Vie pratique

Juillet 1959 : un voyage ordinaire

L’ARCHIVE DU LIGUEUR

« Tout a commencé par Pierrette, ma femme. Surmenée, fourbue : il lui fallait – dixit la faculté – un repos total. Facile à dire… ». Voilà comment débute un reportage au long dans ce Ligueur du mois de juillet 1959. Le récit tire son essence de l’épopée dans laquelle se sont engagé·es l’auteur de la série, Pierre Paysan, et son épouse.

Au bénéfice d’une caravane laissée en échange d’une dette et d’une famille solidaire acceptant de s’occuper des trois enfants du couple, Pierre et Pierrette explorent la France et l’Espagne à bord de leur caravane sans chameau. Ce reportage constituera une série qui s’étalera, de façon hebdomadaire, jusqu’à la mi-septembre.
Pendant de longues semaines, les lecteurs et lectrices vont ainsi suivre l’expédition caravanesque du duo. « Âge du reporter : 40 ans. Âge de l’épouse du reporter : 33 ans. Travaillent sous plusieurs pseudos afin de pouvoir vendre leurs papiers à plusieurs journaux à la fois ». On n’en saura pas plus. Fin du premier article ? « En route – qui sait ? – vers le repos total… ». Et voilà notre couple, momentanément orphelin d’enfants, jeté sur les routes de l’aventure à du septante à l’heure (vitesse de pointe).
Présenté comme une « exclusivité le Ligueur », le reportage peine néanmoins à prendre sa vitesse de croisière. Les anecdotes sont délicieusement plates : « Pierrette prépare des nouilles et une omelette » (épisode 3), « Que le pain d’ici est bon, bien cuit, doré » (épisode 4), « J’apprends à nager à Pierrette » (épisode 5). Toutefois, quelques observations reflètent les questionnements du moment, les préoccupations d’un touriste des années 50.
Ainsi, voilà notre auteur, le 11 septembre, qui se plaint du manque d’authenticité alors qu’il se trouve en Corse : « Bal au village. Je suis déçu. Pas de violoneux, pas de guitares ! Un pick-up aux disques usés et qui joue des refrains à la mode il y a quatre ans. (…) que ceux qui aiment le pittoresque se dépêchent : il n’en reste plus guère à travers l’Europe ».
Au jour le jour, faits et gestes sont consignés. Parfois en condensé. « Vendredi : soleil, vent, photos. Samedi : photos, vent, soleil. Dimanche : messe, soleil, photos, vent ». La lassitude des paysages français se fait sentir. L’Espagne fait naître un espoir. C’est là, en péninsule ibérique que se déroule le climax du voyage.
Dans le numéro du 18 septembre, on apprend qu’en « poussant la caravane, au camp de Palamos, Pierrette a ressenti une telle douleur au bras gauche qu’elle s’est presque évanouie ». Des radiographies sont réalisées en Espagne : rien de cassé. Sauf que plusieurs jours plus tard, les douleurs ne s’estompent pas. Pierre et Pierrette sont alors en Suisse. Et là, le couperet tombe, fracture du cubitus ! Dire que Pierre se plaignait (un peu) de devoir se farcir cuisine, vaisselle et lessive.
Retour au bercail. « Me voici en Belgique avec mon eau de Cologne, mon vin espagnol, mes vases et Pierrette au bras plâtré ». Et Pierrette, sa cure de repos ? Pas de débriefing sur le sujet. Pierre s’interroge plutôt sur l’agitation de la vie quotidienne qui va reprendre et se prend déjà de nostalgie pour la poussière de Bonifacio, Palamos ou Propriano qui recouvre sa caravane. À défaut d’être un chameau, il était un peu macho, ce Pierre…

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