Loisirs et culture

C’est au hasard d’une déambulation dans une librairie que nous sommes tombés sur ce petit ouvrage sorti chez Zoème, creuset de créativité littéraire situé à Marseille, qui se décline en librairie, galerie et maison d’édition. Début de ce mois, Iman Mersal est venue s’ajouter à la liste des auteurs et autrice de Zoème via la traduction de cet ouvrage, écrit en arabe et publié en Egypte, il y a sept ans.
Le titre nous a évidemment intrigué au Ligueur. Comment réparer : la maternité et ses fantômes résonnait avec nos matières de prédilection et laissait augurer une approche singulière de la maternité. Les espoirs n’ont pas été déçus. Ce livre est un petit OVNI littéraire qui explore plusieurs voies : la poésie, l’onirisme, la photo, l’histoire, l’essai. Il amène par petites touches éclatées les réflexions de l’écrivaine sur ses rapports à la maternité et, par extension, aux relations avec ses fils, sa mère, sa grand-mère.
Un tracé poétique
À la fois érudit et terriblement incarné, à la fois personnel et universel, ce livre offre une diversité de tons et de thématiques qui titillent la réflexion. Il y a la culpabilité maternelle, la représentation de la femme dans la société, le travail de mémoire, le souvenir diffus d’une mère partie trop tôt, la force symbolique des photos, la difficulté de s’occuper d’un enfant dont le quotidien s’articule autour de phobies et de trouble profonds.
Le livre n’est pas linéaire. Il est à l’image d’un parcours de vie. C’est un tracé poétique. Où parfois le rêve se mêle à la réalité. La séparation entre les genres est ténue offrant un dialogue permanent entre les faits et les ressentis, l’écriture et la réflexion, l’engagement et la prise de distance. Tout cela donne une saveur singulière à cet ouvrage qui ravira les esprits curieux avides d’éclairages inspirants.
L'EXTRAIT
L'album de famille
« Tous, nous évacuons les défaites, les échecs et les scandales de nos albums de famille. Un album de photos est toujours une composition, un récit personnel où l’on fait des choix, où l’on procède par élimination. Ce n’est pas un reflet fidèle de la éalité, une histoire complète, mais une sélection dans la vie et l’histoire de son auteur telles qu’il entend se les représenter. Autrement dit, tout album de photos est une proposition de vie faite par celui ou celle qui la raconte. Il y a une forme d’autocensure, fut-elle inconsciente, un contrôle de ce qui peut être dit ou de ce qui doit rester tu, ce qui peut être vu par les personnes qui regarderont l’album ou ce qu’elles devront deviner. Aussi ouverts que soient les choix de celui ou celle qui le compose, aussi divers les mondes qu’il ou elle donne à voir, il restera toujours des photos en dehors, dans des enveloppes, des boites ou des dossiers. »
L'AUTRICE
De l'Égypte au Canada
Iman Mersal est née en Egypte en 1966. Elle est poète et professeure associée de littérature arabe à l’université d’Alberta, au Canada. Les éditions Actes Sud ont notamment publié une anthologie de ses poèmes, Des choses m’ont échappé (2018), ainsi qu’un récit intitulé Sur les traces d’Enayat Zayyat, en 2021.
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