Le coin lecture : voyage au bout des pages

Ah ! Ces couleurs. Franches et fluos. Éclatantes de soleil. Premier personnage à entrer en scène : le chat noir Philéas qui voyage dans son monde intérieur, en admirant ce qui est tout petit notamment. Face à lui, la chatte Pénélope, jaune citron, aventurière dans l’âme. Elle rêve d’aventures et de grands espaces. Vous l’aurez compris : deux conceptions des vacances vont se dessiner sous nos yeux. Et de superbes façons.
Pénélope embarque dans un train, y fait des rencontres (et quelles rencontres !). Une fois arrivée à l’hôtel en bord de mer, elle a l’agréable surprise de découvrir son ami Philéas caché dans sa valise. Le casanier ne l’a pas abandonnée, mais n’en démord pas : il se confine dans la chambre qui lui sert d’observatoire. Le voyage se poursuivra ainsi, Philéas dans la valise où il a percé deux trous, Pénélope à dos de chameau ou d’éléphant, en barque, à vélo, etc. Un vrai tour du monde.
Dans des dialogues rondement menés, les deux complices, mi félins mi humains, partagent deux visions du monde et des voyages, deux visions qui vont s’enrichir l’une l’autre… Marie Caudry a adapté son album pour la scène avec la musicienne électro Leslie Morrier dans un spectacle qui combine vidéo en direct, dessin et musique.

• Ah ! Les voyages, de Marie Caudry (Thierry Magnier). À partir de 3 ans

Ce lepporello de belle facture, solide pour les petites mains qui le déplieront, invite les toutꞏes-petitꞏes à une excursion montagnarde.
Côté verso, il propose une frise, un panorama à 360° qui commence dans la plaine, au bord d’un lac, et se termine sur les cimes enneigées. Le graphisme est très simple, réalisé à la palette graphique. À chaque volet, il zoome sur un détail en particulier qui retiendra l’attention des tout jeunes.
Côté recto, un imagier zoome sur ces détails comme le bouquetin, la marmotte, les myrtilles, le téléférique et, bien sûr, l’edelweiss. De quoi enrichir le vocabulaire de vos petitꞏes. Gros atout de cet objet-livre : ses couleurs claquantes.

• Balade en montagne, de Jessica Das (Amaterra). À partir de 1 an

Peut-être vous souviendrez-vous que nous vous avions déjà parlé du premier tome (en cours d’adaptation dans un court-métrage d’animation) de cette série qui nous fait découvrir une culture différente. L’autrice qui vit aujourd’hui à Paris évoque son enfance tokyote dans les années 1970 à travers le regard enjoué de la petite Momoko.
Dans ces quatre histoires courtes rassemblées ici, faciles à lire quand on commence à lire seulꞏe, Momoko nous parle de ses amiꞏes, lors de la journée des cerisiers en fleurs, le Hoanami, de la fête des garçons, d’une rentrée des classes, etc. Il y est question de recettes comme celle d’onigiris, de bricolages de koinoboris, des poissons volants en papier. Nous suivons également Miyuki, la petite sœur handicapée de Momoko, que nous accompagnons dans sa nouvelle école pour enfants « qui ont des soucis ». Comme partout dans le monde, ces enfants font des bêtises, rivalisent entre filles et garçons, se disputent et se réconcilient (ou pas).
Les illustrations aux traits tremblants de Kotomi ont obtenu un prix d’excellence à la Foire internationale du livre jeunesse de Bologne.

• Les amis de Momoko. Une enfance japonaise 3, de Kotimi (Rue du Monde/coll. Pas comme les autres). À partir de 6 ans

Et si nous allions en vacances sur la lune ? Comment ça, ce n’est pas possible ! Voici un grand-père malicieux qui va vous prouver le contraire, ainsi qu’à son petit-fils Emilio. Celui-ci est venu passer l’été chez l’aïeul délicieusement champêtre. L’album se passe essentiellement à la tombée du jour. À la lumière d’une lanterne et de la lune, le grand-père raconte ses histoires les plus fantastiques : le conte des fourmis d’or, la légende de la branche la plus longue, etc. Le fantasque bonhomme propose au gamin un périple nocturne vers la lune. Il a plus d’un tour dans son sac et, croyez-le ou pas, il est parvenu à nous surprendre !
Avec ses illustrations surprenantes qui osent des couleurs sombres pleines d’atmosphère, cet album charmant nous rappelle que l’imagination a le pouvoir extraordinaire de faire voyager. On est séduit par cette histoire écrite au présent, car elle met aussi en scène la très belle complicité entre un grand-père et son petit-fils qui n’est pas le dernier à jouer le jeu.

• Comment aller sur la lune, de Nicolas Schuff et Ana Sender (Père Fouettard). À partir de 5 ans

On ne s’en rend pas compte au début, mais cet album nous livre une petite encyclopédie géographique des merveilles de la nature comme le glacier Mendenhall en Alaska, l’île de Socotra au Yémen, le Kapokier en Amazonie ou le canyon de l’Antilope dans le désert de l’Arizona.
Tout commence par une coupure d’électricité générale et un grand blackout. Obscurité totale. Heureusement, l’héroïne se souvient d’un livre de sa grand-mère, une encyclopédie géographique. Avec toute sa famille, elle découvre les richesses naturelles de la planète. Celles-ci sont dessinées numériquement par la Portugaise Eduarda Lima, dont on sent les influences de son travail de designer et de réalisatrice de courts métrages animés.
Le titre de l’album ne s’en cache pas : il est question ici de tirer la sonnette d’alarme et d’agir pour régénérer la nature. C’est ainsi que le livre se clôt sur une mobilisation générale pour réaliser une toiture végétalisée du plus bel effet.

• Planète verte ?, d’Eduarda Lima (La joie de lire). À partir de 5 ans

Avec les bien nommées éditions Rue du Monde, créées en 1996 par l’auteur de cet album, vous êtes certainꞏe de voyager. Alain Serres redonne vie à son premier album paru en 1982, avec des illustrations au goût du jour de Suzy Vergez. L’écrivain-poète, comme à son habitude, est parti d’une idée simple qui nous emmène très loin.
Seule, en plein été, devant son goûter qu’elle ne veut pas manger, Margaux se met à imaginer tous ceux et toutes celles qui ont contribué à fabriquer pain, beurre et chocolat et qui ont aussi cuit, empaqueté, chargé, distribué… Voici notre héroïne branchée sur des milliers de personnes de par le monde. Comme elle s’ingénie à les totaliser, elle est aussi entraînée dans un tourbillon de nombres. Ouf, quel voyage, d’autant qu’elle se lance le défi de remercier tous ces gens auxquels elle est reliée par sa simple boîte à tartines, y compris ses parents qui l’ont préparée ! Dernière invitation du livre : imaginer combien de personnes ont été nécessaires pour fabriquer les vêtements de votre enfant, ses jouets… et ce livre.

• Pain, beurre et chocolat, d’Alain Serres et Suzy Vergez (Rue du Monde/coll. Couleur Carré). À partir de 4 ans

Si certainꞏes aiment voyager, Dagfrid, elle, a le mal du pays. Voici la cinquième aventure de cette fille viking originale, qui a dû suivre sa famille au Groenland glaciel pour une fête de mariage. Son frère Odalrik et son père Thorvardur sont ravis de changer d’air. Rien de tel pour Dagfrid. Seule sa grand-mère, armure sur le dos et casque à cornes, lui tire un sourire avec ses excentricités comme se baigner nue en mer.
Olivier Tallec illustre avec son talent habituel et expressif cette histoire de voyage dont certainꞏes rêveraient, mais honni par la petite viking !

• Dagfrid | Le mal du pays, d’Agnès Mathieu-Daudé et Olivier Tallec (L’école des loisirs/coll. Mouche). À partir de 6 ans

Dépaysement garanti avec ce carnet de voyage publié par les éditions marseillaises et bilingues (français-arabe) Le port a jauni. Les poèmes de Ramona Bădescu transmettent les vibrations des rues du Caire et d’Alexandrie, de la poussière duveteuse, au milieu « des marchands de tout ». Nous traversons les heures bleue et jaune, en bord de Méditerranée et au rythme des felouques sur le Nil. Pas de cartes postales ici, mais des croquis rehaussés à l’encre de Chine pour un voyage en poésie.

• L’heure égyptienne, de Ramona Bădescu et Benoît Guillaume (Le port a jauni/Poèmes). À partir de 10 ans

Voici une nouvelle collection de romans d’aventures créée ce printemps par les éditions Hélium : Sur les traces. Écrite par Gwenaël David, cette série réunit des adolescentꞏes mobiliséꞏes par la protection du monde animal. Des jeunes bien d’aujourd’hui, cosmopolites, grands voyageurs/grandes voyageuses, hyperconnectéꞏes. Chaque épisode est d’ailleurs suivi d’échanges de posts avec leurs amiꞏes aux quatre coins du monde.
Après Sereno, le cachalot, voici Tala, le chimpanzé. Rima, Philippe et Louise rejoignent John dans sa famille du Congo-Brazzaville pour un séjour linguistique. Mais les ados s’enhardiront surtout dans la forêt pluviale avec l’espoir d’apercevoir un chimpanzé qu’ils prénomment Tala (le regard, en lingala). Ils affrontent leurs peurs, les dangers, les moustiques et les vers de Cayor. Un vrai suspens s’installe. Leurs expéditions dans la jungle sont parsemées d’indices et d’informations corroborées par la vétérinaire et primatologue Sabrina Krief. Chaque roman se clôture d’ailleurs par un entretien fictif mené par les collégiens avec le ou la spécialiste consultéꞏe. Prochaine aventure : Alcide, le mini-pingouin, à paraître en septembre.

• Tala le chimpanzé, de Gwenaël David et Léa Roch (Hélium/Sur les traces). À partir de 9 ans