Loisirs et culture

Le livre jeunesse se permet toutes les fantaisies. Sur la forme comme sur le fond. Comme de choisir un (bête) rocher en guise de sujet ! La preuve à travers trois albums. L’un faussement sombre, les deux autres hyper colorés.

À partir de 10 ans
Votre famille aime le nonsense à l’anglaise ? Les histoires décalées qui frisent l’absurde ? Vous serez servi·es avec cet album dont les personnages portent des chapeaux melons trop petits pour leur tête. S’y ajoute un suspens théâtral, à travers les dialogues, et cinématographique, dans le déroulé des scènes. Soyons clair : cet album suscite des avis tranchés entre celles et ceux qui le trouvent désopilant, plein d’humour dans son minimalisme et d’autres qui le laissent tomber… comme le rocher du titre !
La tonalité générale de cet album aux couleurs sombres et terreuses contraste avec les habitudes du livre jeunesse. Mais elle correspond bien au récit sur lequel plane une menace jamais nommée, même quand elle survient. L’auteur, à travers une utilisation astucieuse de la distance instaurée par les doubles pages, s’appuie sur les paradoxes et la dérision pour créer des jeux inventifs, voire extravagants, sur la langue. Les dialogues, comme parfois chez les enfants, passent du coq à l’âne (même si les trois personnages ressemblent davantage à une tortue, une marmotte et un serpent). L’ironie se glisse aussi dans le décalage entre les textes simples, mais travaillés, et les illus que l’auteur répartit d’une manière originale sur les pages. En cinq chapitres, les thèmes ne manquent pas de sel : l’endroit que l’on préfère, la solitude, l’incommunicabilité, le besoin ou non d’aide, le futur et l’envie de rester même quand on dit que l’on va partir.
- Le rocher tombé du ciel, de Jon Klassen (Pastel).

À partir de 8 ans
« Un rocher bleu demeurait paisiblement au cœur d’une forêt. Dix mille ans étaient passés dans une parfaite sérénité ». Voici les premiers mots du dernier album de Jimmy Liao, dont nous avions adoré Le poisson qui me souriait, où il donne vie à un rocher. Celui-ci aime le chant des oiseaux et le parfum des fleurs. Une catastrophe lui tombe dessus : il est cassé en deux ! Une de ses moitiés se retrouve dans un atelier d’artiste qui le sculpte. Sans cesse brisé, le rocher bleu est constamment remodelé. Le voilà embarqué dans un incroyable voyage, de sculpteur en sculpteur, dans un parc, un jardin, un bord de mer, un musée, un cimetière, un orphelinat, une prison, un cirque… Plus il diminue, plus sa nostalgie croît, car son autre moitié est restée là-bas, dans la forêt. On n’oublie jamais d’où l’on vient.
À travers cette saga, cette migration permanente, Jimmy Liao relève l’incroyable défi de nous raconter toute la vie d’un rocher. Les illustrations, hyper lumineuses, sont truffées de références et notamment, en lien avec l’esprit surréaliste du récit, à René Magritte.
- Le rocher bleu, de Jimmy Liao (HongFei).

À partir de 3 ans
Deux chiens, Jack et Georges, voient une masse bleu foncé fuser du ciel. Ils manipulent l’étrange météorite en tous sens et en font un parachute, un radeau, une couverture, etc. Jusqu’à ce que l’étrange objet reparte vers les cieux. Georges réitère sa question du début sur ce qu’était cette chose improbable à quoi Jack répond qu’il n’en sait rien, mais que c’était merveilleux.
Quel parent ne s’est jamais amusé à faire vivre diverses réalités à un objet anodin du quotidien ? Voilà ce que nous proposent Ramadier et Bourgeau dans un album simplissime habillé de couleurs franches et de formes basiques, tout en parvenant à nous amuser d’un rien.
- Oh ! Qu’est-ce que c’est ?, de Ramadier et Bourgeau (L’école des loisirs/coll. Loulou&Cie).
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