Le coin lecture : voyages à travers les pages

Après l’école buissonnière, voici les vacances buissonnières. Celles de deux garçons restés à la maison le jour le plus chaud de l’été. Tous les autres sont partis à la mer, sur une île, loin. Kjell (prononcez « chèle ») suggère à son ami une idée assez géniale : jouer à se perdre. Mais pas simple d’être un vrai « perdiste » ! Car on finit toujours par savoir où l’on est. C’est pourquoi Kjell décide de fixer des règles strictes : interdit de faire demi-tour, de demander son chemin... Et les voilà partis pour une aventure qui sera nourrie de nombreuses découvertes, rencontres inattendues et déconvenues. Parviendront-ils à se perdre pour de bon ?
Traduit du suédois pour la collection Petites Histoires Nordiques des éditions Versant Sud, cet album rappellera à bien des adultes les capacités qu’ils avaient à imaginer de grandes aventures quand ils étaient enfants. Il en inspirera tout autant aux enfants d’aujourd’hui. En partant de l’idée de se perdre (ce qui peut conduire loin), l’autrice montre avec humour comment de petites choses peuvent se révéler précieuses. Avec ses dessins pleines pages, aux traits simples mais aux perspectives recherchées, l’illustratrice, membre de l’académie suédoise des livres pour enfants, apporte sa touche toute personnelle à cette vadrouille estivale.

• Nos vadrouilles, de Mattias Danielsson et Sara Gimbergsson (Versant Sud/coll. Petites Histoires Nordiques). À partir de 4 ans.

Il ne faut pas nécessairement partir loin pour sortir du quotidien et de la routine. Cette histoire se déroule en automne, mais pourrait tout aussi bien se vivre en juillet-août, sauf qu’il y aurait un peu moins de feuilles mortes et que le pavillon à gaufres serait remplacé par celui à glaces.
Tout commence par un tutoiement sans que l’on sache qui parle à qui. Les belles et grandes illustrations avec de nombreuses petites scènes de vie vont permettre de deviner peu à peu qui sont les interlocuteurs. Elles montrent aussi qu’il y a plein de choses à vivre et à découvrir dans un parc. Le présent et le passé se superposent aussi dans ce récit qui se révèle, au final, une belle rencontre intergénérationnelle.

• Mon Parc, de Camille Giordani et Inbar Heller Algazi (Actes Sud jeunesse). À partir de 3 ans.

Après Le secret du potager (2021), toujours disponible, voici celui de la forêt. Ou plutôt les secrets de la forêt. Ceux auxquels un grand-père initie sa petite-fille. Importance du mycélium (à ne pas confondre avec Miss Hélium), des vers de terre, de la lumière, etc., de tout ce que vous pourriez découvrir par vous-mêmes. Mais le secret des secrets, c’est l’arbre préféré de l’aïeul, un chêne centenaire avec lequel la petite Lili va nouer un lien très fort fait de confidences. Et comme la fillette ne veut pas garder ce trésor pour elle seule, elle décide de planter un gland au fond du jardin de son grand-père et d’en ramener à ses ami·es à la rentrée. Les aquarelles d’Annick Masson illuminent cette histoire tendre et profonde.

• Le secret de la forêt, de Luc Foccroulle et Annick Masson (Mijade). De 3 à 6 ans.

Si on ne va pas à la mer, allons à la piscine. C’est ce que se dit Kapok, le chien sagement alangui qui observe des enfants s’éclater dans la piscine. Aussi, la nuit venue, invite-t-il tou·tes ses ami·es à piquer une tête : Marius le renard, Albert le sanglier, Oskar le cheval, une famille de canards, des moutons et même un éléphant. Tout ce petit monde vit au clair de lune et au bord de l’eau. Ça joue, ça plonge, ça discute, ça craint, ça swingue, ça flirte, comme des petits humains.
Dans un décor unique où l’eau émeraude contraste avec les ombres de la nuit, l’album est rythmé comme une pièce de théâtre. Chaque réplique est balisée par un cabochon représentant celui qui parle. On peut même lire le livre à plusieurs en se répartissant les rôles !

• Rendez-vous à la piscine, de Jean-Baptiste Drouot (Hélium). À partir de 4 ans.

Voici une réédition en petit format souple, et donc plus économique, d’un album paru en 2013. Un sympathique petit livre à compter qui nous immerge dans un jardin sur les pas de Clara, peau brune et cheveux frisés, dans un feu d’artifice de fleurs. C’est frais et joyeux.

• Le jardin de Clara, de Sandra Nelson et Camille Garoche (Flammarion/coll. Petit castor). À partir de 3 ans.

Présent autant dans nos villes que nos campagnes, le merle est incontournable. Et si nous en faisions un compagnon de vacances de nos enfants ? Pour nous y aider, voici le quatrième tome de la collection Bestioles, une BD premières lectures pour les 5-7 ans. Elle a été réalisée par Julie Colombet à partir du podcast de France inter Bestioles qui totalise plus de 4,8 millions de téléchargements ! Un QR code en quatrième de couverture renvoie vers ce podcast intitulé Le merle : le chasseur chassé, écrit par Marie Desplechin. Le merle y dialogue avec un narrateur invisible. C’est humoristique et scientifiquement approuvé par un zoologue. De quoi en savoir plus sur le quotidien de cet oiseau national de la Suède et le voir désormais avec d’autres yeux !

• Bestioles - Le merle, de Marie Desplechin et Julie Colombet (Hélium). À partir de 5 ans.

Prix Versele 5 chouettes en 2014, ce court roman vient d’être réédité en version bilingue français-arabe destiné à des lecteurs et lectrices qui découvrent la lecture en solo dans la collection Sindbad jeunesse. Le goût de la tomate s’appuie sur le dialogue, qui rend le texte vivant, entre un père, Marius, et son fils Clovis, 7 ans, orphelin de mère. Une belle relation existe entre eux. Celle-ci s’avère d’autant plus cruciale que nous sommes dans une dystopie. Imaginez : un monde de gazon synthétique et de béton, soumis à une dictature agroindustrielle qui impose ses lois alimentaires et interdit toute autre production que les siennes. Le père ne l’entend pas de cette oreille et entre en résistance. Avec son fils, il cultive un plant de tomates. La première ne sera pas bien grosse, mais aura une saveur toute particulière que nous vous laissons découvrir. Et si vous plantiez une tomate cet été…

• Le goût de la tomate, de Christophe Léon (Actes Sud/coll. Sindbad jeunesse) À partir de 8 ans.

Ah, les glaces. Que seraient les vacances, ici ou ailleurs, sans glaces ? Et qui dit glaces, dit Italie. Larissa Bertonasco nous avait déjà régalé avec les recettes de sa grand-mère dans La nonna, la cucina, la vita (La joie de lire). Cette fois, l’illustratrice italienne s’est tournée vers son oncle Massimo, grand glacier et fondateur de quatre boutiques Massimo Gelato à… Amsterdam, pour réaliser ce recueil de recettes faciles à réaliser en famille. L’oncle raconte au préalable la rude destinée des familles italiennes d’antan et leurs sacrifices pour survivre, ainsi qu’une courte histoire de la glace. Au total, une quarantaine de recettes accompagnées de leurs anecdotes avec une attention particulière accordée aux ingrédients.

• Gelato ! Gelato !, de Massimo et Larissa Bertonasco (La joie de lire). À lire et réaliser en famille !

Vos enfants pourraient-ils imaginer un monde sans vacances ? C’était pourtant une réalité à une époque pas si éloignée que cela. Jean, une dizaine d’années, nous raconte son enfance dans les années 30 entre parties de foot et de pêche avec ses ami·es. Quand le Front populaire gagne les élections le 3 mai 1936, ses parents ouvriers fêtent l’espoir d’une vie meilleure. Jean observe le combat des ouvriers à travers ses yeux d’enfant. Il vit sa vie, mais perçoit comme ses camarades l’effervescence générale. La victoire se profile au bout d’un long combat : l’obtention de congés payés.
Certes, l’histoire vécue ici à travers le regard d’une bande d’enfants se passe en France, mais elle s’est répétée dans de nombreux pays, dont la Belgique la même année. Une réalité bonne à rappeler.

• Les vacances, enfin !, d’Isabelle Collioud-Marichallot et Magali Dulain (Kilowatt/coll. Un jour ailleurs) À partir de 9 ans.