Crèche et école

Enquête coûts scolaires 2022 : le matériel informatique alourdit la facture à charge des parents

De plus en plus d'écoles demandent aux élèves d'être équipés d'un PC

Comme chaque rentrée scolaire, la Ligue des familles publie sa traditionnelle étude sur les coûts scolaires. Fruit d’une enquête menée auprès de près de 2 000 parents, elle dresse un constat clair : la facture de l’école reste salée. Le Ligueur épingle pour vous six infos marquantes du cru 2022.  

Intitulée Où est passée la gratuité scolaire ? La facture salée de l’école, l’étude de la Ligue des familles partage les résultats de l’enquête sur les coûts scolaires de l’année 2021-2022. Entre nouveau poste informatique, frais de rentrée élevés, absence de plafond pour les voyages scolaires et pratiques illégales, la facture peut en effet être assez relevée.

► L’informatique fait son entrée et se hisse en tête des dépenses de rentrée

Commençons par une nouvelle entrée dans les listes de fournitures scolaires : le matériel informatique. Une réalité qui concerne plus de 1 élève sur 2 dans le secondaire et plus de 1 sur 10 dans le primaire. Pour 23,4% des élèves du secondaire, cette exigence numérique est tout simplement obligatoire.
Il y a encore cinq ans, quasi aucune famille ne rapportait de dépenses informatiques. Comment expliquer cette évolution ? Si le covid a facilité la percée du numérique en milieu scolaire, un changement législatif a achevé de donner une assise, un cadre. Depuis fin 2020, les écoles sont autorisées à demander un équipement informatique payant aux élèves. Notons toutefois que l’achat d’un ordinateur ou d’une tablette peut être recommandé, mais en aucun cas imposé.
D’une école à l’autre, les situations sont très différentes avec pour certaines une mise à disposition gratuite du matériel et pour d’autres une note de 500€ à charge des parents. « On nous a imposé la location/achat d’un appareil pour 300€ alors que mon fils est en professionnel, témoigne un parent. Il n’est pas spécifié que l’ordinateur est obligatoire, mais, dans les faits, plein de choses passent par l’informatique. Ne pas en avoir serait un vrai problème », commente un autre. Les familles dépensent en moyenne 296€ pour cette acquisition.
Le poste informatique intervient pour beaucoup dans les frais de rentrée, dont le coût passe de 255€ à 483€ en primaire et de 428€ à 655€ dans le secondaire pour les élèves concernés par cette demande.

► Le chantier gratuité est interrompu

Autre nouvelle de taille, mais prévisible cette fois : le chantier gratuité initié en 2019 dans l’enseignement maternel est interrompu. Alors qu’il s’était progressivement implanté dans tout le cycle maternel, il ne s’appliquera pas à la 1re primaire en cette rentrée 2022. Autrement dit, il reviendra aux parents ayant un enfant dans le primaire ou le secondaire de pourvoir aux frais de petit matériel, livres et manuels, tenue de sport et autre cartable-plumier.
Fabienne a anticipé l’achat de petit matériel en juin pour sa fille Noélia qui entre en 2e secondaire. « Bic, fluo, bloc, classeur, j’en ai eu pour 95€ ». Fabienne s’attend encore à de grosses dépenses en septembre. « Pour son cours de français, il y a un livre à lire toutes les six semaines, plus un dictionnaire. L’école demande même d’en avoir un pour l’école et un pour la maison. Plus les manuels pour les autres cours ». De quoi arriver facilement à la moyenne de 125€ dépensée par les parents pour les livres et manuels en secondaire.
Dans l’enseignement qualifiant, les frais de rentrée grimpent à 1 000 € en moyenne. En cause : le matériel spécifique à l’option à charge du parent qui s’ajoute aux coûts des autres fournitures scolaires. Yolande est maman de deux ados, l’un en option mécanique, l’autre en coiffure.
« J’en ai eu pour 300€ pour l’achat de chaussures de sécurité, deux salopettes et du petit outillage pour mon fils. Il fallait compter la même chose pour ma fille qui a besoin d’une paire de ciseaux, de peignes, de brosses à brushing, de bigoudis, d’un sèche-cheveux, d’une cape et d’une tête à coiffe. Heureusement, j’ai pu me débrouiller pour trouver des choses en seconde main et je m’en sors avec 190€. »
Dans ses conclusions, la Ligue des familles appelle le gouvernement à remettre le chantier gratuité sur les rails dès septembre 2023 pour la 1re primaire et l’enseignement qualifiant. Autre revendication : que les écoles se chargent de l’achat groupé de matériel. Cette option offre les avantages de réaliser des économies d’échelle, d’un accès équivalent au matériel et de décharger les parents de cette tâche.

► Il vous faut payer 55€ par mois pour que votre enfant reste à l’école pendant que vous travaillez

C’est peut-être l’information dont les parents ont le moins conscience, mais qui vaut son pesant d’euros : le coût de l’extra-scolaire, à savoir les temps dits « non-scolaires », avant 8h30, le midi et après 15h30.
Prenons le temps de midi, il est payant pour 41% des élèves du maternel et 36% du primaire. Les écoles du fondamental sont en effet autorisées à facturer un coût de surveillance lorsque celui-ci dépasse l’intervention reçue par la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). En moyenne, chaque mois, le temps de midi coûte 18,2€ dans l’enseignement fondamental. Ajoutez à cela le coût moyen de 15,5€ pour la garderie du matin et comptez également 21€ pour celle du soir. Cela peut revenir à 54,7€ chaque mois pour que votre enfant reste à l’école en dehors des temps dit scolaires.
« Je suis maman solo et je suis horrifiée du prix à payer pour les garderies et les frais de surveillance des repas, témoigne une maman. Je travaille à temps plein et je suis obligée de passer par la case garderie ». Une case qui représente pour deux enfants près de 120€ par mois, soit 1 200€ pour une année scolaire pour permettre aux enfants de rester à l’école pendant que vous travaillez.

► Les sorties et voyages scolaires ont besoin de plafond

Les voyages scolaires de deux-trois jours coûtent en moyenne 132€ pour un élève en maternelle, 182€ en primaire et 258€ en secondaire. Lorsqu’ils dépassent trois jours, il faut compter 312€ en primaire et 514€ en secondaire.
L’enquête démontre que le coût constitue le premier motif de non-participation à un voyage scolaire. Depuis 2019, un plafond de 109€ est défini dans l’enseignement maternel. La Ligue des familles demande d’éviter les pratiques abusives tout en permettant l’organisation de sorties de qualité et en nombre suffisant.

► Les pratiques illégales se répètent

Il existe un cadre légal qui précise pour chaque niveau d’enseignement les frais autorisés, facultatifs et interdits. Malgré cela, certaines écoles continuent à mener des pratiques illégales :

  • 50% des élèves du maternel doivent encore payer des frais de petit matériel.
  • 20% des élèves du secondaire doivent payer des frais d’inscription ou un minerval.
  • 25% des élèves du secondaire se voit demander un ordinateur.
  • Près d’un parent sur deux ne reçoit pas d’estimation des frais de début d’année.
  • La majorité des écoles présente les voyages scolaires comme étant obligatoires.

► Les écoles inspectées… mais pas sanctionnées

Depuis quelques mois, un service de la FWB est chargé d’inspecter les pratiques en matière de gratuité scolaire au sein des écoles. Si ce système d’évaluation constitue un pas dans la bonne direction, il n’est pas suffisant estime la Ligue des familles qui constate qu’aucun avertissement ou sanction n’a encore été appliqué malgré l’existence de pratiques illégales.

SUR LE TERRAIN

Les coûts scolaires font débat entre les parents

31 août 2021, le Ligueur partage sur les réseaux sociaux une infographie qui présente les coûts scolaires. Sur le graphique, on peut voir trois petits bonhommes qui symbolisent le maternel, le primaire et le secondaire. En légende, le montant de ce que coûte en moyenne une année y est précisé : 280€ pour le maternel, 1 225€ pour le primaire, 1 550€ pour le secondaire.
La publication fait réagir. Une maman s’insurge : « Je ne sais vraiment pas comment on fait pour estimer une dépense de 1 200€ en primaire. J’en ai à tout casser pour 30€ ». Une autre maman réagit : « Non, 1 225€ par an n’est pas une ineptie, c’est même sous-estimé à mes yeux ». Elle déroule son argumentaire : comptez 26 semaines d’école, rien qu’en garderie pour un temps plein 8h-17h, comptez une heure de garderie le matin, deux heures le soir, ajoutez le temps de midi, cela revient à 3,5€/jour dans notre école à multiplier par 142 jours plein, soit 511€. Ajoutez six heures de garderie le mercredi (276€), les 3€ de natation par semaine (78€), on est déjà à 865€ pour les frais de garderie et piscine, sans compter les fournitures scolaires, excursions et voyages scolaires ».
Ce débat démontre la diversité des réalités d’une école à l’autre, parfois même au sein d’une même commune.