Vie pratique

Parent : l’exemple, c’est nous !

Les écrans concernent autant, sinon plus, les parents que les enfants. Entre introspection, déballage de pratiques et chiffres, il y a de quoi balayer devant sa porte.

L’exemple, c’est vous. Cette phrase déclinée à toutes les sauces s’applique particulièrement bien aux écrans. Faites cette rapide petite introspection : quels sont vos écrans ? Combien de temps y consacrez-vous par jour ? Pour y faire quoi ? Dans quelle mesure interfèrent-ils sur votre vie familiale ?

Balayer devant sa porte

Non, cet article ne sera pas donneur de leçon. La preuve, on balaye devant notre porte et on vous détaille tout ce qui nous a amenés vers notre téléphone intelligent ces dernières 24 heures. De quoi prendre la mesure des interférences dans la vie familiale.
C’est, sans conteste, WhatsApp qui tient le haut du panier. En l’espace d’une journée, une dizaine de messages échangés avec des parents de l’école, le double dans le groupe de l’association des parents, autant sur le groupe ‘À nous la coupe’ de l’équipe de volley. Ajoutez encore les dernières vidéos de la petite nièce sur le groupe famille, un sondage sur le groupe ‘copines’ et la dizaine de GIF de bon anniversaire sur « notre petit groupe ». On arrive à près de cent messages.
Sur la boite mail aussi, ça turbine. Le courrier hebdomadaire de notre maraîchère, celui de la société de titres-services qui voudrait connaitre nos congés, l’école pour les derniers détails de la fancy-fair, sans compter les newsletters et factures, il y a de quoi s’occuper. Difficile de quitter notre petit pavé intelligent.
Et là, on n’a pas encore parlé de Facebook, qui détient la première place pour le temps passé dessus. Sur Marketplace, on est à l’affût d’un vélo pour le fiston, d’un legging pour la louloute, d’une chaise de bureau, tout y passe. Surtout le temps. Déjà trente minutes de surf sur la place du marché. Un swipe vers la page vidéo. Brut, Konbini, Vews, le fil se déroule à l’infini. Encore une heure de grignotée au compteur.

C’est vous qui le dites

Dans son livre Quand l’écran « fait écran » à la relation parent-enfant, Olivier Duris constate : « Si de nombreuses études et campagnes de prévention se sont attardées sur les dangers de la consommation des écrans chez les tout-petits, peu portent sur l’appauvrissement des interactions entre parents et enfants du fait d’un usage des écrans. Ce phénomène porte un nom, la technoférence parentale, et semble tout aussi important, si ce n’est même plus, que l’exposition directe du nourrisson aux écrans numériques ».
Dans ce même livre, Olivier Duris partage les résultats d’un sondage français réalisé en 2017 : 50% des parents déclarent se laisser distraire par leur smartphone dans les moments d’interaction avec leurs enfants, 36% consultent leur téléphone pendant les repas et 28% le font pendant les temps de jeux. Des chiffres qui en appellent d’autres : 45% des 8-13 ans estiment que leurs parents passent trop de temps sur leur smartphone et 27% rêvent même… de leur confisquer !
Des chercheurs et chercheuses ont démontré un lien entre le niveau d’utilisation du smartphone et le niveau d’engagement dans la relation parent-enfant. De quoi dissiper les doutes, s’il y en avait encore, que l’écran fait écran à la relation parent-enfant. Si le parent ne peut (pas toujours) réguler la place des écrans dans la vie de son enfant comme il le voudrait, il est par contre à la barre de sa propre consommation. À lui alors de décider la place qu’il lui accorde.

EN PRATIQUE

Bons plans parents

Sophie et Estelle ont décidé de reprendre les commandes. En tant que professionnelle, maman de deux garçons de 2 et 5 ans, copine, Sophie reçoit beaucoup de sollicitations. « Je ne peux pas ne pas être sur les réseaux sociaux, mon métier le nécessite et je veux aussi rester dans le bain pour ne pas être larguée quand mes enfants seront dessus ». Pas question pour autant de se faire vampiriser.
« J’ai mis en place une stratégie, sinon ça n’arrête plus. J’ai coupé les notifications sonores et visuelles de toutes les applis. C’est moi qui décide quand je consulte mes messageries. J’ai aussi établi une hiérarchie que mes collègues et proches connaissent. Pour les urgences, un appel, puis un SMS. Le reste, c’est quand j’ai le temps. »
Estelle, maman d’un ado de 13 ans, a aussi réagi en conscientisant le temps passé sur les écrans. La maman veut jouer la carte de la cohérence. Les règles de la maison, c’est pour tout le monde. Pas de téléphone dans les chambres, ni à table. « Je me suis aussi mis une limite de temps d’écran de deux heures maximum par jour, je me suis retirée de Facebook et j’ai fait en sorte qu’Instagram ne soit pas sur ma page d’accueil ».

À lire à ce sujet, l’étude de l’Ufapec : Le lien parent-enfant dans une société hyperconnectée, de Bénédicte Loriers (2022)

BONUS

Quel serait le message à faire passer aux parents ?

Les messages d’Olivier Duris et Daniel Marcelli à l’adresse des parents pour ne pas laisser l’écran faire écran

  • Olivier Duris : « Faire la part des choses de ce qu’on fait derrière l’écran »
    Ce qui me semble important c’est que le parent puisse se poser la question de ce qu’il fait sur les écrans. Quand on échange des messages pour un covoiturage, cette organisation doit avoir lieu, peu importe qu’elle se passe derrière l’écran ou non. Consulter son agenda, accéder au GPS, appeler un ami ce n’est pas la même chose que se retrouver pris en otage par les stratégies de captologie des entreprises qui commercialisent les appli. Il y a vraiment un enjeu de cadrer ces pratiques sur le plan légal. A titre individuel, un parent averti en vaut deux.  
  • Daniel Marcelli : « L’intérêt du parent pour l’écran joue un rôle important dans son attractivité pour l’enfant »
    Ce qui intéresse le tout petit, c’est ce qui intéresse l’adulte. Si le parent fait quelque chose avec un objet, l’enfant désire l’objet. Il y a une dimension d’imitation extrêmement importante entre 6-7 mois puis 12 et 14 mois. Les enfants qui marquent un intérêt pour un écran le font parce qu’ils s’intéressent à ce qui intéresse son parent. C’est important d’en avoir conscience. Certains parents, un peu naïvement, pensent que l’écran attire en tant que tel et n’ont pas conscience que leur propre intérêt joue un rôle important dans l’attractivité des écrans. En présence de votre enfant, lâchez vos écrans pour cultiver le plaisir d’éveil et de découverte de votre enfant, ce plaisir est infiniment plus grand que celui que vous procurera un écran.

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