Grossesse

La doula, une accompagnante pour une naissance sereine

Aux petits soins de la maman, mais aussi de toute sa famille, la doula s'affirme dans le paysage de la périnatalité. Au rayon des nouveaux métiers, cette accompagnante à l'accouchement propose une panoplie de services, souvent méconnus, et complémentaires au rôle de la sage-femme.

« Changer le monde, c'est d'abord changer de façon de naître ! ». Tel est le mantra quotidien de la doula Nadège De Bonte. Ce métier, il s'est imposé à elle comme une évidence à la naissance de son second enfant, né à son domicile. « J'ai pris conscience de l'importance d'un environnement serein et du soutien humain dans le déroulement d'un accouchement naturel. J'ai aussi réalisé l'ampleur de la charge logistique pour les sages-femmes ! ».
Cette Genvaloise nous raconte son métier, souvent méconnu en Belgique, mais en plein boom depuis deux ans. Son téléphone est à portée de main. À tout moment, Nadège s'attend à être appelée pour un accouchement. Dans sa sacoche de travail, une panoplie d'accessoires. Tout est prêt pour partir, de jour comme de nuit. Une huile de massage, des tisanes et boissons relaxantes, des illustrations de positions d'accouchement et images encourageantes, une bouillotte, et encore bien d'autres choses pour les futurs parents.

« Facilitatrice d'ocytocine »

Mais avant tout, Nadège apporte au chevet des parturientes de la bienveillance et du soutien, propices au bien-être des parents. « Je me définis comme une ‘facilitatrice d’ocytocine’, explique-t-elle avec amusement et conviction. Je suis engagée pour créer un environnement zen autour de la famille. Je suis convaincue des bienfaits d'un accouchement le plus physiologique possible et d'une naissance respectée. Il en va du bien-être, sur le long terme, de la maman, du bébé, et plus largement du coparent et de la fratrie ».
De cet environnement intime découle la libération naturelle de cette précieuse ocytocine, indispensable à l'accouchement. Celle-ci est aussi impliquée dans la formation de liens parentaux chez tous les mammifères sociaux. Elle encourage les comportements de soins maternels, et d'attachement filial, autant chez la maman que chez le coparent.

Au domicile, attentive à toute la famille

Qu'elle s'intègre dans un plan de naissance naturelle ou médicalement assistée, la doula s'adapte à chaque situation, assurant son rôle de « gardienne de la bulle des parents », et cela, peu importe le lieu de naissance. À domicile, Nadège arrive au même moment que les deux sages-femmes en charge de la maman.

Entre changements de décors et relèves de garde, la doula tente d'assurer la continuité

Discrète et chaleureuse, elle assure le soutien psychologique et émotionnel des deux parents, en relais avec les sages-femmes. La plupart des tâches logistiques lui reviennent : faire couler un bain chaud, s'assurer d'avoir des essuies en suffisance, masser longuement la maman, gérer l'intendance, répondre à la porte si quelqu'un vient à sonner, etc.
Si les frères et sœurs sont présent·e·s, la doula est aussi à leurs petits soins. « Il m'arrive parfois de leur servir le petit-déjeuner, de les habiller, de les conduire à l'école ou ailleurs, si les parents le souhaitent, raconte Nadège. De quoi préserver la présence du papa auprès de la maman, et d'aider celle-ci à lâcher prise ».

« Visage connu » à l’hôpital

En cas de naissance en milieu hospitalier, la doula est présente en continu auprès des parents, parfois ballottés entre de nombreux et nombreuses soignant·e·s pressé·e·s par une charge de travail importante. « Souvent seul·e, le ou la gynécologue est connu·e des parents... et, bien souvent, parachuté·e en fin de travail. Sa présence n'est pas garantie ! ». Entre ces changements de décors et les relèves de garde, la doula tente d'assurer la continuité. Elle reste le visage connu pour la maman, parfois seule.
Et la collaboration des sages-femmes avec cette nouvelle intervenante, qu'en est-il ? « C'est évident que la doula suscite la méfiance dans de nombreux hôpitaux. Son rôle est méconnu et semble concurrentiel avec celui des sages-femmes », explique Stéphanie Halleux, doula et présidente de l'Association francophone des doulas de Belgique (AFDB). Depuis 2008, cette asbl démarche auprès des mutuelles et des hôpitaux pour faire connaître ce métier importé des États-Unis et du Canada. Et malgré de premières réticences, les expériences de collaboration sont très souvent heureuses, l'équipe médicale se sentant soulagée.
La collaboration est encore plus opportune pour les sages-femmes libérales. « Avec une vie rythmée de gardes et de travail nocturne, la menace du burn-out est quotidienne dans notre métier », rappelle Stéphanie Wampach, sage-femme indépendante à Uccle. La collaboration avec une doula, elle a pu l'expérimenter en Californie.
« Aux États-Unis, les sages-femmes ne travaillent jamais à l’hôpital. Ce sont des infirmières obstétricales qui s'y trouvent. Au domicile et en maison de naissance, les sages-femmes américaines ont l'habitude de collaborer avec des doulas. Chacun·e trouve sa place, avec ses propres responsabilités et sensibilités, sans hiérarchie. »
Son travail en Belgique, elle ne pouvait l'imaginer sans le soutien d'une doula. Au sein de la nouvelle et unique maison de naissance de Bruxelles, Éclore, Stéphanie et son équipe de quatre sages-femmes ont créé en 2021 une association avec une doula indépendante. La première du genre en Belgique.
En pratique ? Les parents sont systématiquement présentés au trinôme de deux sages-femmes et de la doula. Les rendez-vous non-médicaux ont été délégués à cette dernière. C'est le cas de la première consultation d'ouverture du dossier, d'ateliers et de cercles de parents. « Bien sûr, la présence de la doula n'est pas imposée à l'accouchement », explique la doula, Nadège De Bonte. Et certains freins peuvent apparaître. « La crainte de perdre en intimité est le principal. L'aspect financier l'est également ».

Lien de confiance et ressources

Morgane, devenue maman en juillet dernier, a découvert ce métier de doula qu'elle ignorait en dehors de l'accouchement. Tout au long de sa grossesse, ses rencontres avec la doula d'Eclore lui ont permis de tisser un lien de confiance, rassurant pour le jour J. Pour Tatiana, enceinte de 40 semaines, cet encadrement a renforcé la dimension holistique de cette seconde grossesse, qui lui avait manqué lors de sa première. Pour cette maman, c'est le chant prénatal qui l'a aidé à se connecter à son bébé. Car au final, la mission principale de la doula est d'accompagner les familles à trouver les ressources en elles pour la naissance et l’accueil d'un bébé.

POUR ALLER + LOIN

Pas une sage-femme

Emprunté au grec ancien signifiant « servante », « doula » désignait la figure féminine qui se tenait près de la mère lors d'accouchement, telle une sage-femme, à l'Antiquité. Aujourd'hui, la frontière avec le rôle de la sage-femme peut être floue pour un public non-averti. La grande différence ? La pratique de la doula est strictement non-médicale. Elle ne peut ni prescrire d’examen, ni poser de diagnostic. Dans le jargon, elle n'assure pas de suivi et ne reçoit pas en consultation. La doula accompagne et reçoit les familles lors de rencontres.
Notons que des services similaires peuvent être proposés par ces deux actrices de la périnatalité : conseils en lactation, haptonomie, préparation à la naissance comme de l'hypnose, du massage, de l'acupuncture, etc. Et dans ce cadre, une différence notable : les prestations de la doula ne sont pas remboursées par les mutuelles en Belgique.

EN PRATIQUE

Choisir

Une doula se choisit au feeling par le couple. Notre conseil : rencontrer deux à trois doulas de sa région avant de se décider. Une première et courte rencontre est souvent proposée gratuitement. Nonante doulas francophones (exclusivement des femmes, jusqu'à ce jour) sont répertoriées géographiquement et par spécialités (ex : accompagnement en PMA, deuil périnatal, soutien en post-partum, etc.) par l'Association des doulas de Belgique (AFDB) sur le site doulas.be

Bonne pratique

Aucun certificat n'est nécessaire pour devenir doula, bien qu'un large panel de formations soit proposé par des associations et écoles privées. Pour encadrer la profession, l'AFDB demande à ses doulas membres de signer une charte de bonne pratique.

Accès à l’hôpital

Les hôpitaux sont de plus en plus nombreux à collaborer avec les doulas. Mais tous ne l'acceptent pas. Une convention de partenariat signée au préalable peut faciliter l'accès. S'en assurer avant le jour de l'accouchement.

Tarif 

Question budget, 40 à 70 € sont demandés par entretien (1h à 1h30). Pour l’accompagnement à l'accouchement, comptez sur un forfait d'environ 300 €, comprenant l'astreinte de veille durant cinq semaines.

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