Développement de l'enfant

L’acupuncture, aussi pour les enfants ?

L’acupuncture, cette médecine ancestrale venue de Chine, n’est plus réservée aux adultes. En effet, cette technique peut aussi être appliquée aux enfants. Maux de tête, stress, reflux, problèmes de peau, réveils nocturnes… pourraient être soignés par des aiguilles d’acupuncteur. Praticiens, formation, pratiques, on vous en dit plus.

L’acupuncture, discipline vieille de 3 000 ans, trouve son origine dans la médecine traditionnelle chinoise. Officiellement reconnue par l’Organisation mondiale de la santé, elle vise à obtenir un effet thérapeutique en stimulant certains points précis du corps au moyen de très fines aiguilles.
« Le principe de l’acupuncture est le suivant : le corps a besoin que l'énergie circule librement afin d'alimenter tous les organes et de permettre leur bon fonctionnement. Une personne équilibrée est une personne en bonne santé. C’est lorsqu’un déséquilibre s’installe que les malaises apparaissent. L'aiguille d'acupuncture ne donne pas l'énergie, mais elle permet à cette dernière de reprendre sa circulation normale », explique le docteur Vera Machtelinckx, acupunctrice et présidente de l’Union Belge des Médecins Acupuncteurs.
Ces dernières années, l’acupuncture connaît, comme d’autres médecines alternatives, un succès grandissant en Belgique. D’après l’enquête nationale de santé menée tous les quatre ans par l’Institut de Santé Publique, un tiers des Belges a consulté un thérapeute non conventionnel au moins une fois au cours de l’année écoulée. Et ce qui concerne l’acupuncture, la majorité des patients sont des adultes, mais certains parents commencent à se tourner vers cette méthode pour leur enfant.

Une technique adaptée selon les âges

En effet, dès les premières semaines de vie, un enfant peut techniquement recevoir des traitements d’acupuncture. Dans le cadre de coliques, de constipation ou de diarrhée, d’allergies, de problèmes de peau - en particulier l’eczéma -, ou encore de troubles du sommeil et de stress, l’acupuncture peut être une option intéressante. « Mais toujours en complément à la médecine classique, explique le docteur Machtelinckx. Avant tout traitement par acupuncture, il convient de vérifier que le problème de santé est bien fonctionnel et qu’il n’y a pas d’autres pathologies plus lourdes qui devraient être traitées par des techniques plus classiques. »
C’est pourquoi chaque consultation doit commencer par un entretien au cours duquel l’acupuncteur prend le temps de poser aux parents plusieurs questions sur l’enfant pour faire son bilan de santé. Est-ce que l’enfant est souvent malade ? Comment dort-il ? Mange-t-il ? Quels sont les antécédents médicaux des parents, des frères et sœurs ?
Puis, selon l’âge et la raison de la consultation, l’acupuncteur déterminera les points d’acupuncture à stimuler. « On ne traite pas un enfant de 4 semaines de la même façon qu’un enfant de 5 ans, précise l’experte. Avec un bébé, c’est plus facile car il n’a pas encore peur des aiguilles. Dans le cas d’enfants plus grands et afin de rendre le traitement le moins désagréable possible, le nombre d’aiguilles insérées est limité.
Par ailleurs, contrairement aux traitements d’acupuncture pour les adultes, on retire immédiatement les aiguilles après les avoir insérées. La technique est malgré tout efficace, car ce sont les premières secondes qui comptent. Si l’enfant a vraiment trop peur des aiguilles, il est également possible de stimuler les points énergétiques au moyen d’un laser. »
Le nombre de traitements dépend de la gravité de la maladie, de son évolution et de son ancienneté. « Les enfants réagissent en général plus vite à l’acupuncture que les adultes. Tout simplement, parce qu’ils n’ont pas derrière eux des années de mauvaises habitudes et que les pathologies ne sont pas encore chroniques, avance le docteur Machtelinckx. Parfois, une seule séance peut suffire. Pour des pathologies complexes comme l’asthme ou des problèmes de peau, il faudra en prévoir plusieurs. Mais dans le cas d’enfants, nous évitons de multiplier les consultations. »

Douleur, précautions et effets indésirables

« Chez les enfants, le frein principal est sans aucun doute la peur, commente le docteur Machtelinckx. Les aiguilles utilisées en acupuncture sont très fines et leur application se fait avec peu de douleur. La sensation est un peu comparable à celle d’une piqûre de moustique. C’est plus surprenant que douloureux. Mais malgré tout, l’enfant peut avoir peur et se mettre à pleurer. Avec de la patience et de la douceur, nous essayons de lui faire accepter deux ou trois aiguilles. Et après le premier traitement, la peur disparaît généralement. Si ce n’est pas le cas, il ne faut pas forcer. Certains enfants, à la suite de vaccins, ont une peur viscérale des aiguilles. L’acupuncteur doit alors s’adapter et utiliser plutôt le laser. »
Encore relativement marginale en Belgique, l’acupuncture chez l’enfant rencontre, dans des pays comme le Canada, un succès grandissant. Selon les données recueillies depuis 2007 par le National Health Interview Survey, 150 000 enfants recevraient chaque année un traitement d’acupuncture pour soigner la douleur, l’anxiété, des nausées ou des migraines.
« Dans nos pays occidentaux, peu de parents pensent spontanément à l’acupuncture pour soigner leurs enfants et rares sont les pédiatres qui renvoient leurs patients vers les acupuncteurs. Les parents qui viennent en consultation avec leur enfant ont, en général, déjà été eux-mêmes traités par acupuncture. Convaincus par les résultats, ils reviennent pour leur enfant. Mais j’ai bon espoir que la situation évolue. Il y a dix ans, personne n’aurait eu l’idée d’emmener son enfant consulter un ostéopathe, aujourd’hui c’est devenu monnaie courante », conclut le docteur Machtelinckx.
Même si depuis quelques années, l’acupuncture est de plus en plus souvent pratiquée chez l’enfant, aucun travail de recherche spécifique n’a encore été mené en Belgique pour évaluer l’efficacité et les risques de ce traitement chez les enfants. Interrogée sur le sujet, l’ONE n’a pas souhaité se prononcer. Outre-mer, une étude menée par Adverse Events assure que l’acupuncture, pratiquée par une personne qualifiée, ne comporte aucun risque pour la santé de l’enfant.
Certains effets indésirables ont été relevés, mais la majorité d’entre eux demeure d’intensité légère. Il s’agit avant tout de douleurs, de petits hématomes ou de saignements suite aux piqûres d’aiguilles. Les auteurs de l’étude ajoutent que les effets indésirables sont majoritairement dus aux compétences du praticien, d’où l’importance de bien se renseigner sur le médecin acupuncteur avant de prendre rendez-vous (voir encadré).



Gaëlle Hoogsteyn

Des parents en parlent…

Convaincu !

« J’ai longtemps souffert de migraines dont pas un médicament ne venait à bout. Sur les conseils de mon neurologue, j’ai consulté un acupuncteur et cela a changé ma vie. C’est cette expérience réussie et la confiance que j’accorde à mon médecin qui m’ont poussé à le consulter pour mes enfants. La première fois, c’était pour les coliques de ma cadette qui n’avait que quelques semaines à l’époque. Il y a peu, mon aînée de 11 ans a fait trois séances pour ses insomnies et cela l’a aidée. Elle a eu un peu peur des aiguilles la première fois, mais elle a été vite rassurée quand elle s’est rendu compte que ça ne piquait que quelques secondes. Je lui avais bien expliqué comment ça se passerait mais, pour un enfant, la peur d’avoir mal peut être un frein. »
Vincent, papa de trois filles

En pratique

Trouver un bon acupuncteur : les précautions à prendre

En Belgique, le statut d’acupuncteur n’est pas légalement fixé. Pour être sûr d’être pris en charge par une personne compétente, mieux vaut donc choisir un praticien affilié à l’Union Belge des Médecins Acupuncteurs. En effet, seuls les praticiens ayant un diplôme de médecine et ayant suivi une formation de trois ans en acupuncture peuvent s’y affilier. Cette double qualification leur permet de proposer une prise en charge globale, combinant, si nécessaire, médecine classique et acupuncture. Cette union professionnelle regroupe 600 acupuncteurs : 20 % d’entre eux soignent des bébés (0-36 mois) et 30 à 40 % traitent des enfants. Plus d’infos sur www.acupuncture.be

Argent

À quel remboursement avez-vous droit ?

Depuis quelques années, toutes les mutuelles remboursent un supplément pour les consultations d'acupuncture dans le cadre de leur assurance complémentaire. Le patient est remboursé 10 € par séance avec un maximum de cinq à six séances par an, selon les mutuelles. Attention, ce remboursement n'est accordé que si l'acupuncteur est un médecin reconnu par la mutuelle.
Au total, le patient est donc remboursé d’environ 25 € (environ 15 € pour une consultation médicale normale et 10 € supplémentaires). Cependant, les mutuelles regroupent dans le même paquet l'acupuncture, l'homéopathie, l'ostéopathie et la chiropraxie. Ce qui signifie que le patient ne bénéficie des 10 € supplémentaires que pour cinq à six séances de l'une et ou de l'autre de ces médecines complémentaires.

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