Grossesse

À retenir d’emblée : si votre grossesse se déroule normalement, il n’y a aucun danger à continuer à faire l’amour. Les contre-indications sont rares. Reste que – c’est inévitable – votre sexualité change au cours des mois de grossesse…
Sujet tabou, la sexualité pendant la grossesse ? Cela dépend… « Certaines femmes demandent dès la première consultation si elles peuvent encore avoir des rapports sexuels. D’autres posent la question plus tardivement », constate Anne-Céline Cheron, gynécologue-obstétricienne au Grand Hôpital de Charleroi.
Peur de « faire mal » au fœtus
Une peur largement partagée chez les futures mamans et les futurs papas est celle de « faire mal » au bébé en faisant l’amour. « Cette peur est non fondée si tout se déroule normalement, rassure la gynécologue. La nature a prévu qu’on continue à avoir des relations sexuelles pendant la grossesse. Alors, si tout va bien, s’il n’y a pas de saignements, on peut les poursuivre. »
Il n’empêche, si la fatigue vous plombe, si vous êtes prise de nausées et de vomissements, si vos seins sont tendus et douloureux, faire l’amour, ce n’est vraiment pas top. La grossesse joue aussi sur la libido, la vôtre et celle de votre homme. Elle peut diminuer (cas le plus général)… comme elle peut augmenter. Le désir sexuel peut aussi zigzaguer au fil des mois. Bref, « bien souvent, l’homme a peur et la femme n’a pas envie », caricature Monique Colson, sage-femme en chef au Grand Hôpital de Charleroi et en privé.

Un nouveau langage amoureux à explorer ?
Tous ces chamboulements – qui concernent le corps, les désirs, les sensations – ne sont pas rien. Ils ont de quoi déstabiliser. Vous, monsieur, êtes peut-être désarçonné par le corps en transformation de votre compagne ? Vous avez du mal à la voir à la fois dans son rôle d’amante et dans celui de maman ? Vous la sentez trop vulnérable ? Vous ne la reconnaissez plus, avec sa libido perturbée ? Vous, madame, êtes peut-être si comblée par votre état de grossesse que vous tenez à distance votre conjoint ? Vous préférez vous réfugier dans votre bulle ? Tous les deux, vous vous sentez un peu mal à l’aise… alors que chacun de vous pensait tout savoir (ou presque) de l’autre sous la couette ?
Alors, future maman, futur papa, parler en couple de ce qui se passe en vous, là maintenant, de ce que vous ressentez et vivez, c’est précieux. L’amour se déploie de plein de façons. Câlins, caresses, massages… Et si la grossesse était, pour vous, l’occasion d’explorer un nouveau langage amoureux ?
Il y a saignement et saignement
« À tout moment de la grossesse, des saignements peuvent survenir suite à un rapport sexuel (comme après un examen gynécologique, d’ailleurs), prévient Anne-Céline Cheron. Dans la majorité des cas, ils proviennent du col de l’utérus qui est plus fragile pendant cette période et saigne, dès lors, beaucoup plus facilement. C’est donc sans danger pour le fœtus, mais il est conseillé de consulter son gynéco afin d’exclure une autre cause de saignement. » C’est qu’il y a saignement et saignement…
En effet, « des pertes de sang peuvent être liées à une anomalie d’insertion du placenta, situé trop bas dans l’utérus, ou à son décollement ». C’est une des contre-indications à une activité sexuelle, qui sont, répétons-le, rares. L’autre contre-indication est « une menace d’accouchement prématuré sévère, c’est-à-dire quand le col de l’utérus est déjà ouvert avant 8 mois. Les rapports sexuels peuvent, en effet, provoquer des contractions utérines ; ils sont d’ailleurs préconisés lorsqu’on dépasse le terme ! », rappelle la gynécologue.
ZOOM
Repos, vous avez dit repos ?
Une précision bonne à savoir : « En pratique, quand un médecin préconise du repos à ses patientes, c’est du repos sexuel aussi, explique la gynécologue Anne-Céline Cheron. Pour nous, soignants, cela va de soi. Mais ce n’est pas toujours le cas pour les patientes. À la limite, elles augmenteraient presque leur activité sexuelle, après s’être allongées et bien reposées ! »
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