Santé et bien-être

Il vient à peine de remiser ses Playmobil au grenier qu’il s’interroge déjà sur la taille de son pénis… Mais comment réagir face à cette soudaine métamorphose. Faut-il reléguer les questions délicates au parent de l’autre sexe sous prétexte qu’il sera plus à même d’y répondre? Ou au contraire aborder le sujet d’emblée ? Une situation difficile pour tous les parents, mais particulièrement pour le parent seul…
Dans cette classe de fin de primaire, un constat : alors que les filles et les garçons ont toujours joué ensemble à la récré, brusquement, un fossé d’incompréhension s’est ouvert entre les deux camps. Les comparaisons entre filles vont bon train. Certaines sont déjà plus développées physiquement et jouent les petites femmes, en affolant les garçons, alors que d’autres maudissent leur corps encore enfantin.
Du côté des garçons, le ton est donné : moqueries, insultes parfois, vantardises diverses au sujet de leur virilité naissante. Et lors des espaces de parole animés par le Dr Cools, médecin au PMC d’Ixelles, les questions fusent. Dans le groupe des filles, on aborde le sujet de la transformation du corps, des règles, du poids, de l’image… Les garçons ont, eux, une préoccupation commune : la taille de leur sexe… Et une certaine image à véhiculer, héritage d’un machisme atavique, qui les rend parfois durs, mais aussi crus dans leur propos.
DIS MAMAN, COMMENT ON FAIT LES BÉBÉS ?
Parents séparés ou pas, l’éducation reste déterminante dans l’approche de la sexualité du jeune. Dans certaines cultures, aborder ce genre de sujet est mal perçu, ce qui va créer une gêne chez l’enfant qui n’osera pas partager à la maison ses préoccupations intimes. Mais si, dès son plus jeune âge, l’enfant a eu face à lui des parents qui n’ont jamais esquivé les questions, il continuera naturellement à se tourner vers eux. Car depuis tout petit, poser des questions est pour l’enfant une démarche naturelle. Et le sexe fait partie intégrante de la vie. Vous vous souvenez de votre surprise quand, du haut de ses 3 ans il vous demandait comment on fait les bébés ? Rien n’a changé… Les questions liées à la sexualité ou à un tout autre sujet vont donc venir d’elles-mêmes, à condition pour lui de sentir que ses parents sont à l’aise avec ça.
ATTENTION À L’INTRUSION !
Si vous êtes maman ou papa solo, difficile de ne pas céder à la tentation de la complicité… Quand au souper, on se retrouve à deux pour se raconter sa journée en mode bonnes copines (ou bons copains !), mieux vaut reprendre sa casquette de parent, qu’on soit une mère ou un père, pour aborder certains sujets… « Sans vouloir être critique vis-à-vis des mères, j’observe qu’inonder son enfant de questions est une tendance plus féminine que masculine, dit Florence Loos, sexologue à Aimer à l’ULB. Face à cette avalanche d’interpellations, le jeune ado risque de se refermer, de vouloir sauvegarder son jardin secret ». Certains professionnels de l’enfance, comme le Dr Cools, prônent même la dichotomie complète entre parents et sexualité. Parler du corps qui évolue, d’accord, mais pas question d’aborder l’acte amoureux, le désir…. Florence Loos se montre plus nuancée, à condition qu’il s’agisse toujours d’une réponse à une question venant de l’enfant.
Sa. S.
EN PRATIQUE
Et si...
… il ne me parle pas, je provoque la discussion ?
Mieux vaut attendre les questions pour essayer d’y répondre le plus clairement possible, sans le noyer d’informations qu’il n’a pas demandées.
… je ne me sens pas à l’aise avec ses questions ?
Je le dirige vers un adulte de son entourage - l’autre parent, un oncle, une marraine… - qui sera prêt à l’écouter et lui répondre. La présence d’une personne de référence est essentielle : s’il n’a pas de réponse aux questions qu’il se pose, il risquera d’aller les chercher ailleurs, et pas toujours au bon endroit.
… mon fils de 12 ans a un vocabulaire tout droit sorti d’un film X ?
J’essaie de lui apprendre à parler de sexe autrement en parlant d’abord d’amour. Parler vulgairement est peut-être juste une façon de se donner un genre face à un sujet qui fait peur.
… j’ai peur de ce qu’il pourrait trouver sur Internet ?
Pour le protéger de ce qui circule sur la Toile, mieux vaut, jusqu’à l’âge de 14 ans, lui réserver l’accès à un ordinateur dans un pièce où il n’est pas isolé, histoire de garder un œil sur ses promenades numériques tout en restant discret.
… j’ai un enfant du sexe opposé, suis-je capable de répondre à ses questions ?
Bien sûr. L’essentiel est d’être à son écoute. Il s’interroge, c’est tout. Il ne vous demande pas un cours de biologie. Par contre, si vous vous sentez gêné, pourquoi ne pas appeler à la rescousse l’autre parent, surtout si vous êtes séparé. C’est une manière de sauvegarder le couple parental au-delà de celui d’un homme et une femme, pourvu que l’ex réponde à votre appel avec bonne volonté.