Taupe & Mulot

Pour ce « Lire, ça m’dit », nous retrouvons trois nouveaux épisodes de Taupe & Mulot, le fameux duo d’un autre fameux duo, Henri Meunier & Benjamin Chaud. Voici déjà le huitième tome de leurs aventures intitulé Faire fête de nos infortunes. Une bien belle invitation que nous font les deux héros qui, comme leurs prénoms l’indiquent, sont… une taupe et un mulot ! Deux amis inséparables… Cette série inclusive dont l’un des héros est aveugle (mais sans que ce soit le sujet) a aujourd’hui trouvé son rythme et celui-ci passe notamment par trois épisodes pour chaque tome. Ce qui donne des textes relativement courts, abordables, aérés, avec de grands caractères, idéalement conçus pour des « premières lectures ». L’essentiel n’est cependant pas là, mais dans l’esprit qui anime les personnages : une franche camaraderie et dans l’univers campagnard qui sert de décor à leurs aventures. Cette fois, les auteurs ont ajouté une dimension qui fait écho aux préoccupations environnementales de nos derniers étés : sécheresses, orages et inondations. Partis pour se baigner dans la rivière, Taupe et Mulot découvrent que celle-ci est asséchée. Qu’à cela ne tienne, ils vont construire un barrage et vite profiter d’une bonne baignade. Le réconfort après l’effort. Une nuit passe et, cette fois, c’est le ciel qui leur tombe sur la tête. Rapidement, leur demeure au creux d’un arbre est inondée. Ils montent aux étages, chargés de leurs biens les plus précieux, et accueillent par la fenêtre leur ami Hibou, paniqué. Mais qu’en est-il de Musaraigne, Belette et Hérisson, dont les maisons sont de plain-pied ou en sous-sol ? Chacun réagit selon son tempérament : alarmiste pour Hibou, inquiet côté Hérisson et les autres nettement plus optimistes et déterminés. En se serrant les coudes et les ailes, ils parviennent à surmonter les difficultés et rejoignent Écureuil et Lérot pour, comme dans Astérix et Obélix, faire la fête. Faire fête de leurs infortunes.

Malgré des thèmes d’une furieuse actualité, source d’éco-anxiété, on sent que les auteurs ont voulu amener une force de proposition. Forts de leur humour et de leur plaisir à décrire la complicité de leurs personnages, ils abordent dans Faire fête de nos infortunes ces sujets à hauteur d’enfant et s’abstienne de plomber la situation en suggérant que le monde et donc l’humanité ne s’en sortiront que si les uns et les autres s’associent, combinent leurs forces. On ne se prend donc pas la tête dans ces récits fondés sur l’humour, la taquinerie, la joie de vivre, l’entraide et surtout l’amitié, LA valeur numéro un. (À partir de 6 ans)