Familles recomposées : comment chacun s’y retrouve…

Il y a les familles avec des ados, des enfants très jeunes ou qui ont de grands écarts d'âge. Il y a les grandes familles qui deviennent encore plus grandes, des enfants uniques qui se retrouvent soudain à deux ou à beaucoup. Certaines se voient doubler en nombre pour un week-end ou pour une semaine. D'autres ont les enfants des deux anciens couples qui ne se voient que rarement. Comment ça se passe entre enfants dans ces nouvelles familles faites de vrais, de demis, de quasis ou de pas du tout… frères et sœurs ?

C'est le week-end et on est tous ensemble... Chouette, on va pouvoir faire des parties de cache-cache, se dit le plus jeune. Zut, je vais devoir partager ma chambre, ronchonne l’aîné ! Comment vais-je en placer une, s’interroge le puîné. Aïe, ils vont encore mettre la maison sans dessus dessous, soupirent les adultes…
La question des territoires intimes (physique, affectif et de compétences) est encore plus importante dans les familles recomposées. Car, à l’heure où la maison se remplit, les enfants sont souvent obligés de partager leur chambre, les parents sont sans arrêt sollicités et le temps de parole à table est difficile à distribuer. La gestion de l'intime est donc très compliquée.

Intimité

Elle l'est pour le nouveau couple qui a besoin de se retrouver rien qu'à deux pour s'inventer, se créer. Or, ces temps à deux sont parfois très courts, voire mêmes inexistants. Pour une jeune maman, par exemple, cela peut être particulièrement douloureux de savoir qu'une autre femme va non seulement dormir avec le père de son enfant, mais aussi soigner son petit, ce petit qu'elle a porté dans son ventre, nourri, bercé.
À l'inverse, il peut être impensable pour une maman d'avoir la même intimité avec les enfants d'une autre femme car elle ne les a pas portés dans son ventre. Les beaux-pères, quant à eux, ont parfois bien du mal à voir débarquer ces enfants venus d'ailleurs qui vont leur piquer leur nouvelle amoureuse (et parfois leurs chaussettes !). Sans compter que les enfants d'une précédente union sont évidemment le rappel permanent qu'il y a eu une autre histoire d'amour avant celle-ci. Les difficultés risquent bien de susciter envie, rivalité et jalousie, surtout au début de la nouvelle association.

Différences

La question du respect des différences est plus importante aussi dans une famille traditionnelle.
Les enfants viennent aussi de familles avec des cultures affectives, des valeurs, des intérêts différents. Certaines familles ont l'habitude de faire des câlins, d'autres sont bavardes, certaines sont intellectuelles ou sportives. Il y a les familles où on joue aux jeux de société, celles où on part à vélo tous les dimanches, les familles de musiciens, les familles où l’on aime traîner, les familles plus strictes dont le programme du week-end est très organisé. Si les premiers couples se sont séparés, c'est peut être parce qu'il y avait des désaccords entre les parents autour de ces activités. Alors, lorsque les enfants se retrouvent d'un côté ou de l'autre, ils doivent s'adapter non seulement au nouveau style de vie du parent remis en ménage, mais aussi à ces enfants qui viennent d'ailleurs.

Les enfants entre eux

Tout cela influence le climat affectif de la nouvelle famille et la manière d'être des enfants entre eux.
Il y a les distants : ils reconnaissent le lien de fait sans jouer le jeu de la recomposition.
Il y a les rivaux pour qui faire famille pose problème : ils doivent s'affirmer par la rivalité.
Il y a aussi les accompagnants : ils assurent le service minimum en aidant, en s'occupant des petits, en respectant les affaires des autres.
Il y a encore les compères : ils font connivence dans les activités et se réjouissent des projets familiaux.
Enfin, il y a les confidents : ils sont en concordance, ils sont alter-égaux, frères-amis.
Toutes ces relations vont évoluer dans le temps, en fonction de l'âge et de la manière dont chacun aura trouvé sa place, son style dans la famille. Dans les familles recomposées, le normal c'est la variabilité ce qui demande de la part de chacun beaucoup d'adaptabilité. Mais, après quelque temps d'adaptation, les enfants s'y retrouvent plutôt bien. Des connivences s'installent, des intérêts se partagent, des collaborations en tout genre se créent.



Mireille Pauluis

POUR L’AIDER À TROUVER SA PLACE, L’ENFANT A BESOIN

  • d'avoir un coin, même petit, qui lui appartient en propre: une partie d'armoire, un bureau, un coffre, un endroit où il est certain que personne ne viendra fouiller ;
  • d'avoir des moments privilégiés avec son parent (loin du beau-parent… sans que celui-ci ne se sente exclu !) lors d'une navette, à l'occasion d'un bricolage ou d'une après-midi de shopping ;
  • d’être impliqué comme tous les autres dans la participation aux tâches ménagères, le rangement de sa chambre, d’être soumis aux mêmes règles que le reste de la fratrie ;
  • de liens authentiques : mieux vaut prendre son temps pour apprendre à bien s’entendre avec lui plutôt que lui jouer de grandes scènes d’amour (il détectera vite ce qui sonne faux) ;
  • qu'on lui permette d’appeler le beau-parent par son prénom et surtout pas par papa ou maman ; si une complicité se développe avec l’autre parent, il lui donnera peut-être un surnom… qu’il vaut mieux accepter.
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