Société

La Ligue des familles a réalisé une enquête* pour mieux connaître les difficultés de logement que les parents solo rencontrent. 1 150 familles ont fait part des problèmes auxquels elles avaient fait face au moment de leur entrée en monoparentalité, de ceux liés au coût du logement et à son état, des discriminations qu’elles vivent ainsi que des mesures qui pourraient améliorer leur situation. Voici quelques-uns des résultats les plus marquants.
L’entrée en monoparentalité : un moment de fragilité
Le moment de l’entrée en monoparentalité reste un moment charnière pour ces familles. Seulement 10 % des familles qui ont dû changer de logement ont déclaré n’avoir manqué de rien. Au contraire, les autres ont manqué de beaucoup de choses : de ressources financières, d’accès à l’information, de soutien des institutions ou des proches et de temps. Un autre point inquiétant, près de la moitié d’entre elles (45%) ont trouvé difficilement, voire très difficilement, un nouveau logement. Et même 7% des parents ont été sans-abris ou hébergés temporairement par une association, une commune, un CPAS, un centre d’accueil.
Le logement : un bien inabordable
Le coût du logement et les difficultés financières rencontrées par les familles monoparentales sont alarmants : 18% des parents de notre échantillon consacrent plus de la moitié de leur budget à se loger, 53% des parents ont eu des difficultés à payer leur logement l’année dernière, dont 39% plusieurs fois. Et l’augmentation du coût de l’énergie ces derniers mois n’a pas dû améliorer la situation financière de ces familles. D’ailleurs, les aides financières pour payer le logement et les charges sont la première (56%) et la troisième solution (49%) plébiscitées par les familles.
43% des femmes solos ont manqué d’une aide financière au moment du changement de logement contre seulement 21% des hommes
Le choix du logement fait de renoncements
Nombreuses sont les familles qui ont dû revoir leurs critères pour obtenir leur logement actuel et celui qu’elles occupent n’est pas toujours dans un état impeccable. Seuls 25% des parents interrogés n’ont renoncé à aucun élément (terrasse, chambre…) ou à habiter à proximité de services ou de leurs proches pour obtenir leur logement actuel. 17% des parents dorment dans la même pièce qu’un ou plusieurs de leurs enfants par manque de place. Concernant la salubrité et les équipements du logement occupé : 55% des parents déclarent avoir un problème.
Les familles discriminées du fait de leur statut de parent solo
Les familles monoparentales font face à des discriminations liées à leur statut familial. 4 parents sur 10 estiment en avoir subi lors de la recherche de leur logement, et parmi ces parents, la première raison évoquée était qu’ils étaient justement une famille monoparentale (27%).
Certains profils de familles plus confrontés aux problèmes
Un autre enseignement est que toutes les familles monoparentales ne font pas face aux mêmes problèmes ni avec la même intensité : si la situation est globalement difficile, certaines s’en sortent encore moins bien que d’autres. Parmi les catégories de parents qui rencontrent le plus de problèmes, on identifie : les femmes, les locataires, les Bruxellois·es, les parents avec des revenus faibles, les parents sans emploi, les familles avec un membre en situation de handicap.
Ces éléments se retrouvent dans plusieurs des aspects abordés dans notre enquête :
- 28% des Bruxellois·es consacrent plus de la moitié de leurs revenus à leur logement, tandis que les Wallon·ne·s sont 14% dans ce cas.
- 44% des familles sans emploi ont renoncé à une remise en ménage ou à l’accueil d’un proche par crainte d’une perte de revenus liée aux allocations inférieures du taux cohabitant·e par rapport au taux isolé chef·fe de famille. Ce renoncement est partagé par 22% des parents exerçant un emploi.
- Seulement 26% des familles avec un membre en situation de handicap déclarent n’avoir aucun problème de salubrité dans leur logement actuel contre 48% des familles n’ayant aucun membre en situation de handicap.
- 43% des femmes ont manqué d’une aide financière au moment du changement de logement que ce soit pour les frais de déménagement, la garantie locative, le préavis ou l’achat de meubles tandis que les hommes étaient 21% dans ce cas.
Des problèmes de logement, mais pas que…
Un dernier enseignement, qui n’est pas une surprise, c’est que les problèmes de logement ne sont pas isolés des autres réalités vécues par ces familles. De nombreuses familles monoparentales sont confrontées à d’autres difficultés qui ressortent en filigrane tout au long de notre enquête. Parmi les autres problèmes majeurs : on retrouve les problèmes de conciliation vie professionnelle-vie familiale, le manque de revenus, l’accès à un emploi compatible avec la vie familiale, la perte de revenus en cas de remise en ménage, le manque d’accès à l’information…
Les familles monoparentales attendent des mesures favorisant l’accès au logement (aides financières pour le logement et pour les charges, augmentation de l’offre de logement abordable et de qualité…). Mais les parents ont aussi mentionné leurs revenus trop bas et la difficile conciliation entre vie familiale et vie professionnelle.
Au-delà des nécessaires mesures en matière de logement, ce sont donc à des politiques de soutien plus globales qu’aspirent ces familles pour réussir à se loger de manière décente et à vivre de manière plus apaisée.
* Sondage réalisé avec le soutien financier d’Ikea, mené en ligne par Ipsos du 15 au 30 septembre 2021 auprès de 801 parents wallons et 349 parents bruxellois vivant seuls, au moins la moitié du temps, avec enfant(s) de 0 à 25 ans.