Développement de l'enfant

Votre enfant a 1 an et demi, et vous devez déjà penser à une école ? Peut-être avez-vous débuté vos recherches depuis un certain temps, si vous habitez une région où les places en maternelle manquent ? Peut-être que cette question ne vous tracasse pas, tant vous êtes assurés d’avoir, le jour venu, une place pour votre petit à l’école du quartier ou du village ?
Vos témoignages le montrent : vos réalités sont très variées. D’autant qu’il n’y a pas une procédure d’inscription unique pour toutes les écoles. Décryptage avec le Centre d’action sociale globale pour les familles (à Bruxelles) et avec Merlin Gevers, chargé d'études à la Ligue des familles.
Classe d’accueil ou 1re maternelle ?
Premiers points à prendre en compte. Depuis 2020, l'obligation scolaire commence à 5 ans en Belgique (son abaissement à 3 ans est actuellement sur la table au fédéral). L’enseignement maternel est dispensé à des enfants âgés d’au moins 2 ans et 6 mois. À cet âge, c’est la classe d’accueil, suivie de la 1re maternelle. Parmi les éléments qui entrent en ligne de compte pour la classe d’accueil, il y a le coût de la crèche (destinée aux 0-3 ans, rappelons-le) : même si vous êtes contents de cette structure cosy pour votre « encore » petit, vous ferez une sacrée économie une fois qu’il ira à l’école. Il y a aussi l’envie d’échapper au plus vite aux soucis de recherche si vous vivez dans une zone où les places en maternelle ne sont pas suffisamment nombreuses : en effet, une place en classe d’accueil vous en garantit une en 1re maternelle ! Il y a, par ailleurs, la pression côté crèches : désireuses de libérer des places, certaines poussent les enfants vers la sortie et questionnent expressément les parents à ce propos. Il y a, enfin, l’envie des parents que leur enfant se socialise – c’est surtout vrai s’il n’est pas en crèche ou chez une accueillante. Certains parents craignent aussi que leur bambin ne s’ennuie dans son milieu d’accueil. L’argument est parfois utilisé par l’équipe de la crèche pour suggérer au plus vite son entrée à l’école. Mais ne devrait-elle pas alors lui fournir les stimulations dont il a besoin ?
Choix de l’école : quelles sont vos priorités ?
À quoi penser lorsque vous vous mettez en quête d’une école pour votre enfant ? Les critères de choix sont très nombreux. Ils vous sont propres. À chaque parent son ordre de priorité. S’il y a des frères ou sœurs, vous optez souvent tout naturellement pour l’école qu’ils fréquentent. Autres critères (et la liste n’est pas exhaustive) : la proximité géographique (si précieuse avec un petit), le réseau d’enseignement, la taille de la structure (si elle comprend un niveau primaire, vous faites d’une pierre deux coups : une place pour votre bambin est assurée en 1re primaire), les valeurs mises en avant, les projets éducatif, pédagogique et d'établissement, l’extrascolaire et donc les horaires scolaires…
Plus tôt vous entamez les démarches, plus grandes sont vos chances qu’il y ait de la place dans l’établissement de votre choix, et donc que votre demande d’inscription soit acceptée
Surfez sur les sites des écoles repérées. Pas mal d’infos y sont données, dont leurs projets éducatif, pédagogique et d'établissement. Mais un site, ça reste théorique. Rien de tel que le feeling. Exercez-le en vous rendant aux journées « portes ouvertes », en rencontrant la direction et l’équipe pédagogique, en échangeant avec d’autres parents. Questionnez sur les activités proposées, les sorties, la garderie avant et après la classe et les activités extrascolaires (sont-elles organisées au sein de l’école ou pas ?), les repas et les collations, les frais scolaires (sachez ici que la gratuité des fournitures scolaires est aujourd'hui acquise pour tout l'enseignement maternel : l’école doit donner à l’enfant son matériel scolaire, à l’exception du cartable et du plumier non garni qui restent à la charge des parents), le rôle et la participation des parents (l’association des parents est-elle plus ou moins active ?), l’intérêt pour l’écologie…
Et l’inscription ?
L’enfant inscrit dans une école peut y entrer à tout moment dès qu’il a 2 ans et demi. Et donc, même le jour qui suit son inscription ! Mais, en général, les écoles, de leur côté, aiment organiser des entrées « groupées » au cours de l’année scolaire. Selon que votre enfant est né en janvier ou en décembre, il pourra être le plus âgé ou le plus jeune de sa classe, et faire une année scolaire complète ou pas. Selon son mois de naissance, le moment de l’inscription peut aussi vous paraître plus ou moins prématuré.
Quelles sont les règles de base concernant l’inscription dans l’enseignement maternel ? Vous pouvez effectuer la demande d’inscription de votre enfant à tout moment. Mais plus tôt vous entamez les démarches, plus grandes sont vos chances qu’il y ait de la place dans l’établissement de votre choix, et donc que votre demande d’inscription soit acceptée. Cela est d’autant plus vrai dans les zones à forte tension démographique. La seule raison valable pour un refus est l’absence de places.
Ce qui peut être compliqué, c'est que, côté francophone, les procédures d’inscription diffèrent d’une école à l’autre (selon le réseau notamment) – ici, un call center regroupe les demandes d’inscription pour plusieurs écoles, là, vous avez directement affaire à la direction… D’où l’intérêt de bien connaître la marche à suivre et le timing précis (dates et heures) indiqués par l’école de votre choix ou les écoles de votre présélection. Ne ratez pas ces rendez-vous ! Être parmi les premiers peut éviter bien du stress !
Votre enfant est en ordre d’inscription ? Cela veut dire qu’il est inscrit avec certitude dans une école. Ou manque de chance : il est pré-inscrit et se trouve sur une (ou des) liste(s) d’attente ? Vous avez intérêt à assouplir vos critères de choix et à faire des démarches auprès d’autres écoles. À cette fin, le site www.placesecolesmaternellesetprimaires.cfwb.be vous fait gagner du temps : il informe en temps réel sur le nombre de places disponibles dans les écoles maternelles et primaires en Fédération Wallonie-Bruxelles (mais pas pour les classes d’accueil). Cela vaut aussi la peine de contacter de temps en temps l’école (ou les écoles) où votre enfant est sur liste d’attente, on ne sait jamais… Toute demande d’inscription enregistrée n’équivaut pas automatiquement à une inscription définitive. Au final, assurez-vous que votre inscription est confirmée auprès de l’école élue.
L’entrée à l’école exige de votre bambin une certaine maturité et une certaine autonomie. Le moment venu, sera-t-il prêt pour ce grand passage ? Pas évident de l’imaginer dès maintenant ! Une hantise des parents : la propreté. Des écoles font pression pour que l’enfant soit propre dès son arrivée, d’autres font preuve d’une relative souplesse en la matière. En tout cas, une inscription ne peut être refusée pour ce motif (on le répète, la seule raison valable pour un refus est l’absence de places). Histoire de rester cool, n'oubliez pas aussi que vous pouvez prévoir l’entrée de votre enfant à un moment puis la différer si vous pensez qu’elle se passera mieux un peu plus tard.
LA QUESTION
Quels besoins à 2 ans et demi ?
Marie Masson, licenciée en psychologie clinique et formatrice au FRAJE*
À 2 ans et demi, l’enfant est encore en pleine construction identitaire. Il s’est attaché à quelques adultes de référence (ses parents, des membres de la famille, les personnes prenant soin de lui à la crèche) qui le soutiennent dans cette construction. Pour la mener à bien, il a besoin de continuité spatiale (entre les lieux qu’il fréquente), temporelle (entre les moments de sa journée) et relationnelle – et donc de pouvoir tisser des liens entre ses personnes de référence qui, elles-mêmes, ont des liens entre elles. Or, dans les écoles, a fortiori quand elles sont grandes, les espaces que les enfants occupent sont disparates, les temps sont découpés et le personnel est important : les petits sont vite perdus. Y réfléchir est important et y remédier n’est souvent pas très compliqué…
L’entrée à l’école de l'enfant est facilitée si on respecte ses rythmes de développement. Il a besoin de faire des siestes dans le calme s’il est fatigué, de prendre ses repas dans un lieu sympa où ça ne crie pas. Il ne faut pas attendre de lui qu’il se comporte comme un élève. Il est encore très enfant. Il a besoin de jeu libre… à travers lequel il apprendra plein de choses, et de bouger librement. Il a besoin de se sentir bien pour comprendre le fonctionnement de l’école. C’est un monde en soi, l’école, et appréhender ce monde, cela prend du temps… mais ce sera plus facile si l’enfant peut avoir son doudou avec lui.
Comment voit-on que l’enfant est mûr pour l’école ? Il y a des petits signes. Il commence à parler de lui en disant « je », il fait bien la différence entre lui et les autres. Il réalise spontanément ses premières figures fermées (le rond). Il nomme les différentes parties de son corps. Il fait preuve d’une certaine autonomie dans les gestes du quotidien (reconnaître et mettre son manteau, ouvrir et fermer sa boîte à tartines…). Il est capable de faire comprendre à l’adulte, pas forcément avec le langage, qu’il veut aller aux toilettes, qu’il est fatigué, qu’il a froid… Il a une sécurité de base suffisamment bonne, mais ça, ça se travaille dès la naissance ! Bien sûr, si l’enfant est propre, cela aide. Mais l’acquisition de la propreté est un processus naturel et individuel, pas un apprentissage ! Les parents et les professionnels sont là pour la soutenir, mais ils ne contrôlent rien.
Entre la crèche et l’école, ce n’est pas une rupture. Il faut « soigner » la transition. Que les parents n’aient pas peur de s’impliquer dans cette période ! Il est important qu’ils rencontrent les institutrices et l’équipe extrascolaire et créent du lien avec elles. Il est important que l’enfant ait des petits moments de familiarisation avec ses parents dans la classe et à la garderie. Ce sont des moments essentiels sur lesquels il pourra s’appuyer pour se sentir bien à l’école.
* Formation et Recherche - Accueil du Jeune Enfant.
Marie Masson est l’auteure du petit livre Introduire l’enfant au social, yapaka.be, collection Temps d’arrêt/Lectures.
LES PARENTS EN PARLENT…
Le grand écart
« On a commencé à penser à une école pour Ben vers ses 12 mois. On en voulait une à pédagogie active – notre premier critère de choix – et proche de chez nous. On en a repéré quelques-unes (les avis de parents sur internet, ça a aidé). Les sites de ces écoles indiquaient les modalités à suivre (personnes de contact, dates auxquelles les contacter…). C’était le grand écart : ici, un coup de fil et Ben était sur une liste d’attente ; là, on devait remplir un formulaire en ligne ; ailleurs, une réunion des parents était prévue et les inscriptions se faisaient le jour même… Pour le moment, on a deux écoles, avec une inscription sûre. Et je dois encore en appeler une. C’est perturbant de mener de front des démarches dans plusieurs directions, surtout que ça bloque la route à d’autres parents. »
Romane, maman de Ben, 20 mois
Vive l’école du village !
« Enzo ira dans l’école de sa sœur, la seule école de notre village. No stress ! On va l’inscrire lors de la journée "portes ouvertes". Toute la famille et nos amis ont mis, ou mettent, leurs enfants là. C’est une petite école où tout le monde se connaît. On peut y aller à pied. C’est trop cool. »
Sophie, maman de Lara, 3 ans, et d’Enzo, 18 mois
EN SAVOIR +
- Le site de la Fédération Wallonie-Bruxelles www.enseignement.be présente, entre autres, l’enseignement fondamental (maternel et primaire), ainsi que les règles de base pour y inscrire son enfant.
- Le site www.placesecolesmaternellesetprimaires.cfwb.be indique en temps réel le nombre de places disponibles dans les écoles maternelles et primaires en Fédération Wallonie-Bruxelles.
- Vous avez besoin d’aide ? Le Centre d’action sociale globale pour les familles propose des permanences sociales (par téléphone et dans ses locaux).
- Découvrez les revendications de la Ligue des familles à propos de l’école sur www.liguedesfamilles.be.
- Si vous habitez Bruxelles et voulez inscrire votre enfant dans une école néerlandophone, rendez-vous sur www.inschrijveninbrussel.be.
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