessinées…

Emmanuel est un enfant unique. Ce n'était pas le choix de ses parents. Ils auraient voulu avoir au moins deux enfants et peut-être trois. Mais voilà, la nature en a décidé autrement. Julie aussi vit toute seule avec sa maman. Son papa est parti quand elle était toute petite et elle ne le connaît pas. Eliott n'a ni frère ni sœur. Ses parents ont tous les deux un travail qui les passionne. Ils ont du temps pour un enfant, mais ne pensent pas en avoir pour plus d'un. Les parents de Lucas non plus ne souhaitent pas avoir plus d'un enfant. Ce sont des raisons financières qui les freinent : un enfant, ça coûte cher, et leurs salaires ne sont pas très élevés. On pourrait ainsi allonger la liste quasi à l’infini…

Une même situation, des vécus différents

Derrière cette situation d’enfant unique, il y a des vécus différents pour les parents… et pour les enfants. Les parents d'Emmanuel, qui rêvaient d’une famille nombreuse, cherchent peut-être à combler ce vide de frères et sœurs en invitant régulièrement des cousins et des amis pour leur fils. Ils l’inscrivent à des activités collectives : mouvement de jeunesse, club de sport, ateliers en tous genres, et c'est bien ! Mais peut-être leur fils se sent-il obligé de participer à toutes ces activités pour faire plaisir à ses parents car il a perçu à quel point l'absence d'autres enfants reste une source de souffrance pour eux.
La maman de Julie non plus n'a pas choisi de faire grandir sa fille toute seule. C'est peut-être la colère qui encombre le plus cette maman célibataire. La pauvre Julie a donc un papa biologique, responsable de la moitié de son patrimoine génétique, qui est un affreux monsieur qui a abandonné sa pauvre maman. Elle va devoir être une petite fille parfaite pour éviter la colère maternelle !
Quant aux parents d'Eliott qui ont décidé de n'avoir qu'un enfant pour consacrer plus de temps à leur carrière, on peut imaginer qu'ils risquent de compenser leur manque de disponibilité par des tonnes de cadeaux. Eliott fait envie à tous les copains de l'école, car il a toujours le dernier jeu électronique à la mode, des montagnes de gadgets, des vêtements de marque. Mais lui, c'est du temps avec les parents qu'il réclame.
Et les parents de Lucas dans tout cela ? Ils désiraient fonder une petite famille et les voilà qui culpabilisent à fond de ne pas pouvoir offrir à leur fils le plaisir de grandir avec d'autres, ni de pouvoir combler ce manque par plein de cadeaux.

La vie sociale, ça se construit !

Certains parents ont vécu des deuils périnataux, des fausses couches. D'autres, des revers de fortune, des pertes d'emploi ou encore des déceptions amoureuses, des abus. Quels que soient leur vécu, leur tristesse, leur culpabilité, leur colère, leur déception, leur projet, ils n'ont pas à faire subir à leur enfant leurs émotions et leurs questions. Cependant, l'enfant unique a le droit de connaître, dans les grandes lignes, le pourquoi de sa situation. Si les parents lui expliquent les raisons pour lesquelles il est seul à la maison, ils éviteront qu’il se sente responsable de la situation.
Ce n'est pas en le comblant de cadeaux, en lui offrant tout ce qu'il désire et même plus, qu'ils vont le rendre heureux. Ils n'ont pas à compenser ce manque ou cette absence de frère ou de sœur par du matériel. On entend souvent des parents dire : « Vous comprenez, nous n'en avons qu'un ! ». Même s'il est unique, l'enfant n'est pas le centre du monde. Ce dont il a le plus besoin, c'est de rencontrer d'autres enfants dans différents contextes. L'apprentissage de la vie sociale se fait sur le terrain. Il y a bien évidemment l'école, mais cela ne suffit pas. Les parents d'Emmanuel l'ont bien compris : ils invitent de temps en temps des copains à la maison, emmènent un cousin avec eux en vacances et ont inscrit leur fils aux louveteaux.
L'enfant qui a des frères et des sœurs est d'emblée confronté au social. Il a des partenaires au quotidien pour jouer, partager les petites tâches domestiques ou se batailler. Les disputes qui agacent tellement les parents sont bien utiles : elles apprennent aux enfants à gérer les conflits.
Alors, parents, n'hésitez pas ! Pas la peine d'inviter toute la classe de votre cher petit tous les mercredis : un copain, une copine de temps en temps, c’est chouette. Et laissez-le déloger quand on l'invite.



Mireille Pauluis

DES PISTES

  • Les enfants, qu’ils soient enfants uniques ou non d’ailleurs, sont tous différents : certains adorent les grands groupes, d’autres, au contraire, préfèrent de loin la compagnie d’un ou de deux copains. Un goût à respecter !
  • Côté activités de groupe, il y a le choix : mouvements de jeunesse, sports collectifs, activités artistiques (théâtre, chorale, danse, école de cirque, etc.). Ici aussi, les goûts et les couleurs…
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