Crèche et école

Octobre 1986: la dictée en question

L'ARCHIVE DU LIGUEUR

C’était une autre époque. Celle où on prenait encore son temps. Loin de l’urgence permanente qui est de mise aujourd’hui. Exemple, ces courriers de lecteurs et lectrices publiés en octobre 86 qui répondent à un article paru en mai. Oui, cinq mois d’écart, on est bien loin du like ou du cœur cliqué à la milliseconde sur les réseaux sociaux. C’est que le sujet est épineux, demande du recul. Il s’agit de la dictée. Bon vieux marronnier de la forêt à dispute scolaire. Thème récurrent au même titre que les cotations ou l’utilité du latin.

Au printemps, Anne Lempereur a osé dégommer la dictée dans les pages du Ligueur. Un argumentaire à charge dont l’élément central serait celui-ci : « L’élève est dressé à obéir à des mécanismes extérieurs à lui : on énonce une règle, on dicte la bonne forme et cela induit chez l’enfant un comportement soumis et passif, peu fatigant mais qui le désenchante vraiment de ses apprentissages ». Bref, pour donner aux enfants l’envie d’écrire et de maîtriser l’orthographe, Anne Lempereur prône l’expression libre à partir de ce que veulent communiquer les enfants. Avec plaisir. Avec créativité naturelle.

Dictée et tic-tac d'horloge

En octobre donc, publication de réactions de plusieurs abonné·es du Ligueur qui entendent défendre la dictée qui, selon un des courriers, serait le scrabble de l’école, véritable stimulateur de mémoire et de réflexion. L’une voit de la hargne dans cet article (« règlement de compte vis-à-vis d’un professeur ? »). Un autre reste coi, décelant dans les arguments une remise en question de « maîtres éminents qui se seraient trompés en inculquant à leurs disciples l’art d’écrire correctement ».

Dans les courriers reçus, il est question d’un outil incontournable alliant efficacité et rigueur. Le texte choisi étant « clair, précis, ponctué sur lequel les enfants vont pouvoir réfléchir sur les mécanismes de la langue et vérifier leurs connaissances ». Ce serait aussi « un temps privilégié de silence pour regarder les mots ».

On sent également en filigrane un attachement nostalgique à la dictée. Un ancien instituteur le confesse : « J’aimais cette leçon, dans le plus grand silence, bercé par le tic-tac régulier de notre pendulette Hortense, j’articulais très lentement la phrase (…). Cela créait une atmosphère de sérénité et de communion entre les enseignés et l’enseignant ». Pourtant cela n’a pas empêché cet autoproclamé « luttopiste sexagêneur » de pimenter ses dictées en racontant des feuilletons à épisodes, en suscitant les discussions entre ses élèves sur les pièges, en travaillant leur imagination. Car lui aussi avoue s’être rendu compte que la dictée était finalement un exercice plus négatif que positif. Au lieu d’exterminer cette « rigoureuse dictée, sorte de monstre sacré », il l’a métamorphosée « pour, d’un mal, créer un bien ». Point final. Fermez les guillemets.       

À LIRE AUSSI

Congés scolaires: le calendrier croisé FWB / Flandre 2024 - 2025

Crèche et école

Congés scolaires: le calendrier croisé FWB / Flandre 2024 - 2025

Juillet 1984 : la télé, entre le vrai et le faux

Loisirs et culture

Juillet 1984 : la télé, entre le vrai et le faux

Mai 1964 : prêt·es pour l’examen prénuptial ?

Vie pratique

Mai 1964 : prêt·es pour l’examen prénuptial ?

Les infos collectées sont anonymes. Autoriser les cookies nous permet de vous offrir la meilleure expérience sur notre site. Merci.
Cookies