Loisirs et culture

Initiative commerciale à l’origine, la fête des grands-mères se déroule début. Les grands-mères sont aussi au centre de beaux albums. Vive elles !

À partir de 3 ans
La couverture capte le regard au premier coup d’œil : la construction graphique, le format carré de belles dimensions, les aplats de couleurs lumineuses, la ligne claire et ce petit personnage souriant assis sur un amoncellement de meubles portés par un personnage caché. Et quel personnage ! Une grand-mère comme on en rencontre peu en littérature jeunesse. Robe noire, cache-poussières, chignon gris et traits grognons : voilà une mamie Georges bien acariâtre, à qui la fille vient confier la garde de sa gamine en… deltaplane.
Or, ce samedi, mamie Georges a décidé de se lancer dans un grand nettoyage de printemps. Indifférente à la présence de sa petite-fille, elle vide la maison de ses meubles tel un déménageur baraqué. Elle hurle dans un phylactère qui prend une demi-page : « CHANTIER CHOUCHOU ! ». À la force du muscle, elle continue à tout déplacer, y compris un piano, dans une… machine à laver géante rouge. Nous voilà embarqué·es dans une autre dimension, une sorte de douce folie. Suit le démontage de la maison. Murs comme toit se retrouvent également dans la machine à laver.
On vous laisse découvrir la suite de ce délire visuel et les excentricités de cette grand-mère qui a la force de Fifi Brindacier. Au fil du récit, mamie Georges se déride, s’attendrit devant sa petite-fille et prépare une fête pour le retour de la maman. Trois générations de femmes pour une histoire à crouler de rires.
- Chantier chouchou debout, d’Adrien Albert (L’école des loisirs).

À partir de 4 ans
Un titre sobre pour une histoire profonde. Aborder le thème des grands-mères, c’est aussi approcher celui de la vieillesse et de ses difficultés, ici les problèmes de mémoire. Celle-ci est évoquée par des cubes dispersés évoquant les origines africaines de l’aïeule qui a du mal à se souvenir. Ces cubes fragmentés surgissent en trois dimensions entre les pages sous forme de pop-ups très délicats. Tout comme des nuages. Épisodiquement, les souvenirs jaillissent et la grand-mère raconte un épisode fort de sa vie de jeune femme déterminée en Afrique.
Avec Grand-mère, vous tenez entre les mains une œuvre d’art sensible sur l’importance de la transmission pour les générations qui suivent.
- Grand-mère, d’Éléonore Douspis (Albin Michel Jeunesse/Coll. trapèZe).

À partir de 6 ans
Il y a tout d’abord le texte : magnifiquement littéraire, fluide, aux mots choisis, inscrits principalement dans des rectangles au-dessus des cases et doublés par quelques phylactères soigneusement choisis. Il y a ensuite le dessin, sobre, qui souligne le contraste entre les personnages et les décors de l’immense maison rouge piémontaise où se déroule l’histoire. La demeure patricienne de la nonna où la narratrice passe ses vacances. Celle-ci découvre une magnifique robe chinoise dans une armoire interdite et suscite la colère de la vieille dame. L’émotion passée, l’aïeule se décide à raconter…
Chiara Mezzalama met des mots, avec délicatesse, sur un chapitre douloureux de son passé familial. Mais si la vieille maison garde la mémoire de secrets ancestraux, la grand-mère offre à sa petite-fille la possibilité de ne plus avoir peur des ancêtres et des fantômes. Sans les oublier pour autant.
- La robe de soie, de Chiara Mezzalama et Régis Lejonc (Les éditions des éléphants).
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