Vie pratique

Deux moments de forte complicité avec vos petits-enfants. Le petit (ou grand !) nom avec lequel il vous appelle (Qui l’a choisi ? L’appréciez-vous ?). Et la lecture, bien calés sur le divan du salon ou, avant le dodo, assis sur le coin du lit. Un temps de partage unique où l’enfant prend vite le relais et ne manque pas d’échanger. Bonne nouvelle, la Foire du livre, c’est du 20 au 24 février, et l’espace jeunesse vous y dévoilera ses trésors. L’occasion de renouveler son stock d’albums.
► Christiane, 57 ans, secrétaire de direction, deux petits-enfants
Quand mon petit-fils m’appelle Mamie, je trouve cela doux et tendre. Je n’ai pas le sentiment d’un autre âge.
Mais me rendre compte que je suis mariée à un grand-père, ça m’a fait un tout autre effet. Surtout qu’il a du mal à s’y habituer, le papy.
Noémie, 62 ans, une petite-fille, indépendante
Elle m’appelle simplement Mamy. C’est plutôt les parents qui ont choisi. Moi, je voulais un autre surnom : Mamy Nou, parce que je trouvais ça mignon, plus doux, moins commun. J’ai respecté le choix des parents, même si cela m’a rendue triste. Je crois que les parents voulaient déjà montrer qu’ils étaient prioritaires, que leurs décisions passaient avant mon envie, parce que c’étaient leurs enfants.
Lucie, 63 ans, trois petits-enfants, tout en douceur
Grand-mère me paraissait distant, impersonnel. Mémé, péjoratif. Ou, pire, Mémère, mais je crois que plus personne ne l’utilise. Granny, pourtant utilisé pour une amie, me faisait penser à une barre de céréales ! Bonne-maman, c’est le surnom de l’autre grand-mère de mes petits-enfants et je n’aime pas trop. Comme souvent peut-être, c’est l’aîné de mes petits-enfants qui a opté pour Mamiluce, que je trouve assez mélodieux et doux, et les autres ont suivi.
André, 58 ans, une petite-fille, passionné d’ornithologie
Je voulais garder mon prénom pour éviter les habituels papys, pépés… Mais les parents tenaient à un petit sobriquet. Je suis allé sur internet pour trouver un truc original, mais j’ai été déçu. Il n’y avait rien d’original pour les grands-pères. Et puis, j’ai eu l’illumination. Comme je ne pouvais pas y couper et que j’adore les oiseaux, j’ai pensé à Papivert. La petite l’a vite transformé en Papé. Sa maman n’aimait pas, elle a voulu changer, mais comme le nom avait été adapté à la sauce de la petite, j’ai insisté pour que cela reste Papé…
Élise, 64 ans, huit petits-enfants chez ses quatre enfants
J’habite la périphérie bruxelloise depuis mon mariage avec un Flamand. À la maison, nous sommes tous parfaitement bilingues. Mes proches, mes voisins, ma belle-famille sont surtout de culture néerlandophone. Quand je suis devenue grand-mère, mon mari m’a fait remarquer que ce serait chouette que notre petit-fils m’appelle Oma, comme dans sa famille. Moi, ça me changeait, ça m’amusait et j’ai trouvé ça original de glisser ainsi d’une culture à l’autre.
Danièle, 61 ans, deux petits-enfants, institutrice
Je voulais Mamilou, parce que je voulais lui raconter plein d’histoires et que j’aime celles avec des loups. Mais l’aîné n’a jamais su le dire quand il était tout petit et, dans sa bouche, c’est devenu Manou.
Hélène, 57 ans, trois enfants, trois petits-enfants
Pour moi, ce n’est pas essentiel, car j’attache surtout de l’importance à la relation. C’est surtout ma plus jeune fille, la maman de ma première petite-fille, qui m’en a parlé. Finalement, chez mes deux filles, les petits-enfants m’appellent tous Mamy. Peut-être par manque d’imagination ?
Johan, 75 ans, trois enfants, six petits-enfants adolescents
Je pensais qu’ils m’appelleraient tous par mon prénom. L’aîné de mes petits-enfants a commencé à dire Papy parce que son autre grand-père s’appelait Papy Lu. Ma femme a proposé d’ajouter Jo pour faire la différence. Cela n’a pas beaucoup d’importance pour moi. Il faut dire que je les ai peu vus petits à cause de mon travail.
Philippe, 58 ans, une petite-fille, au nom de l’amitié
Ma femme avait proposé Papy, mais il y en a déjà deux dans la famille. J’ai hésité longtemps jusqu’au jour où, en vacances, alors que je tenais la petite dans mes bras, un ami m’a lancé : « Alors, Papy Phil, on est sous le charme ? ». Et j’ai adopté le petit nom, cela m’a plu qu’il ait été choisi par un ami, quelqu’un que j’apprécie.
Annette, 60 ans, tout juste grand-mère de deux petites-filles
Je voulais que l’on m’appelle grand-mère, car il y avait déjà plusieurs mamys dans la famille, mais le compagnon de ma fille trouvait que cela faisait trop vieux. Et tout le monde est tombé d’accord sur Manou car, depuis qu’il est petit, mon fils, l’oncle de mes deux petites-filles, m’appelait Mamoune. Comme Manou convient à tout le monde, cela me plait.
► Anne-Marie, 62 ans, deux petits-fils, une passionnée
J’adore faire la lecture à mes petits-enfants qui sont en admiration quand ils m’écoutent.
Mais leurs parents lisent peu et mes petits-fils sont en train de perdre le goût des livres.
Luc, 47 ans, (beau)-grand-père d’une petite fille de 3 ans
Ce n’est pas vraiment moi qui prends l’initiative de lire avec notre petite-fille. C’est elle qui va chercher un bouquin dans sa bibliothèque (très fournie), elle me montre les images et c’est elle qui me raconte l’histoire avec ses mots et en insistant sur les détails qui l’intéressent. Comme je vois que ça l’amuse d’être aux commandes, je la suis.
Monique, bientôt un 5e petit-enfant, militante
Je lis énormément avec mes quatre petits-enfants parce que ce sont des moments privilégiés. Pour mon plaisir personnel, mais aussi parce que j’ai utilisé le livre comme animatrice dans certains milieux. Le livre d’enfant me plaît particulièrement pour la beauté des illustrations, la poésie des textes, les thèmes abordés et il y a un partage de tout cela avec l’enfant. L’enfant s’attache à un moment donné à un livre particulier, par exemple Loup y es-tu ? ou Max et les Maximonstres. Même l’aîné de 10 ans aime y revenir. Répéter vingt fois, trente fois, le même livre ne me dérange pas.
André, 59 ans, grand-père séparé, deux petits-enfants
Quand je vais garder mes petites-filles chez leurs parents, l’aînée de 4 ans va régulièrement chercher une pile de bouquins dans sa chambre. Je peux les lire toute une journée, car elles adorent ça. Je mets beaucoup d’intonation et elles aussi. Cela devient un jeu entre nous. Un livre peut aussi déboucher sur une autre activité. Par exemple, si un personnage joue de la musique, elle va chercher son xylophone… C’est très gai !
Claudine, 64 ans, ancienne gardienne d’enfants, deux petits-enfants
Ma belle-fille a pris une pause carrière de trois ans lors de la naissance de ma petite-fille. Après cette période, moi et mon mari, nous nous sommes occupés de Jane pendant que ses parents étaient au travail. Je me souviens lui avoir raconté à des dizaines de reprises la même histoire. Je ne me souviens plus exactement du titre mais c’était à propos d’un petit chat qui voulait faire des œufs à la coque ! C’est étonnant comme certains enfants peuvent écouter et réécouter la même histoire sans se lasser… La première fois que Jane m’a dit, à 6 ans : « C’est moi qui lis, mamy ! », j’avoue que j’ai eu une petit choc…
Martine, 81 ans, quatre petits-enfants… au téléphone !
Avec l’aîné de mes petits-enfants, nous avions une drôle de tradition. Chaque soir, avant d’aller dormir, il m’appelait de son lit avec le téléphone portable de sa famille. Je lui racontais alors des petites histoires tirées d’un livre de contes que nous lisions lorsqu’il venait à la maison. Je me souviens avoir passé parfois plus d’une heure à parler dans le combiné. Et lui, à la fin de chaque histoire : « Encore une dernière ! ». C’était parfois difficile de raccrocher.
Philippe, 57 ans, cinq petits-enfants, bricoleur
Mes petits-enfants adorent les livres depuis qu’ils sont tout petits. Avant la naissance de l’aînée, je lui avais déjà acheté un livre, Contes pour une petite princesse, et elle est fière de le rappeler. Un lien était créé. Les moments de lecture sont paisibles. Ils posent des questions, apprennent des choses, font des réflexions. Il y a tout un cheminement dans leur petite tête.
Juliette, 62 ans, une petite-fille de 4 ans
Quand ma petite-fille est née, j’ai ressorti tous les livres de contes de mes enfants. Je lisais avec elle quand elle avait 1 an, 1 an et demi. Elle s’intéressait plus aux images, aux mots qu’à l’histoire elle-même, car elle ne restait pas en place ! Depuis qu’elle va à l’école, je lis moins qu’avant avec elle. Maintenant, c’est elle qui prend un livre, le journal, et qui regarde les images, mais elle dit qu’elle lit ! Même si elle ne sait pas lire, elle raconte toutes sortes de choses. Comme ses parents vivent chez moi, la lecture est surtout réservée au papa quand elle va dormir. Sinon, c’est une enfant moderne, elle regarde surtout la télé et les vidéos.
Michel Torrekens
ELLE EN PARLE…
« Papy ou mamita, pépère ou mémé, bon-papa ou bonne-maman, papidou ou mamouchka, et toutes les déformations affectives des prénoms, n’est-ce pas aussi perturbant qu’un changement de nom ? Sauf à se faire appeler par son prénom, ce qui reste une pratique encore peu répandue car elle retire quelque chose à cette relation privilégiée à laquelle s’attachent spontanément les petits-enfants sans bien comprendre, au départ, qui sont ces êtres plus tendres que les autres et qui pourtant ne sont pas les parents. »
Ségolène Royal, présidente du conseil régional Poitou-Charentes. (Extrait de Le printemps des grands-parents, La nouvelle alliance des âges, éd. Robert Laffont).