Société

Mai 81 : appel aux adultes responsables

L’ARCHIVE DU LIGUEUR

C’est dans les colonnes d’une tribune libre qu’on vous invite, cette fois. Deux signatures s’y côtoient, celles de Muriel (21 ans) et Ellen (20 ans). Ces lectrices du Ligueur portent une parole jeune, chacune dans son style, mais avec une évidente volonté d’en découdre avec la société dans laquelle elles vivent. Elles n’appellent pas à une révolution bas du front, mais à une réflexion profonde et à une responsabilisation des adultes.

Ellen, dans sa lettre, s’attache au problème de l’enseignement. Trop étriqué, trop monolithique. Elle rêve d’une école où « toutes les personnes seraient heureuses de se retrouver parce qu’elles y apprendraient les choses essentielles pour elles et non les choses qu’un groupe restreint juge essentielles, selon ses critères et ses expériences exclusives ». Les mots clés ? Ils s’égrènent. Spontanéité, franchise, compréhension, épanouissement, symbiose, confiance, imagination… Objectif de ce programme scolaire ? Former « des gens sains d’esprit (au sens le plus large) et capables de ne plus se laisser manipuler ».
Dans son projet, Ellen en appelle aux bonnes volontés. Notamment à certains adultes, plus « marginaux », qui ne sont pas dans un moule et ont assumé le choix de se retirer de cette « société démocrasseuse ». Engagée, oui, Ellen l’est. Et elle entend en remontrer à ces « grandes personnes à principes » et elle doute que celles-ci « puissent, après la réalisation d’une telle école de la vie se gargariser des mots faciles et pitoyables tels que drogués, BOF génération, jeunesse en désarroi, paumés, etc. ».
Les adultes, Muriel les prend aussi à partie. « Ne comptez pas sur nous pour bouleverser la société : faites le vous-même ! ». L’entrée en matière est cash. En poursuivant la lecture, on se rend compte que si Muriel exhorte les adultes à se bouger, elle ne compte pas non plus rester « les bras ballants ». Mais là, elle est gavée de certains propos et attitudes : « Arrêtez de projeter sur nous l’idéal de votre jeunesse, tâchez plutôt de l’appliquer à votre vie et reconnaissez-nous nos qualités propres. (…) Vous nous avez si bien habitués à la passivité et, maintenant, vous voulez que nous agissions ».
Dans sa missive, Ellen navigue entre espoir et pessimisme. « J’ai le sentiment qu’il est déjà trop tard, que les jeunes sont déjà devenus les spectateurs de leur vie à la place d’en être les acteurs : ils ont peur d’agir. (…) J’espère que les gens ne sont qu’endormis, qu’ils se réveilleront, qu’ils feront ce qu’ils ont réellement envie de faire et que main dans la main, ils construiront un monde à la mesure de chaque individu ».
En lisant ces lignes, on ne peut s’empêcher de penser à Greta Thunberg qui quarante ans plus tard portera aussi la voix des jeunes au-devant de la scène… Dans les rapports entre générations, il est parfois sain et bon que la jeunesse titille le sens des responsabilités des adultes…

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