Droits et congés

L'archive du Ligueur
Un peu d’histoire. En Belgique, la première semaine de congés payés est accordée en 1936. Très logiquement, en 1986, le Ligueur se saisit du cinquantième anniversaire de ces congés payés pour en recentrer les enjeux. Fait marquant, le sujet est traité dans deux parties différentes du journal.
Dans les pages générales, un article déroule le programme de l’anniversaire. Il pointe, au passage, un autre combat qu’il reste à gagner : « Force est de constater que malgré les prix pratiqués, les vacances demeurent inaccessibles pour certaines catégories sociales ». Dans ce papier, un intertitre résume la préoccupation en cinq mots : « Vacances sociales, vacances pour tous ».
Les 50 bougies des congés payés, elles, se soufflent avec militance et un zeste d’amertume. C’est le cas dans Le Petit Ligueur : le journal sérieux réservé aux enfants. Thérèse Jeunejean jette un regard un peu sombre sur la situation du moment : « Beaucoup d’usines ont dû fermer leurs portes. Il n’existe plus d’emplois pour tous les Belges qui veulent travailler. Les chômeurs n’ont plus droit au pécule de vacances. (…) En 1986, les Belges sont moins égaux qu’il y a vingt ans ».
Congés payés pour tout le monde ?
Tiens, pourquoi cette allusion aux années 60 ? C’est que si les congés payés sont nés en 1936, leurs contours se sont précisés au fil du temps. En 1955, une deuxième semaine de congés est accordée. Les deux autres viendront s’ajouter dans les années 60 avec, en sus, le principe de « pécule de vacances ». « Dans ces années-là, que l’on appelle les années d’or, le pays se porte bien (…) L’on croit que ce temps-là durera toujours », écrit Thérèse Jeunejean. À l’époque, le demi-siècle atteint par les congés payés ne semble donc pas contenter ou rassurer à 100% les journalistes du Ligueur.
Et aujourd’hui ? Si ces congés sonnent comme une évidence, combien de combines, fonctionnant sur base d’un système de faux indépendants ou de « freelancers », parviennent à éluder ce droit accordé aux travailleurs et travailleuses ? « C’est une réalité qui devient incontournable, nous souffle-t-on côté syndical. Dans plusieurs secteurs (« économie collaborative », construction, HoReCa), on essaye d’esquiver tous les avantages du droit au travail, et pas seulement les congés payés ». Revenir sur l’origine de ceux-ci finalement, c’est attirer l’attention sur des acquis sociaux qu’il est bon de rappeler et de défendre.
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