Crèche et école
L'ARCHIVE DU LIGUEUR
Il y a 65 ans, une lettre arrive dans la boîte aux lettres du Ligueur. Elle est signée Andy. En cette fin du mois d’août, le jeune homme a pris sa plume pour s’adresser aux parents. Quoi de plus normal, dès lors, d’avoir choisi comme médium votre magazine parental favori. De lui, on ne saura pas grand-chose. Si ce n’est qu’il est instituteur. Si ce n’est qu’il a débuté dans la profession il y a seulement un an. Et que ça n’a pas toujours été facile. Sa jeunesse semble avoir plongé quelques papas et mamans dans la méfiance et la suspicion.
Du haut de sa petite vingtaine, le prof l’avoue : oui, il est novice. Oui, entre les pages de théorie et la pratique, il y a une fameuse différence. « Je m’aperçois avec étonnement que, devant 30 ou 40 frimousses à peu près semblables, je ne suis qu’un débutant, un homme qui a tout à apprendre et qui, généralement, le fera à ses dépens ». Bien sûr, il y a les élèves qu’il faut convaincre de ne pas se servir des bancs comme de chevaux, mais il y a aussi les parents pas toujours compréhensifs.
Le jeune instit semble avoir souffert des mauvais procès. « Parents qui me lisez, sachez passer au-dessus d’un bulletin que vous jugez trop sévère, sachez retenir cette phrase ironique que vous dédiez à l’instituteur, alors que vos enfants, autour de vous sont tout oreilles ». Des erreurs ? Oui, un jeune maître peut commettre des erreurs, mais « faut-il pour cela en faire tout un journal parlé avec les voisines ou le boucher du coin ? ».
" Si quelque problème sérieux vous tracasse, allez voir celui qui ne demande qu’à vous être utile "
Et Andy d’en appeler à l’union plutôt qu’à la discorde. Il livre alors le fond de sa pensée. Transparence et franchise. « Si quelque problème sérieux vous tracasse, allez voir celui qui ne demande qu’à vous être utile ; conscient de son inexpérience, le maître vous écoutera et sûrement, s’il est sincère, tiendra compte de vos suggestions ». Le jeune maître ose et s’expose. S’ouvrant à la critique, n’hésitant pas à choisir la rencontre directe pour dissiper tout malentendu.
Mieux. Dans son texte, il invite aussi les parents à s’investir dans l’école. « Il y a tant à faire dans le monde de la jeunesse ! Pour régner, il ne faut pas diviser, mais unir ; de nombreux moyens sont mis à notre disposition : réunions de parents, conférence, journaux d’enseignement : pourquoi ne pas tenter de se connaître ? Réalisons qu’on travaille de chaque côté pour la bonne cause ».
Voilà. À l’heure de la rentrée scolaire 2024, ce petit plaidoyer tout droit sorti de la fin des années 50 ne pourra que favoriser et inspirer les fructueux échanges que parents et enseignant·es s’apprêtent à entretenir tout au long de l’année.