Il pleure, vous l'apaisez

Comprendrez-vous les pleurs de votre bébé ? Arriverez-vous à l’apaiser ? Comme pas mal de nouveaux parents, vous avez un peu l’impression qu’il vous a été livré sans mode d’emploi… Mais, finalement, ce mode d’emploi, vous allez le trouver. Tout simplement, parce que c’est votre bébé et que personne ne le connaît mieux que vous.

Les pleurs sont, pour votre bébé, un moyen de signaler que quelque chose ne va pas. Votre « travail » de parents consiste à les interpréter et à y répondre. Parfois, vous tâtonnez. Parfois, ses pleurs restent une énigme. C’est normal. L’essentiel est de vous assurer qu’il n’y a rien de grave. Aide au décodage avec Anne-Cécile Baye, infirmière pédiatrique et cheffe de l’unité néonatale non intensive du CHU Brugmann (site Horta), à Bruxelles. À partir de connaissances pratiques, elle et son équipe ont distingué sept motifs de pleurs chez les bébés.

Trop souvent, au moindre pleur d’un bébé, on conclut un peu vite qu’il a faim ! Or, il a tellement d’autres raisons de pleurer… Bien sûr, si votre bébé a faim, il peut pleurer, mais, bien avant les pleurs, d’autres signes montrent qu’il est prêt à manger : il fait des mouvements de recherche avec la tête, ouvre la bouche, « mange » ses poings… À faire, le petit test des « points cardinaux » : posez votre doigt successivement sous son nez, sur son menton, sur une joue et sur l’autre ; s’il tourne la tête et tente d’attraper votre doigt, c’est qu’il a faim ! Si votre bébé pleure vraiment de faim, mieux vaut le calmer avant de le nourrir – en le berçant, en le câlinant… Manger est, pour lui, un plaisir : ce serait dommage qu’il le fasse dans une ambiance stressante.
On l’a observé chez les bébés prématurés : téter sans manger a un effet apaisant sur eux. Peut-être qu’en pleurant, votre bébé exprime son besoin de succion. Le mettre au sein (sans qu’il ne mange vraiment) ou lui donner une tétine (si vous l’allaitez, une fois que l’allaitement est bien lancé) peut le réconforter. Rassuré, il s’endormira au bout de quelques minutes…

Les premières semaines de vie, un enfant « se refroidit » vite par les extrémités – par la tête, en priorité. Sachant cela, il ne vous est pas toujours aisé de savoir comment habiller ou couvrir votre bébé. S’il a trop chaud, il ressent un réel inconfort et pleure. Idem s’il a trop froid. Dès lors, veillez à ce qu’il n’ait ni trop chaud ni trop froid. En cas de doute, contrôlez sa température. Un bon truc : habillez-le comme vous mais avec une couche supplémentaire.

Alors que certains bébés ne sont pas du tout gênés par des langes trop « chargés », d’autres ne supportent pas que leurs petites fesses soient en contact prolongé avec de l’urine et des selles – sûr que la sensation peut être désagréable ! Si votre bébé est sensible sur ce point et pleure quand ses langes sont souillés, la solution est simple : vérifiez régulièrement s’il est propre et changez-le si nécessaire.

Que de nouveautés pour votre bébé, lui qui, dans le ventre maternel, a profité, pendant neuf mois, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, de l’odeur, de la voix, des mouvements maternels ! Son besoin de votre présence et de votre chaleur, bref son besoin d’affection, est aussi vital que son besoin de manger. Ses pleurs disent qu’il veut être tout contre vous, avoir de l’attention, être câliné… Pratiquer le peau à peau – avec vous, sa maman, avec vous, son papa – a un effet magique sur lui. Tout comme le porter dans une écharpe – ce qui vous laisse mobile et libère vos mains.

Votre bébé peut ressentir un inconfort à l’intérieur de son petit corps : d’où des pleurs. Les causes de cet inconfort sont en général d’ordre digestif : constipation, digestion difficile, coliques… Elles sont en lien avec l’immaturité de son tube digestif. Si votre bébé est sujet à des coliques, la position « en panthère » sur un bras costaud (de papa…) peut le soulager. S’il a du mal à aller à la selle (d’où des gaz), des petits massages peuvent lui faire du bien : mettez votre main à plat sur son ventre et tournez doucement dans le sens des aiguilles d’une montre, repliez ensuite délicatement ses genoux vers son ventre et répétez le mouvement plusieurs fois. S’il ne parvient pas à faire son rot après avoir tété, baladez-le redressé contre vous quelques instants, ou installez-vous confortablement dans un fauteuil et posez-le sur votre poitrine, son ventre contre le vôtre. Demandez à une sage-femme de vous montrer les bons gestes et mouvements.

Sachez que plus votre bébé est fatigué, plus il risque d’avoir du mal à trouver le sommeil… et de pleurer. Il peut aussi vous rendre fous par ses pleurs du soir : une façon pour lui de décharger ses tensions accumulées au cours des heures précédentes. Que faire ? Avant de déposer votre bébé dans son lit, installez-vous avec lui dans un endroit calme baigné d’une lumière tamisée. Et réconfortez-le avec des paroles douces, des bercements, des caresses… Essayez le peau à peau. À éviter : l’enchaînement des visites. Trop épuisant !

Impossible pour vous, parfois, d’identifier les pleurs de votre bébé. Impossible de le consoler. Vous soupçonnez des coliques, on vous évoque les pleurs du soir… Vous avez tout essayé, rien ne marche. La solution-miracle n’existe pas, vous devez prendre votre mal en patience. Votre bébé garde peut-être des tensions de l’accouchement : une prise en charge par un ostéopathe spécialisé dans les bébés peut vous être conseillée. En tout cas, si les pleurs de votre bébé vous inquiètent, s’ils deviennent ingérables, si vous avez besoin d’être rassurés, cherchez de l’aide auprès d’une sage-femme, de la consultation de l’ONE ou de votre pédiatre.

• Tous les bébés pleurent, certains plus que d’autres. « Et si vous vous sentez par moments démunis par les pleurs de votre bébé, ne culpabilisez pas. Dites-vous que c’est normal : tous les parents passent par là », rassure Anne-Cécile Baye.
• L’origine des pleurs d’un bébé est rarement grave… mais on n’a pas toujours l’explication de leur origine.
• Réagir aux pleurs de votre bébé, c’est lui montrer qu’il est aimé et en sécurité. « Cela renforce votre attachement réciproque et la confiance qu’il a en vous. »
• Il ne faut jamais secouer un bébé. Si, face aux pleurs de votre bébé, vous vous sentez à bout, « plutôt que d’avoir un "geste d’impatience", mieux vaut le déposer dans son petit lit ou dans son parc, en sécurité, et changer de pièce le temps de vous calmer ». Autre possibilité : « Le confier à une personne de confiance, afin de vous aérer la tête ou de faire une sieste. »
• Bien sûr, si votre bébé a un souci de santé, s’il « chauffe » (plus de 38 °C de température), une visite chez le médecin s’impose.