Santé et bien-être

Énurésie : s'en sortir avec le pipi au lit

L'énurésie, c'est quoi ? Comment la contrer ?

L'énurésie est un trouble d'incontinence urinaire nocturne chez l'enfant. Elle se définit comme étant l'absence de contrôle vésical au-delà de l'âge « normal », c'est-à-dire l'âge moyen d'acquisition de cette fonction. L'énurésie nocturne primaire est donc le fait de mouiller encore son lit au-delà de l'âge de 5 à 6 ans.

L'énurésie touche principalement les enfants âgés de 5 à 7 ans et plus régulièrement les garçons. Selon les chiffres de l'ONE, 6 à 9 % de petits garçons et 3 à 4 % des petites filles en souffrent. En général, l'énurésie est un trouble qui se résout spontanément avec le temps. Il n'est pour autant pas à banaliser, car beaucoup d'enfants se sentent honteux et angoissés face à ce dysfonctionnement.
On parle d'incontinence urinaire chez l'enfant à partir de l'âge de 5 ans. Elle peut être diurne (pendant la journée) ou nocturne (durant la nuit), se manifester de manière continue ou intermittente. L'incontinence se dit primaire si l'enfant n'a jamais été propre ou secondaire si elle survient après une période sèche de plus de six mois.
Le terme « énurésie » définit une perte d'urine intermittente pendant le sommeil. C'est la plus fréquente des incontinences infantiles. La majorité des enfants acquiert donc la propreté avant d'entrer à l'école, mais pour ceux qui n'y parviennent pas, c'est un facteur de stress important avec un fort impact psychosocial. L'enfant se sent honteux, a peur d'aller dormir chez un copain ou une copine ou de partir en week-end louveteaux. Il se restreint dans ses activités et peut, dans certains cas, se refermer sur lui-même.

Les causes

Les causes exactes de l'énurésie ne sont pas encore totalement élucidées. Plusieurs hypothèses et facteurs favorisants sont mis en avant.

La génétique. Lorsque les deux parents ont été énurétiques durant l'enfance, la probabilité que leur enfant en souffre est de 75 à 77 % selon l'International Children's Continence Society. Si seulement l'un des deux parents a présenté ce trouble, le risque diminue à 45 %. À titre de comparaison, l'énurésie chez un enfant dont les parents n'ont pas été énurétiques est de seulement 15 % (Chiffre ONE).
Il est donc primordial de rassurer son enfant. Si ça vous est arrivé, n'hésitez pas à lui en parler. Ce dialogue peut réellement lever un tabou et déculpabiliser l'enfant s'il sait que son papa ou sa maman a eu le même problème que lui à son âge.
Bon à savoir : très souvent l'âge de résolution de la symptomatologie chez le·s parent·s sera le même pour l'enfant.
Délai de maturation. Pour devenir propre et ne plus mouiller son lit, le système uro-génital de l'enfant doit être mature. Chez le bébé, les mictions sont déterminées par la distension de la vessie. Si elle est remplie, par réflexe, l'enfant va la vider. Vers 1-2 ans, l'enfant peut sentir quand sa vessie est pleine, mais n'est pas encore capable de contrôler sa vidange. C'est seulement entre 2 et 4 ans qu’il en sera capable. Il pourra alors lancer ou arrêter sa miction. Une miction normale requiert donc un système nerveux mature et intact avec un développement musculaire et une anatomie du système urinaire normal. On parle d'incontinence diurne au-delà de 4 ans et de nocturne au-delà de 5-6 ans.
Anomalie physiologique ou pathologique. L'énurésie peut s'expliquer si l'enfant présente une anomalie de son arbre urinaire ou un défaut des hormones qui régulent la production urinaire. Il est donc important de consulter un médecin si les fuites nocturnes perdurent au-delà de l'âge de 5-6 ans ou malgré les mesures comportementales douces mises en place. Une infection urinaire peut aussi expliquer une incontinence. Si votre enfant va faire pipi plus souvent qu'à l'habitude (la fréquence des mictions chez l'enfant de plus de 5 ans, si les apports hydriques sont équilibrés, est de 4 à 7 par jour), s'il ressent des brûlures en urinant ou s'il y a présence de sang dans les urines, une consultation médicale est nécessaire. Les infections urinaires sont une des premières causes d'incontinence secondaire.
Facteurs psychologiques. Des facteurs psychologiques peuvent expliquer une énurésie chez l'enfant : un évènement marquant tel que l'arrivée d'une petite sœur ou d’un petit frère, un déménagement ou le décès d'une personne proche, la peur du petit pot ou simplement une angoisse de se lever seul·e la nuit. Chez un enfant qui a été propre, mais qui ne l'est plus (incontinence secondaire), il faut d'autant plus envisager ces facteurs.

Les traitements

► Rassurer l'enfant. Faire pipi au lit, ça arrive à beaucoup d'enfants. Il faut dédramatiser l'énurésie et surtout déculpabiliser votre bambin : il n'est pas responsable de son pipi au lit. Il ne faut ni le punir, ni le blâmer. La psychologie joue un rôle important : l'anxiété et la culpabilité ne peuvent qu'aggraver les symptômes. La plupart du temps, avec l'âge, ce trouble se résout spontanément. S'il met un peu plus de temps qu'un autre enfant de son âge à passer des nuits sèches, n'hésitez pas à instaurer quelques mesures comportementales douces comme de prendre la dernière boisson au minimum une heure avant le coucher et effectuer la dernière miction juste avant d'aller au lit.
Bon à savoir : il est préférable de ne pas mettre de couche systématiquement, car l'enfant peut le ressentir comme une infantilisation. Si c'est nécessaire, préférez les slips absorbants.
► Impliquer son enfant dans la prise en charge. L'enfant est le principal acteur de sa guérison. Le motiver, l'encourager et lui expliquer les moyens disponibles pour l'aider à avoir des nuits sèches sont les clés de la réussite. On peut le faire s'investir par l'intermédiaire d'un calendrier sur lequel il indiquerait par un soleil les nuits sèches et par un nuage les nuits mouillées. Les pédiatres utilisent beaucoup cette technique qui, d'une part, motive l'enfant et d'autre part, le fait prendre conscience de ses progrès. Inciter votre enfant à être autonome la nuit en se levant pour aller aux toilettes ou lui demander de l'aide pour changer ses draps lui permet aussi de prendre une part active à la prise en charge de son énurésie.
► Les systèmes d'alarme. Le « pipi-stop » est une machine constituée d'un capteur que l'on place dans la culotte et qui sonne dès que l'enfant a une fuite afin de le réveiller pour qu'il aille aux toilettes. Cette méthode, très efficace, nécessite toutefois une forte motivation de l'enfant et de ses parents qui seront réveillés par l'alarme. Ce dispositif est disponible en pharmacie et doit être utilisé chaque nuit sur une période de trois à quatre mois. Ces systèmes d'alarme sont souvent réservés aux plus grands enfants désireux d'entreprendre ce traitement.
► Les médicaments. Si les méthodes comportementales n’ont pas été suffisantes, le médecin peut juger nécessaire d’instaurer un traitement médicamenteux. La desmopressine (Minirin® et génériques) agit en diminuant le débit urinaire nocturne. Son efficacité est notable et elle est très bien tolérée. À l'instauration de ce traitement, la limitation de l'apport hydrique (une heure avant et jusqu'à huit heures après) est une condition importante afin d'éviter les effets secondaires liés à la prise du médicament.

LES PARENTS EN PARLENT...

L’arrivée d’une petite sœur
Charlie a recommencé à faire pipi au lit à la naissance de sa petite sœur. Nous avons discuté et il m'a expliqué avoir peur que mon amour pour lui diminue. Je l'ai rassuré et impliqué un peu plus vis-à-vis de sa petite sœur. Ça fait quelques semaines maintenant qu'il n'y a plus eu d'accidents.
Mathilde, maman de Charlie, 8 ans

La magie des stickers
Le calendrier nous a beaucoup aidés. Maëlle collait chaque matin un sticker de princesse pour chaque nuit sèche et un sticker de monstre pour chaque nuit humide. Très vite, je n'ai plus dû acheter que des stickers princesses.
Lena, maman de Maëlle, 6 ans

Pipi au lit. Pipi à l'école. Tous nos articles sur le sujet.

EN SAVOIR +

Les filles propres plus tôt

L'acquisition de la propreté en journée précède l'acquisition de la propreté nocturne. La petite fille sera plus rapidement propre que le petit garçon (84 % des fillettes – 53 % des garçons pour la propreté diurne à l'âge de 3 ans). En cas de symptomatologie mixte (nuit et jour), il est primordial de traiter en premier lieu la symptomatologie diurne avec une stabilisation d'au moins six mois avant d'entreprendre un traitement de l'énurésie.