Vie pratique

Septembre 1963 : une fake-news dans le Ligueur

L’ARCHIVE DU LIGUEUR

Johnny Boy, vous connaissez ? Dans son édition du 20 septembre 1963, le Ligueur lui consacre tout un article. C’est que cette nouvelle vedette fait un buzz de tous les diables. Kid Gold, célèbre manager musical, croit dur comme fer à son poulain. « Écoutez son premier disque et vous serez tout de suite convaincu ! ». Grosse promo, repas presse, remise du disque enregistré en dix langues, musique à fond… Rien ne manque à la campagne de promo bien huilée dans laquelle semble s’être embarqué le Ligueur.
Oui, mais voilà, cet article n’est qu’un « faux reportage », comme l’appelle son auteur, Camille Biver. C’est vrai qu’au fil de la lecture, on s’interroge tellement c’est gros. Comme lorsque le manager affirme : « Nous avons choisi Johnny Boy parce qu’il ne sait ni chanter, ni danser, ni articuler, ni jouer aucun instrument de musique. Il ne connait d’ailleurs pas la musique ». Ou comme lorsqu’un psychologue déroule tous les éléments qui font que cet artiste est un « symbole de la jeunesse contre le monde fou des adultes », un « mythe qui restera un mythe ».
L’objectif de cette pantalonnade est de démonter la fabrication des idoles à travers l’humour et la satire. « Les publicistes ne font pas autrement que j’ai fait : ils inventent des sornettes », justifie l’auteur. Et d’expliquer que c’est André, un jeune Montois, qui a accepté d’incarner Johnny Boy pour les photos illustrant l’article. « Je suis certain que dorénavant beaucoup de jeunes seront sur leurs gardes lorsqu’une savante opération publicitaire voudra leur imposer une nouvelle idole ». Le Ligueur reviendra sur cette fabrique des idoles dans le numéro suivant avec toutefois moins de bonheur et d’inventivité.
L’auteur de la « fake news », c’est donc Camille Biver, plume du Ligueur mais aussi romancier, dramaturge, peintre, poète, compositeur et interprète. Il a lui-même sorti quelques disques et s’est investi dans la production et la direction artistique de l’un ou l’autre artiste à la fin des années 60. Dans les années 50, il a aussi dirigé le théâtre Le coup de lune, où il a fait venir quelques espoirs chantants comme Jacques Brel. Bref, l’homme savait de quoi il parlait, d’autant qu’avec son épouse, il avait également fondé une école pour venir en aide aux (vrai·es) jeunes artistes débutant·es. Cela s’appelait le Laboratoire des variétés.
Dans sa bio, on apprend qu’il a trouvé la mort lors d’un séjour au Maroc en 1981. On découvre aussi qu’en 1973, il a été récompensé du Grand Prix des amis de la chanson, on ignore si l’article publié dix ans plus tôt dans le Ligueur a pesé dans la balance. 

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