Grossesse

L’accouchement, un moment où des traumas peuvent ressurgir

Faire sortir un bébé de son ventre n’est pas toujours le plus beau jour de sa vie. En particulier quand on a vécu des violences sexuelles, des mutilations génitales par exemple. Une prise en charge différenciée est alors nécessaire.

Lorsque qu’Aissatou se rend pour la première fois chez un gynécologue en Belgique, c’est sur le conseil de copines. Il s’agit d’un contrôle de routine. Une nouveauté pour la jeune femme qui vient de Guinée (Conakry). La démarche n’est pas dans les habitudes de sa famille.
« À la fin de mon premier rendez-vous, le gynécologue (peut-être que c’était une façon d’être sympa avec moi) me tapote l’épaule et fait une remarque sur mon excision : ‘Oh, vous, ça va, ils ont juste joué avec vous. Il y a pire’. C’était ses mots. Depuis ce jour, j’ai gardé un goût amer dans le fait d’aller consulter un gynécologue. »
Si une méfiance s’est installée, Aissatou ne rejette pas pour autant le monde médical. Au contraire, elle commence des études d’infirmière. Lors de sa dernière année, elle tombe enceinte. Elle décide de ne pas se faire suivre par un gynécologue, mais par une équipe de sages-femmes à qui elle explique son passé douloureux, son excision (voir encadré) à l’âge de 5 ans. Aissatou se sent écoutée.
Ensemble, elles décident d’accoucher à la maison, mais prévoient tout de même de se rendre à l’hôpital qui se trouve à dix minutes si la naissance tourne mal. Premier signal d’alarme pour la gynécologue Amina Yamgnane. « Une dame qui n’a jamais accouché de sa vie, qui vient d’Afrique et donc, qui a vu ce que c’est d’accoucher avec une sage-femme à domicile, qui est professionnelle de santé et qui fait ce choix, c’est une dame qui a besoin d’être aidée et soutenue ».
La gynécologue, aujourd’hui installée à Paris, a été présidente de la commission de la promotion de la bientraitance pour le gouvernement français. Elle s’est donc penchée sur la question des violences obstétricales. Quand on lui soumet le chiffre de la Plateforme citoyenne pour une naissance respectée, elle n’est pas étonnée. Une femme sur cinq a déjà vécu une forme de violence obstétricale au moment de son accouchement. Si la couleur de peau de la maman qui donne la vie n’est pas blanche, cela monte à une femme sur trois.
Aissatou fait partie de ces femmes. Son accouchement ne se passe pas comme prévu malgré une grossesse sans problème. « Après vingt-quatre heures de travail à la maison où tout s’était passé dans le calme, l’ouverture du col se faisait vraiment très lentement. On a donc décidé d’aller à l’hôpital. J’étais épuisée. J’ai demandé la péridurale ». Aissatou parvient à s’endormir. Au réveil, à 7h, une nouvelle équipe débute sa journée. C’est là que le cauchemar commence pour la future maman.

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