Loisirs et culture

En 2023, la Foire du livre a offert un bel espace à la littérature jeunesse. L’occasion de vous présenter des ouvrages consacrés au… livre et à la lecture.

À partir de 4 ans
Que seraient les livres sans les mots ? C’est eux que cherchent justement Manu et Nono, le duo d’amis imaginés par Catharina Valckx. Elle propose ici le sixième tome de la série, dans la collection Moucheron de l’École des loisirs pour ceux et celles qui commencent à lire. Et c’est de cela qu’il s’agit ici : apprendre à lire ! Quand les deux compères, Manu le canard blanc longiligne et Nono le moineau noir rondouillard, reçoivent une lettre, ils sont bien embarrassés ne sachant pas décrypter le texte. Heureusement, la chouette Ursule va pouvoir les aider… Dans un autre épisode, cette fois avec Tofu l’écureuil, ils découvrent le plaisir d’inventer un poème face aux couleurs de l’automne.
C’est beau, simple, efficace, tendre, comme à chaque fois avec Manu et Nono.
- Manu et Nono cherchent les mots, de Catharina Valckx (L’école des loisirs/collection Moucheron). À partir de 4 ans.

À partir de 5 ans
Votre enfant commence à lire et vous avez envie de lui concocter une bibliothèque sympa qui ne prendra pas trop de place, voilà la collection qu’il vous faut : en format mini mini, près de 175 titres (dont une mini-série signée Susie Morgenstern avec Je t’aime, Je te hais et Je t’aime (encore) quand même) pour les lecteurs et lectrices débutant·es et celles et ceux qui ont envie d’histoires courtes, à moins de 5 € le volume. Outre des couvertures graphiques élégantes, la disposition narrative prend en compte le rythme de lecture, veille à ce que les mots restent entiers et que les groupes de sens soient respectés.
Le site dédié, petitpoche.fr, propose en outre des outils pédagogiques. Ce titre-ci en particulier fait écho à la démarche en présentant Léo, 6 ans, confronté à la difficulté de lire et écrire : « Moi et les lettres, ça crisse, ça grince, ça ne marche pas entre nous, il y a un grand vide. Et ça me rend nerveux ». Heureusement, un club lecture naît en après-quatre heures où il va trouver encouragements, fierté, plaisir et même un petit plus. Ce récit est la mise en mot des ateliers de soutien « Coup de pouce » que l’autrice a mis en place dans des écoles primaires durant le covid.
- Tout ira bien, d’Elsa Solal (Thierry Magnier/collection Petite Poche). À partir de 5 ans.

À partir de 6 ans
Que serait le livre sans les librairies ? Voici un album qui nous en fait découvrir une assez pittoresque tenue par une charmante libraire qui sait jusqu’où peut conduire la magie de la lecture. Quand elle accueille une jeune lectrice, Maya, accompagnée de sa maman, elle sait dans quel coin de son officine la conduire : le salon de thé où l’attend… un ogre. Un ogre gigantesque, mais adorable, entouré de petits cochons, souriceaux et autres animaux étranges. Le sens de l’histoire prend un tour inattendu quand la gamine demande à l’ogre : « Tu peux rester jusqu’à quelle page ? ». Celui-ci lui raconte alors une histoire dont il est le héros, une subtile mise en abyme sur les pouvoirs délicieux de la lecture.
Le charme de cet album doit beaucoup aux illustrations raffinées de Célia Chauffrey, avec une patine vieil anglais, des références aux classiques, des personnages expressifs et deux rabats découpés qui apportent une touche supplémentaire d’originalité.
- L’ogre de la librairie, de Céline Sorin et Célia Chauffrey (Pastel). À partir de 6 ans.

À partir de 6 ans
Et que serait le livre sans les bibliothécaires et leurs versions mobiles qui amènent quantité d’ouvrages dans des lieux moins fréquentés ? La vedette de l’album Le bibliobus est un élan doué pour raconter des histoires à sa famille. Jusqu’au jour où il tombe à court d’idées… Après avoir sollicité en vain ses voisins et voisines de la forêt pour leur emprunter des livres, il se rend en ville, à la bibliothèque, et en ramène des histoires qu’il partage avec son entourage. Son salon devient un incroyable salon de lecture. Il décide de rénover un vieux bus pour ramener et prêter davantage de livres encore. Mais seule la famille d’Élan sait lire. Une inattendue chaîne de solidarité se met en place où Élan apprend à lire à Ourse, Ourse à Blairelle, qui instruit Renard et ainsi de suite. Tout ce petit monde très humanisé rappelle par l’illustration l’univers de Beatrix Potter.
- Le bibliobus, d’Inga Moore (Pastel). À partir de 6 ans.

À partir de 5 ans
Que serait la lecture sans alphabet ? D’où le succès des abécédaires en littérature jeunesse. Celui-ci est un alphabet-bestiaire paru en 1968 en Italie. Figure de proue de l’école romaine de graphisme, le designer Alfredo De Santis imagina des yeux ronds et des bouches largement ouvertes à ces animaux stylisés pour adoucir la sévérité noire des lettres. Une manière révolutionnaire et ludique de découvrir l’alphabet… romain !
- alphazoo, d’Alfredo De Santis (MeMo/coll. Les grandes rééditions). À partir de 5 ans.

Pour tou·tes
Autre abécédaire, autre univers, empreint de nostalgie et d’humour décalé. Louise Deschamps revisite pour chaque lettre une scène culte de la filmographie de Jacques Tati et de son personnage fétiche, Monsieur Hulot. Petite-nièce du cinéaste, elle propose des dessins minimalistes en vert et rouge sauf le jaune éclatant de la couverture carrée. Les vacances au bord de mer, le chapeau, la pipe, l’escalator sont revisités dans des vignettes simplissimes accompagnées d’un mot.
Familier ou pas des films de Jacques Tati, partez à la découverte de cet univers unique en son genre à travers les 26 lettres de l’alphabet.
- ABC Tati, de Louise Deschamps (Hélium). Pour tous.

Pour tou·tes
Le mois de mars est riche en poésie, notamment parce que la Journée mondiale de la Poésie est fixée le 21. L’occasion pour les éditions Rue du Monde de sortir annuellement plusieurs ouvrages poétiques dans le cadre du Printemps des Poètes. Cette année, elles proposent une édition spéciale de Ceci est un poème qui guérit les poissons pour marquer le 100 000e exemplaire vendu dans le monde en espagnol, chinois, croate, hébreu, etc. et même le 300 000e si l’on intègre un tirage pour les écoles publiques du Brésil !
Jean-Pierre Siméon, Grand Prix de poésie de l’Académie française 2022, a imaginé cette histoire simple pour parler poésie. Arthur est désespéré face à son poisson rouge neurasthénique. Sa maman suggère de lui offrir un poème. Mais qu’est-ce donc que ce remède ? Voilà le garçon parti en quête de la chose ici et là, puis auprès de Lolo le marchand de vélo, madame Rondu la boulangère, le vieux Mahmoud, Mamie et Papy et même le canari Aristophane. Chacun et chacune suggèrent sa réponse que nous vous laissons découvrir. Elle conjugue à chaque fois la puissance de l’imaginaire et celle des mots pour voir la vie sous un autre jour.
L’album est illustré par le talentueux Olivier Tallec, au meilleur de sa forme, qui offre à son tour une poésie visuelle par des détails graphiques surprenants, des jeux sur les couleurs et des angles qui travestissent le réel. Bonus de cette édition : l’interview de Jean-Pierre Siméon autour de la création poétique et sa magie par… son personnage, Arthur.
- Ceci est un poème qui guérit les poissons, de Jean-Pierre Siméon et Olivier Tallec (Rue du Monde/coll. Couleur carré). Pour tou·tes.

À partir de 6 ans
Pour terminer, nous vous invitons à découvrir un livre qui se refuse à la lecture ! Suite d’un premier tome, Le livre qui ne voulait pas être lu, vous voici embarqué·e dans un moment de complicité désopilante avec votre enfant. Imaginez : celui-ci vous demande de faire la lecture avant de s’endormir et vous tend cet album piégé. Sous sa couverture rouge cardinal ornée de dorures à l’ancienne, se multiplient les chausse-trappes pour enrayer la machine à ‘lecture’. L’histoire s’interrompt à peine commencée, les pages mordent la grande personne, les R se transforment en F et pour connaître la fin, il vous faudra recommencer au début
De la typographie aux vignettes tirées de livres anciens, tout contribue à dérouter un esprit cartésien. L’adulte, acteur de cette histoire, en devient subtilement le personnage, voire le héros involontaire, tandis que le livre et l’enfant deviennent complices pour reporter le moment de l’extinction des feux. L’idéal est de ne pas être dupe et de jouer le jeu à fond pour une lecture partagée drôle et inhabituelle.
- Le livre qui ne voulait vraiment pas être lu, de David Sundin (Robert Laffont). À partir de 6 ans.
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