Grossesse

Sein ou biberon ?

Sein ou biberon ? C’est un des choix que vous allez devoir faire. Peut-être que la question ne se pose pas pour vous, parce que vous considérez comme « normal » d’allaiter ou de biberonner votre bébé. Peut-être que, depuis le début de votre grossesse, vous avez changé d’avis une ou deux fois sur le sujet. Peut-être que vous hésiterez jusqu’à l’accouchement, et même après. L’important, c’est que votre choix soit « juste » pour votre bébé, pour vous et aussi pour le papa. Quelques éléments bons à savoir que nous rappelle Micheline Cleeremans, sage-femme dépendant de la maternité Delta (Chirec), à Bruxelles.

Tout d’abord, quelles données objectives retenir sur le lait maternel et le lait en poudre ?
Micheline Cleeremans : « Sur le plan immunitaire et nutritionnel, le lait humain est le mieux adapté aux besoins des bébés, c’est incontestable. Quant au biberon, on peut affirmer qu’il constitue une alternative tout à fait correcte au lait maternel. »

Apprivoisez l’idée…

Et s’il fallait résumer en quelques mots la question « sein ou biberon ? », que diriez-vous ?
M. C. : « L’idée d’allaiter son enfant ou de lui donner le biberon est une idée que vous devez apprivoiser. Comme l’idée de devenir mère, d’ailleurs… Et vous avez toute la grossesse pour le faire. Même si allaiter fait partie de la culture de votre pays, vous devez faire en sorte que cela devienne votre projet personnel, et donc apprivoiser l’idée. Alors, prenez le temps de vous rêver avec votre bébé dans les bras, jouez avec l’idée de lui donner le sein ou le biberon, imaginez-vous dans chacune des situations, reprenez ces pensées régulièrement, au calme, interrogez votre corps, vos sensations… »

Apprivoiser l’idée de donner le sein ou le biberon à son enfant revient aussi à s’informer.
M. C. : « Bien sûr ! Parce qu’il est difficile de jouer avec une idée si vous n’avez aucune idée ! Vous informer, c’est lire un bon bouquin sur le sujet, comme celui de la pédiatre Marie Thirion, L’allaitement (aux Éditions Albin Michel). C’est aussi interroger une amie ou une sœur que vous avez éventuellement vues allaiter mais à qui vous n’avez jamais posé de questions sur le "déroulement domestique" de la chose (le nombre de tétées par jour, la nuit comprise, etc.). Comment ont-elles fait ? Quelles ont été leurs expériences ? Vous pouvez aussi vous tourner vers les associations d’aide et d’information sur l’allaitement maternel : elles disposent chacune d’un site riche en infos et conseils. N’oubliez pas non plus les réunions de préparation organisées par les maternités : parmi les thèmes abordés, il y a en principe l’allaitement. Il vous est, enfin, possible de vous faire aider par une consultante en lactation (qui n’est pas obligatoirement une sage-femme à la base) ou par une sage-femme spécialisée en allaitement : demandez un nom à votre gynéco ou à l’équipe des soignants de la maternité où vous allez accoucher. Sachez que l’allaitement maternel n’est pas toujours le meilleur choix pour la maman, même si le lait maternel est le meilleur aliment. Sachez également que l’allaitement maternel n’a pas le monopole de la tendresse et du peau à peau. »

Nourrir bébé : un projet d’équipe

Sein ou biberon : une affaire personnelle ou de couple ?
M. C. : « Une affaire personnelle ET une affaire de couple. Et donc, parlez-en au futur papa. C’est une affaire personnelle parce que, si vous choisissez l’allaitement maternel, ce sera beaucoup plus qu’un don de lait : il y aura une mise à disposition de votre corps (comme pendant la grossesse) au rythme de la demande de votre bébé. Mais c’est aussi une affaire de couple parce qu’il sera important pour vous d’avoir un soutien : il vous faudra quelqu’un de bienveillant qui non seulement vous encourage et vous admire dans ce que vous faites (car allaiter son enfant, ce n’est pas une aventure facile) mais qui vous apporte aussi une aide logistique (pour la préparation des repas, etc.). Là, ce n’est pas nécessairement une question de couple : dans certaines cultures, c’est le clan des femmes qui prend en charge l’aspect logistique. Cette aide logistique est importante aussi quand vous donnez le biberon, mais un biberon, quelqu’un d’autre que vous peut le donner au bébé. La difficulté pour le couple quand vous optez pour l’allaitement maternel, c’est qu’il n’y aura que vous qui pourrez donner le sein, et donc le papa devra assurer le reste, ce qui est encore grandement le rôle de la femme. Allaiter, c’est un projet d’équipe : c’est difficile d’allaiter seule dans son coin… ou "contre son mari" ou "contre sa mère". On peut aussi dire que c’est un projet très personnel qui a besoin d’être soutenu par au moins une personne proche. »

Anticiper, cela a du bon

S’informer permet d’anticiper les difficultés…
M. C. : « Si vous êtes bien informée, vous savez par exemple que l’allaitement est fragile au début, qu’il y a six à douze tétées par jour, que vous allez devoir beaucoup dormir, etc., et vous anticipez un peu mieux les soucis. Vous prévoyez plus facilement une aide pour après la naissance. Cela peut être une aide à domicile deux heures par jour, une visite de sage-femme à domicile, le soutien d’une grand-mère, etc. Repas préparés par des amis, aînés pris en charge par l’entourage, chèques-temps comme cadeaux de naissance, tout cela, c’est bien de l’organiser à l’avance. »

Parfois, la future maman a des questions très personnelles ou très spécifiques sur ses aptitudes à allaiter.
M. C. : « Si vous vous posez ce genre de questions, si vous avez un doute quant au bon fonctionnement de vos seins ou quant à leur conformité, tournez-vous dès maintenant vers une consultante en lactation. Elle vous fera passer un "contrôle technique" qui vous rassurera. Sachez aussi qu’il existe des "petits trucs" qui préparent à un allaitement réussi. »

Vous accouchez dans un « Hôpital Ami des Bébés » ?

Si la future maman accouche dans une maternité labellisée « Hôpital Ami des Bébés », à quoi doit-elle s’attendre en matière d’allaitement ?
M. C. : « L’initiative "Hôpital Ami des Bébés", lancée en 1991 par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), est une vaste campagne de promotion de l’allaitement maternel à travers le monde. Les maternités qui ont reçu le label "Hôpital Ami des Bébés" se donnent comme mission de promouvoir et de soutenir l’allaitement maternel auprès de leurs patientes. Pour cela, leurs équipes de soignants (gynécologues, sages-femmes, pédiatres, kinés, etc.) ont été formées à la physiologie de l’allaitement et à l’accompagnement des mamans. Elles ont un souci de cohérence quant à leurs pratiques et aux messages qu’elles transmettent. Labellisée ou pas, chaque maternité doit garder l’esprit ouvert et respecter le choix des parents. »

Arriver à la maternité et continuer à hésiter sur la question « sein ou biberon ? », ce n’est pas rare et, surtout, ce n’est pas dramatique, rassurez-vous…
M. C. : « C’est déroutant d’hésiter, bien sûr, mais pas de panique ! Beaucoup de femmes font leur choix juste après la naissance, en voyant faire leur bébé qui est accueilli en peau à peau sur elles. Certaines mamans décidées à donner le biberon sont soudain séduites par leur bébé qui cherche le sein et se met à téter, et elles changent d’avis. D’autres acceptent cette première tétée mais ne prolongeront pas l’expérience. D’autres encore s’affolent et demandent qu’on leur retire le bébé. L’important, ce n’est pas le moment où vous faites votre choix, non, l’important, c’est que, quels que soient votre décision et le moment où vous décidez, vous trouviez un accompagnement quand vous en avez besoin.
Actuellement, dans le contexte pro-allaitement qui est le nôtre, les (futures) mamans subissent une énorme pression. Essayons de dédramatiser ! Vous n’êtes pas obligée de choisir le sein ou le biberon en urgence. Vous n’êtes pas forcée d’avoir tout lu sur le sujet. Avec votre bébé, vous allez avancer pas à pas avec vos moyens. Parce que vous serez crevée d’allaiter, une nuit ou l’autre, vous lui donnerez peut-être un biberon et ce ne sera pas tragique. Et, petit à petit, vous vous ferez confiance. C’est comme pour tout apprentissage… Car l’allaitement, ça s’apprend même si on continue à penser que c’est naturel. C’est un apprentissage parce que le savoir-faire ne se transmet plus entre femmes. »

TÉMOIGNAGES

« Donner le sein ou le biberon, finalement, c’est le même geste de tendresse »

« Allaiter mon bébé : une évidence pour moi ! Je vois cela comme un prolongement de ma grossesse… »
Céline

« J’avais en tête plein de récits de mamans qui ont eu des difficultés avec l’allaitement. Puis, j’ai lu le livre de Marie Thirion sur le sujet et j’ai été rassurée : les difficultés étaient contournables et je me sentais capable de les contourner. »
Any

« Je ne sais plus quoi penser. J’ai vu une copine qui a allaité ses trois enfants pendant un an : à l’écouter me raconter ce qu’elle a vécu, j’ai trouvé cela génial. Mais une autre amie a fait une dépression du post-partum, elle n’en pouvait plus des tétées et compagnie : ça m’a fichu la trouille. »
Olga

« Je donnerai le biberon à mon fils. Donner le sein ou le biberon, finalement, c’est le même geste de tendresse : on a son enfant dans les bras, tout contre son cœur. Quel que soit le mode alimentaire, c’est un moment privilégié. Un moment que mon mari savourera lui aussi. »
Cécilia

EN PRATIQUE

Où s’informer ?

  • S’il y a un livre à conseiller sur l’allaitement, c’est bien celui de la pédiatre française Marie Thirion, L’allaitement. De la naissance au sevrage (Éditions Albin Michel, 1993-2014). Un classique, régulièrement actualisé et complété. Comme l’écrit son auteure, il raconte l’allaitement « avec des mots de tous les jours ». Et n’a rien d’un plaidoyer, car « choisir l’allaitement et le réussir, choisir le biberon et être en paix : c’est cela le véritable enjeu ». À lire pendant la grossesse pour comprendre concrètement l’allaitement. À relire après la naissance, au rythme de ses questions.
  • Si vous avez des questions, vous pouvez vous rendre sur le site d’une des trois associations de soutien à l'allaitement maternel : Allaitement-Infos (tél. 071 31 61 16), Infor-Allaitement et la Leche League Belgique (tél. 02 268 85 80). Allaitement-Infos et la Leche League Belgique assurent l’une et l’autre une permanence téléphonique (leur site et leur répondeur téléphonique indiquent qui appeler selon les jours).
  • Pour vous aider également, les consultations prénatales proposées par l’ONE (Office de la Naissance et de l’Enfance).
  • Une aide après la naissance ? À côté de l’entourage proche, il existe les sages-femmes à domicile, les consultantes en lactation et les partenaires enfants-parents (PEP's) de l’ONE. Pensez aussi aux aides à domicile, notamment celles proposées par les mutuelles, les sociétés de titres-services ou les agences locales pour l’emploi.

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