Grossesse

Vous avez rendez-vous pour votre première échographie. Moment attendu… Sur l’écran, l’image du fœtus se dessine. « Un point », « une tache », le cœur bat, c’est signe de vie. Zoom sur les échographies en général et celle du premier trimestre en particulier avec Catherine Donner, gynécologue-obstétricienne et échographiste au Chirec (site Delta), à Bruxelles.
Dans le cadre de la surveillance de la grossesse, l’échographie occupe une place essentielle…
Catherine Donner : « Le rôle de l’échographie est de vérifier le bien-être du fœtus et de dépister et diagnostiquer des anomalies possibles chez lui. Elle est aussi le moment d’une "rencontre" entre les futurs parents et leur futur enfant, ce qui entraîne une palette d’émotions et permet souvent une prise de conscience précoce du fait de devenir parent.
Côté bienfaits, il a été démontré que la première échographie est particulièrement importante pour les futures mamans qui ont un problème d’addiction : avec cet examen, elles prennent conscience de leur grossesse et, du coup, elles sont davantage prêtes à revoir leur hygiène de vie. »

Dépistage versus rencontre ?
Vérifier que le bébé à naître va bien, être tout à la joie de le « rencontrer » : n’y a-t-il pas un grand écart entre ces deux objectifs ?
C. D. : « Ces objectifs sont différents, mais ils ne sont pas contradictoires pour autant qu’ils soient expliqués. À l’échelle de l’histoire de la médecine, l’échographie est une jeune discipline : elle date des années 1980. Au début, les praticiens de l’échographie étaient surtout orientés vers le dépistage d’anomalies. Aujourd’hui, la plupart insistent tout autant sur la rencontre futurs parents-futur enfant. »
Quelle place pour le futur papa ?
C. D. : « Les conditions de l’examen ne devraient pas être contraignantes. Mais c’est mieux, bien sûr, si le futur père accompagne la maman. La grossesse, la naissance, c’est quand même une histoire à deux ! Maintenant, chaque situation est particulière. Ce n’est pas aux échographistes de juger le choix d’un accompagnant… »

Gros plan sur l’écho du premier trimestre
Quand est réalisée la première échographie et que permet-elle ?
C. D. : « L’échographie du premier trimestre est idéalement réalisée vers 12-13 semaines d’aménorrhée. Elle permet de voir le fœtus pour la première fois, d’entendre le rythme cardiaque et d’observer déjà des mouvements. Elle sert à s’assurer que la grossesse est localisée dans l’utérus et qu’elle est évolutive.
Grâce aux mesures de la tête et de la longueur "tête-fesses", il est possible de dater la grossesse et de calculer la date présumée de l’accouchement. La surprise est, parfois, grande de découvrir que le fœtus est plus jeune ou plus âgé que ce qui était attendu d’après la date des dernières règles.
Cette première échographie permet aussi de vérifier s’il y a un ou plusieurs fœtus, d’examiner le placenta et de reconnaître certains organes.
Lors de l’examen, il est également possible d’effectuer des tests de dépistage, par exemple la mesure de la nuque fœtale. Lorsque cette mesure est augmentée, le risque de certaines pathologies, comme la trisomie 21, est accru. »
Que se passe-t-il quand une inquiétude surgit ?
C. D. : « La majorité des échographies sont normales et apportent de bonnes nouvelles. Mais, parfois, l’examen d’un organe n’est pas normal, le résultat d’un test est inquiétant. L’important est alors de très vite obtenir des explications et des informations claires à propos du problème posé, auprès de l’échographiste, du gynécologue ou de la sage-femme qui ont suivi le début de la grossesse, voire d’un spécialiste en médecine fœtale. Si l’échographiste n’est pas le gynécologue traitant, il est essentiel qu’ils se concertent rapidement. »

ZOOM
Comment ça fonctionne, une échographie ?
L’échographie est une technique d’imagerie. « Des ultrasons sont émis par une sonde et sont renvoyés, modifiés, après avoir traversé les différents tissus examinés. Cette technique permet d’obtenir une image du fœtus sans danger pour celui-ci », explique Catherine Donner, échographiste.
« Dans la majorité des cas, l’échographie en deux dimensions suffit. L’image apparaît sur l’écran généralement en noir et blanc. Les liquides sont en noir, les structures solides (comme les os) en blanc et les structures intermédiaires (comme les muscles) dans les gris. Dans certaines conditions, une échographie en trois dimensions, colorée dans des tons ocre, peut aussi être réalisée. Elle apporte des éléments complémentaires. Elle permet l’étude de différentes coupes après l’acquisition d’un volume et la reconstruction d’une image en rendu de surface dont l’exemple le mieux connu est celui du visage. »
« L’échographie se pratique le plus souvent en utilisant une sonde abdominale (posée sur l’abdomen après l’application d’un gel). La sonde vaginale (introduite dans le vagin) est employée pour mieux voir certaines grossesses très jeunes ou mesurer, par exemple, le col de l’utérus. »

COMMENTAIRES D'EXPERTES
Des émotions tous azimuts
« La première échographie a un côté "première découverte" très enthousiasmant : pour la première fois, on voit le cœur qui bat, la petite tête, les jambes qui bougent, les pieds, les bras, les mains, etc. Parle-t-on d’embryon, de fœtus, d’enfant ? Chaque futur parent, chaque couple investit la grossesse à son rythme, insiste Catherine Donner, échographiste. On n’est pas obligé, à 10 semaines de grossesse, de considérer qu’il s’agit déjà d’un bébé. Et ce n’est pas pour cela qu’il y aura un problème d’attachement après la naissance ! »
À chacun(e) son regard sur l’image échographique : tendre et émerveillé, scrutateur, distant, médical, etc. « Souvent, ceux qui ont vécu un accident dans une grossesse précédente regardent le fœtus plus avec un regard médical qu’avec un regard amoureux de parents qui tombent tout de suite sous le charme de cette petite crevette », explique Reine Vander Linden, psychologue en périnatalité. À chacun(e) ses émotions. « Certaines femmes ont entendu que leur copine avait été bouleversée par l’image échographique et, parce qu’elles ne vivent pas la chose avec la même intensité, elles se disent : "Je ne suis pas une mère." Mais il n’y a pas d’émotions obligées… »

TÉMOIGNAGES
« Le cœur battait : notre bébé était bien là, vivant »
« Voir ce petit être qui bouge sur l’écran, voir son petit cœur qui bat à une vitesse incroyable, ça a confirmé ce que je savais déjà avec le test de grossesse : j’étais enceinte, j’attendais un bébé. Pour mon compagnon, par contre, cela a été un choc : il était heureux mais il paniquait. Cette première écho et celles qui ont suivi l’ont confronté à la réalité : il se demandait si, comme papa, il allait être à la hauteur et toutes des choses du genre ! »
Audrey
« Comme nous avons recouru à la procréation médicalement assistée, nous avons droit à une échographie à chaque visite chez le gynéco. À la première écho, vers 4 semaines, on ne voyait pas grand-chose, mais on voyait quand même quelque chose. Le cœur battait : notre bébé était bien là, vivant. »
Caroline
« Pour moi, la question de ma présence à l’examen ne s’est pas posée. J’avais envie d’être là. Je savais que j’allais être émerveillé… et la réalité a été plus dingue encore ! »
Marc
« Comme j’avais fait une fausse couche, voir le bébé viable m’a rassurée. Il était bien accroché, il fallait maintenant que je tienne. »
Dolorès
« Ma femme vient de vivre un début de grossesse difficile. Avec l’écho, tu as envie d’une chouette rencontre, mais tu sais aussi que cela peut être la douche froide, parce que, dans un coin de ta tête, tu prévois le pire du pire. »
Antoine
EN PRATIQUE
Trois échographies remboursées
Comme tout examen médical, l’échographie est proposée, pas imposée. Vu les avantages qu’elle offre, la plupart des futurs parents la font.
En Belgique, trois échographies - une pour chaque trimestre de la grossesse - sont remboursées par la mutuelle. Ceci, pour les grossesses normales. Si une grossesse nécessite une surveillance médicale rapprochée, des échographies supplémentaires sont réalisées et remboursées.
Souvent, dans leur pratique privée, les gynécologues possèdent une machine échographique qui leur permet, à chaque consultation, de vérifier si tout se déroule bien. Ce service est inclus dans l’ensemble des services offerts aux patientes.
En attendant bébé